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EAN : 9782351782248
320 pages
Gallmeister (02/04/2020)
3.82/5   149 notes
Résumé :
1748. Dans les montagnes enneigées de l’Ouest de la Virginie, un voyageur affamé arrive près d’une cabane isolée. Reathel erre depuis des mois, flanqué d’un dogue féroce. Mais l’entrée lui est refusée par un colon hostile qu’il n’hésite pas à tuer. Il découvre alors à l’intérieur une jeune femme, Della, sur le point d’accoucher. L’enfant naît dans cette solitude glaciale. Pourtant, le froid, la faim et l’ourse qui rôde dans les parages ne sont pas les seuls dangers ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 149 notes
Quel incipit ! Rarement lu un démarrage de roman aussi brutal et effarant.
1748 dans l'hiver glacial des Cumberland Mountains en Virginie, un homme et une femme sont retranchés dans une cabane branlante assaillie par une ourse que la faim a tiré de son hibernation. Lui est un errant accompagné d'un dogue prodigieux, il vient de tuer le propriétaire de la cabane qui lui refusait le refuge, il semble fuir ou chercher quelque chose. Elle est au bord de l'accouchement mais affiche une vitalité et un charisme surprenant.

Telle est l'Amérique des pionniers que nous raconte Alex Taylor dans ce western radical à l'humanisme désespéré. Tout pousse les hommes dans leurs retranchements les plus extrêmes, ravalés au rang d'animaux comme les autres. La volonté d'y survivre se transforme en rage pour ne pas mourir de faim ou de froid, pour ne pas être dévoré par une meute de loup ou un ours. Mais la folie des hommes est la plus dangereuse des épreuves, plus terrible que celles imposées par la nature, qu'elle vienne des Indiens Shawnees qui sentent que la colonisation européenne naissante précipitera leur chute, ou des colons eux-mêmes.

Cette épopée féroce est éprouvante, la violence crue est omniprésente, tenant aussi bien du drame shakespearien que de la tragédie biblique. Dans cette Amérique des origines, les bébés sont des offrandes aux Shawnees pour gagner quelques mois de survie ; des frères s'entretuent pour l'amour d'une femme qui pourrait apporter la rédemption ; on ose franchir des tabous comme celui du cannibalisme sans aucun remord ou barrière morale.

La noirceur est peut-être parfois un peu forcée mais il en reste des images et des scènes dingues, très cinématographiques comme la séquence époustouflante de l'attaque de la colonie par les Shawnees avec la statue féminine en bronze transformée en canon, arrivant comme un veau d'or apportant l'espoir, vain forcément.

Si ce roman est aussi puissant, c'est parce que les images qu'ils convoquent naissent d'une prose brillante et habitée qui dit tout de la solitude des hommes qui avancent aveugles vers un destin en forme d'impasse. Les personnages principaux pourraient tous être caricaturaux, mais avec cette écriture-là qui les présente, les décrit et les accompagne, ils sont juste formidables de complexité et surprenants par la révélation de leur moi profond.

Et pourtant, ce conte furieux se clôt avec, enfin, une lueur, un répit, une promesse d'un pays de Canaan pour ceux qui auront survécu à l'apocalypse. La fin est sublime.
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L'Amérique de 1748 est celle des tous premiers colons, la survie y est précaire et le danger omniprésent, surtout aux frontières des mondes hostiles où cohabitent tant bien que mal (souvent mal en fait) indiens, anglais, allemands ou français.
Pour avoir lu et apprécié "Louisiana" de Michel Peyramaure, je me souviens aussi que ces premiers colons étaient principalement des repris de justice et des prostituées encadrés par des soldats dont la mission était de coloniser le nouveau monde.
Des gens durs au mal, brutaux et souvent immoraux dont la principale qualité tenait essentiellement de l'aptitude à la survie.
Tout ceci est une large digression et je vais la justifier pour la raison que, au moment de donner mon avis je me rend compte qu'il sera difficile de ne pas spolier. Si le scénario est captivant, l'histoire par contre est assez courte.
C'est une histoire qui va nous captiver par son contexte et son ambiance, mais surtout par la personnalité dérangeante de la quasi totalité de ses acteurs dont la morale pourrait se résumer à "vivre et laisser mourir" (mais sans la musique).
En fait, même la nature et les animaux concourent au climat délétère permanent, et j'allais oublier de dire que c'est aussi le plein hiver, ça commence à faire beaucoup d'ingrédients pour une histoire résolument dramatique et brutale, bon, vous n'y couperez pas, ça va être le cas.
J'ai aimé le style, assez direct sans être minimaliste, le découpage des scènes, le rythme, rien à dire, c'est très bon.
Le scénario tient la route, on rentre très vite dans le vif du sujet et tout va s'enchaîner de façon passionnante et cohérente sans temps mort, j'ai de plus apprécié la conclusion de l'histoire.
Une très bonne lecture, je n'ai pas vu défiler les pages, un critère en ce qui me concerne.
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En plein hiver 1748, lorsque, après des mois d'errance dans les montagnes enneigées de l'Ouest de la Virginie, Reathel parvient à bout de force à proximité d'une cabane isolée, il n'hésite pas à tuer l'habitant des lieux qui lui refuse l'hospitalité. Il découvre alors à l'intérieur, dans des conditions guère plus brillantes que les siennes, une jeune sang-mêlé, Della, sur le point d'accoucher. La jeune femme refuse de regagner le village le plus proche, qui s'est engagé, comme tous les ans, à livrer un nourrisson à la tribu Shawnee voisine, comme tribut au précaire maintien de la paix…


