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EAN : 9782234055919
200 pages
Stock (15/05/2003)
3.72/5   16 notes
Résumé :

Éléni, une jeune Athénienne, évoque la fin de sa liaison avec Grigoris - un Grec installé à Paris -, leur première rencontre, leurs retrouvailles à Barcelone, puis encore cette rupture dont elle ne parvient pas à guérir. Le veut-elle vraiment ? " Ma souffrance est le dernier lien qui subsiste entre nous. " écrit-elle. Cette lettre adressée à un absent n'est pas une complainte. Éléni demande aux mots de l'aider à comprendre l'amour. Les mots se montreront... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Talgo », la séduisante douceur d'une passion simple

Il y a un insaisissable plaisir quand, dans l'étourdissant choix littéraire, dominé par les diktats commerciaux, on tombe, presque par hasard, sur un auteur, qui nous est totalement inconnu, et on commence à découvrir et à aimer son ouvrage.
Ça vient de m'arriver avec Vassilis Alexakis, dessinateur, cinéaste, journaliste et romancier, né à Athènes en 1943 et parti en France à l'âge de 18 ans, à l'époque de la dictature des colonels. Après avoir dévoré « Je t'oublierai tous les jours », aperçu dans une toute petite librairie d'une île grecque elle aussi petite lors de mes dernières vacances, j'ai commencé à chercher ses autres livres.
J'étais attirée par « Talgo » (1983), le premier livre que Vassilis Alexakis écrit dans sa langue maternelle et qu'il a traduit après en français. Celui-ci n'étant plus édite, j'ai pu trouver une copie d'occasion et tomber dans le charme de ses pages jaunies, imprégnées d'un fort odeur de vieux papier.
L'écrivain, qui écrit à la première personne, celle de la protagoniste Hélène, une jeune grecque, fait de la narration d'une passion amoureuse une superbe oeuvre littéraire.
Le livre se déroule comme une longue lettre que ne sera jamais envoyée. Hélène fait revivre les deux mois et demi de sa relation avec Grigoris, un grec qui vit à Paris, à partir de leur première rencontre dans une taverne à Athènes jusqu'aux échanges téléphoniques et par courrier, en passant par un court séjour ensemble à Barcelone, où elle se rend avec un train de nuit, le Talgo du titre.
Dans ce moment particulier de son existence, Hélène sent le besoin de vivre une forte passion. Et Grigoris devient l'homme capable d'interpréter le rôle qu'elle lui destine. La femme flâne tout la journée en ne pensant qu'à lui et, après leur séparation, à ressasser une douleur précieuse, qui est le dernier lien avec leur liaison. Elle n'arrive pas à admettre qu'il ne s'agit que d'un simple épisode, dont il n'y aura aucune suite, pas le commencement d'une histoire, que son imagination avait déjà conçue.
Un roman que m'a rappelé les sensations ressenties lors de la lecture de « Passion simple » de Annie Ernaux. L'écrivaine expose, pareillement à Vassilis Alexakis, sans juger, sans honte et sans vulgarité aucune, même dans la description des actes charnels, une détresse pour un homme, pendant laquelle elle aurai voulu n'avoir rien d'autre à faire dans sa vie que l'attendre.
Une passion qui, comme Annie Ernaux l'écrit en conclusion, peut être aussi un don. « Quand j'étais enfant, le luxe, c'était pour moi les manteaux de fourrure, les robes longues et les villas au bord de la mer. Plus tard, j'ai cru que c'était de mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est aussi de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme. »
C'est également le cas pour l'Hélène de Vassilis Alexakis, qui achève sa lettre avec un sentiment de grâce et légèreté. En regardant le ciel, elle le trouvera, désormais, plus lumineux - la séduisante douceur d'une passion simple.
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Il est difficile de classer ce roman, ce qui fait son charme. Roman épistolaire ? Jamais Eleni ne fera lire à son ancien amant la longue lettre, très vite transformée en manuscrit, qu'elle lui destine. Roman d'amour ? Il est celui d'une femme qui aime toujours son amant, alors qu'il a choisi la rupture, et pas de la manière la plus élégante qui soit (envoyer une lettre est toujours plus facile qu'un affrontement). Roman sur la Grèce ? Elle est toujours là, bien présente, même si le titre du livre est une allusion au train de nuit qui emmène Eleni vers Barcelone, vers son amant pour quelques jours avec lui. Eleni écrit à l'homme qu'elle aime pour combler le vide de sa vie et revivre leur histoire en l'écrivant. Ni son mari Kostas, ni son fils, ni son art (elle est danseuse) ne parviennent à combler ce vide.
A travers le souvenir de cet amour, et le rêve d'une quatrième partie possible, comme un soulagement puisqu'il signifierait la poursuite de leur histoire, Eleni raconte son histoire, sa jeunesse, son art et son parcours amoureux, d'un mariage à l'autre. Elle raconte aussi l'histoire de la Grèce, la dictature de la junte militaire, les conséquences pour ceux qui ne la soutiennent pas ouvertement. Elle raconte aussi l'histoire de son amant, qui a choisi une voie plus radicale (comme l'auteur) en quittant son pays pour la France. Il aurait pu revenir en Grèce, y poursuivre sa carrière universitaire. Pour son bien, le bien de ses enfants, de bien de son couple (sa femme, Françoise la bien nommée, n'a jamais appris le grec), le bien de sa carrière, il a choisi de rester en France et de prendre la nationalité française. Il voyage cependant beaucoup : la vie d'universitaire reconnue a ses avantages.
Le triangle amoureux mari/femme/maîtresse est plus complexe ici. le mari d'Eleni sait, il a la pudeur de ne rien reprocher à sa femme, de souffrir en silence – et si j'ose dire, en privé. Françoise, l'épouse de Gregori, est plus explosive, plus prompte à soupçonner cette jeune danseuse grecque qui téléphone à toute heure du jour et de la nuit. Et Gregori ? Il est le seul, finalement, dont le lecteur n'aura pas les pensées, ni les sentiments en ce qui concerne son histoire. Il a choisi la facilité en prenant une femme amoureuse comme maîtresse, il la choisit encore en rompant (au profit d'une femme plus discrète ? Lui est inapte, par contre, à brouiller les pistes).
Talgo est un roman apaisé sur une histoire d'amour qui n'est plus. Il nous parle aussi de la Grèce, sur le point d'entrer dans la CEE, et de la corruption qui régnait déjà dans le pays.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Que resterait-il si la Grèce faisait naufrage ? Peut-être une chaise paillée, peut-être une icône peinte sur bois, peut-être un peu d'aïoli dans un récipient en plastique.
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Nous nous arrangeons avec le trésor Public, nous nous arrangeons avec la police, pourquoi pas avec Dieu ?
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« La langue maternelle » de Vassilis Alexakis, c'est à lire chez Folio.
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