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Critique de Philemont


Robert Johnson abandonne sa guitare dans le pick-up d'un indien spokane sur la réserve de l'Etat de Washington dans laquelle il survit. C'est le point de départ d'une épopée à nulle autre pareille, la formation d'une groupe de blues-rock purement amérindien qui conduira ses membres jusqu'à New-York dans un studio d'enregistrement prestigieux.

Indian Blues part d'un argument qui relève du fantastique. C'est la mise en scène de Robert Johnson, bluesman légendaire mort en 1938 à l'âge de 27 ans ; outre ses qualités de musicien, ce qui a contribué à sa légende c'est aussi le fait qu'il affirmait avoir passé un pacte avec le diable pour jouer de la guitare comme il le faisait. Depuis sa mort il semble errer sur la Terre en quête d'une libération du mal qui le ronge, sa guitare. Et c'est chez les spokanes qu'il semble atteindre son but, d'une part parce qu'il peut abandonner sa guitare à un jeune amérindien en quête de gloire, d'autre part parce qu'y vit également une femme-médecine, Big Mamma, qui semble de tout temps avoir aidé les musiciens en détresse.

Mais au-delà de cet argument fantastique, qui pourra rappeler d'autres romans comme Fugues de Lewis SHINER, le propos de Sherman ALEXIE est bien plus terre à terre et concerne la vie des indiens dans la société contemporaine, et en particulier dans les réserves. Ce sont la pauvreté et la dépendance aux rares subsides de l'Etat américain ; ce sont l'alcoolisme des anciens et le désoeuvrement des jeunes ; toutes générations confondues, ce sont l'envie de revanche vis-à-vis des blancs et la violence. La vie y est dure et sans espoir ; même un départ définitif équivaut non seulement à s'immerger dans une société hostile, mais également à trahir les siens.

Le récit est bien entendu à l'avenant d'une telle thématique. Sans concession, il jette un regard cru sur les indiens d'aujourd'hui, ce qui ne peut que générer de l'amertume et une profonde tristesse. Pour autant, l'auteur n'est pas non plus dénué d'humour qu'il manie régulièrement pour décrire les plus misérables des situations.

Sherman ALEXIE, lui-même d'origine spokane, signait avec Indian Blues son premier roman. Il se faisait alors connaître comme l'un des auteurs les plus prometteurs De La Renaissance amérindienne, ce mouvement littéraire né dans les années 1970 et qui fit connaître aux blancs les qualités d'écrivain des indiens. Il a largement confirmé depuis, notamment avec Indian Killer.
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