Dès les premiers mots, le lecteur est pris à la gorge par la sauvagerie de cette contrée perdue et de ses rares habitants, misérables colons en déshérence aux prises avec les conditions les plus extrêmes, et que la faim, le froid, la maladie et les attaques diverses, indiennes ou animales, font tomber comme des mouches. Réduits à un état quasi bestial par la seule obsession de leur survie, habitués à tuer comme ils respirent et à user sans vergogne de tous les expédients, ils ont depuis longtemps jeté moralité et tabous aux orties, dans une lutte enragée qui ne fait que reculer une issue désespérément inéluctable. Dès lors, chaque page ne fait qu'emmener le lecteur dans un nouveau paroxysme de tension et de brutalité, jusqu'au spectaculaire bouquet presque final de l'attaque des Shawnees et de l'inventive tentative de défense des assiégés à l'aide d'un canon curieusement improvisé…


Si cette violence sans fard, éprouvante et presque outrée, nous fait pénétrer dans des sphères souvent dérangeantes, le puissant souffle épique du récit, l'étonnant réalisme des personnages croqués dans toute leur complexité, le magnétisme du nature-writing et le lyrisme maîtrisé de la plume parfaitement restitué par la traduction, font de cette lecture une aventure aussi captivante qu'impressionnante.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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1748, dans les Cumberland Mountains. Reathel, qui voyage depuis des jours dans le froid et la neige, qui n'a rien mangé depuis trois jours, est soulagé de tomber sur une petite cabane, de laquelle s'échappait une fine banderole de fumée. Mais l'Allemand qui lui ouvre la porte ne l'invite guère à se réchauffer, bien au contraire. Bien que celui-ci soit armé, Reathel tente de rentrer. Une dispute. Un coup de feu. Et le dogue féroce, qui accompagne Reathel, attaque l'Allemand à la gorge, mettant fin à ses jours. C'est alors que le jeune homme découvre dans un coin une jeune squaw de sang-mêlé, sur le point d'accoucher. Della et son compagnon ont fui Fort Bannock, une communauté affamée et encerclée par les Shawnees qui empêchent tout ravitaillement tant que le bébé que porte la jeune femme ne leur sera pas offert. Les deux frères Autry, Bertram et Elijah, sont donc envoyés pour aller récupérer l'enfant...

Que de noirceur dans ce décor de montagnes pourtant enneigées... Au coeur de l'hiver glacial de 1748, la population de Fort Bannock, affaiblie, commence à se déchirer ; les Shawnees, à force de défaites, ont perdu de leur bravoure ; deux frères vont se disputer une femme ; un voyageur, accompagné de son chien, va semer la mort sur sa route ; un commerçant français amoral et terrifiant. Immanquablement des rencontres dangereuses quand elles ne sont pas sanglantes. Des personnages d'une force rare qui habitent ce roman à la fois glaçant et puissant. Glaçant de par cette noirceur et cette violence, voire férocité, omniprésentes. Puissant de par cette immersion dans cette nature sauvage et dans cette période, de par cette rage qui habite chaque personnage, de par cette plume magnifique et rare et ses dialogues percutants.
Dérangeant certes mais effroyablement beau...

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Sordide. Si je devais utiliser un seul mot pour décrire ce livre ce serait celui-ci. Tout le long de ma lecture je me suis retrouvée confrontée à une humanité malsaine. Toutes les situations sont gérées dans l'horreur, le sadisme et le sang. Si bien que je n'étais même plus surprise de l'issue de chaque situation ça ne pouvait être que le pire scénario ou un truc encore pire que je n'avais pas imaginé. Rien pour tempérer cette avalanche d'atrocités. Même pas un peu d'humour noir ou grinçant.
Je me suis retrouvée aux prises avec des personnages plus antipathiques les uns que les autres. Leur personnalité est insaisissable de même que leur psychologie qui pour moi est complètement ratée. Ils sont tous pareils : cruels, endurcis par une vie à la dure jusqu'à en devenir dépourvus de toute émotion, de toute compassion. Ou alors ils sont tous frappa dingues. Je n'ai pas réussi à me décider. Toujours est-il qua ça fait beaucoup de profils similaires au mètre carré. D'autant que ce n'est pas un profil des plus courants. On sombre ans le too much, le glauque, le pas crédible. Quand tout le monde est gentil c'est louche mais l'inverse est vrai aussi. Un peu trop manichéen pour moi. Même les « gentils » sont imbuvables enfin façon de parler parce que dans le livre parfois… ben si… vous avez bien compris.

