Nous reviendrons forcément au talent de
David Sala, on ne peut l'éviter, là, d'emblée en 1ère de couverture.
Nous le mettrons un peu de côté pour laisser passer les mots, saisir avant le lien qui se fera du texte à l'image.
Dès les 1ères pages, la plume d'
Alex Cousseau trempe dans l'encre poétique et nous dessine des images.
D'autres, avec les mots.
Deux types d'illustrations gourmandes, nous serons gâtés.
Notre narrateur est un âne, ce n'est pas une métaphore, c'est un véritable animal, un vrai, le docile, le dressé.
" Rouge est mon prénom. Rouge, la couleur de ma robe. Je suis un âne.
Dans la sacoche que je porte sur le flanc se cache une enveloppe couleur de neige, avec dessus une écriture fine comme des pattes d'insecte. C'est une lettre, adressée à " celui qui vit dans la cabane de l'ours".
C'est un âne facteur donc.
Amusant.
Un âne à qui l'on accorde sa confiance, le courrier est une responsabilité.
Il n'a pas le destin des autres, une lettre est bien moins lourde qu'un sac de grain ou le derrière d'un maître.
Le talent de Sala reprendra ses droits et nous rirons en tournant les pages, car le destinataire Ilyas est vêtu comme un hippie, guitare en main et il n'est pas sans nous rappeler le célèbre et regretté chanteur anglais des Beatles,
John Lennon.
Humour.
Ilyas vit dans la grotte de l'ours en ermite mais l'image ne nous inspire en aucun cas le désoeuvrement, tout y est en couleur, le personnage est entouré d'un paon, symbôle même de l'orgueil. Il lui piquera même quelques plumes.
Il ne se coupera pas de l'existence, non, nous le verrons bien en l'accompagnant sur sa bal(l)ade.
L'histoire est intrigante, non pas parce que l'âne se met à parler mais parce que Ilyas reçoit du courrier et qu'il ne sait pas lire.
La suite sera du même ordre, du non sens qui fait réfléchir et un peu songer.
Nous partirons sur l'idée d'inspiration, les yeux ouverts et les yeux fermés.
L'enfant à ses côtés ne sait pas plus lire et de plus, il paraîtrait qu'il n'existe pas vraiment.
L'aventure devient vite onirique, accompagné de la musique d'Ilyas en construction au fur et à mesure du chemin et de son inspiration.
Ilyas est détaché, prenant l'existence et ses bienfaits au jour le jour.
Et la lettre, que contient-elle?
Une nouvelle importante? Bouleversante?
Et le petit garçon, est-ce un rêve ou un souvenir sorti de sa tête de poète?
L'ordre de cet univers semble régit par d'autres besoins pour s'épanouir, nous le comprenons.
Chaque personnage rencontré ne sait pas plus lire qu'Ilyas mais ils partagent d'autres liens qui leur permettent de communiquer et d'échanger.
L'écrit n'a pas loi ici...jusqu'à ce qu'arrive cette lettre, qui rattache indubitablement Ilyas à un autre monde que le sien.
Qu'y a t-il dans cette lettre?
Qui pourra la lui lire?
La fin est étonnante, méditative.
L'album est à proposer à un public dès 9 ans pour être sûr de faire mouche.
Un magnifique album illustré très inspiré et coloré comme savent les faire les duos avec
David Sala.