Le sang justement parlons-en. Parfois le rapport entre le titre d'un livre et son contenu m'échappe. Ici c'est un véritable fil rouge (sans mauvais jeu de mot). le sang lien génétique, offrande, source de vie, source de mort, le sang versé, le prix du sang, le sang qui explique tout, justifie, le sang qui fait sens… de ce point le vue l'auteur est très fort car il y a un vrai champ lexical autour de cette idée et toute l'histoire est construite autour de la notion de sang de manière subtile. Une belle prouesse car il n'a pas cédé à la facilité.
L'autre point positif de ce livre c'est la plume. L'auteur écrit de manière très poétique, c'est d'une beauté âpre et sauvage, exempt d'enjolivures et de sophistication agaçante. Une simplicité qui requiert du talent et qui me séduit complètement. Mais il sait aussi écrire de manière crue et parfois me concernant c'est tombé complètement à plat. C'eut été différent si cette trivialité avait été mise au service de l'humour ou d'une certaine tension dans le récit mais elle m'a semblée gratuite ou alors quelque chose m'a échappé.

Je vais nager à contre-courant, le livre étant très bien noté et certains copains l'ayant adoré mais toute cette cruauté m'est apparue gratuite et tellement poussée à l'extrême que ç'en est devenu grotesque et dénué de sens. La fin apporte une lueur d'espoir qui est presque de trop car vu comme l'auteur y est allé et bien j'aurais trouvé ça plus logique qu'il assassine tout espoir de bonheur et d'avenir. C'est presque une trahison.

Alors pourquoi elle a mis quand même 3 étoiles la dame me direz vous ? Et bien pour la plume et le culot. Sans cette plume j'aurais mis 2 étoiles maximum mais voilà je suis allée jusqu'au mot fin portée par cette plume malgré le fond. Je n'ai pas aimé celui-ci mais je sens que je pourrais en aimé un autre. Ah oui j'ai failli oublier : âmes sensibles s'abstenir. Vraiment !

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Citations et extraits (114) Voir plus Ajouter une citation
Perché sur un hongre rouan, Black Tooth se rua dans la mêlée, décoré de plumes de vautour. Sur sa poitrine était peint en rouge le signe de son clan et il entra dans la bataille en hurlant un chant de mort, déchargeant son mousquet et ses pistolets, un cortège de fumée dans son sillage, son cheval soulevant une nuée glaciale qui se mêlait à l'étoffe noire de ses cheveux, de sorte que ses nattes pailletées paraissaient tissées de criquets de glace et, ainsi paré, il fondait sur ses ennemis tel un roi né des étoiles et de la calamité.
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Il réalisa avec émerveillement que le chagrin était une chose dont un homme pouvait faire des réserves, l'entasser comme de l'or au creux de son âme, même si c'était un trésor amer. Il y avait une forme d'égoïsme à se croire seul dans le secret des neiges cruelles de la souffrance.
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« — Ça vous dérange pas de porter les chaussures d’un mort ? demanda-t-elle.
Reathel lécha son pouce et frotta une tache sur le devant d’une botte.
— M’est avis qu’il n’en aura plus beaucoup usage.
— Elles vous emporteront peut-être sur le même chemin.
— C’est-à-dire ? Que je vais finir par y passer aussi ? ricana Reathel. C’est le lot de tous les hommes nés d’une femme et de l’adversité. »
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- Il dit que l'homme qui possède ce que veulent les autres hommes n'est riche que tant qu'il peut faire payer les autres au lieu de les laisser se servir, dit-elle.
- Est-ce que c'est vrai aussi pour les femmes ?
- Les femmes ? Je n'ai jamais entendu parler d'une femme qui soit riche.
- Je n'ai jamais entendu parler d'une femme qui ne le soit pas, dit Reathel. Chaque fille qui naît détient ce que tout homme désire.
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«  La bêtise de la femme le frappa de plein fouet, avec une force brutale, puis il comprit qu’une part de lui, peut- être la plus profonde, la plus secrète , tirait de tout cela un certain plaisir ——la neige et les montagnes, l’Allemand mort et les récriminations absurdes de la femme et l’ourse mangeant le cheval, tout ça était un grand festin dont il allait chanter la succulence » .
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