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Michel Lederer (Traducteur)
EAN : 9782264027870
415 pages
10-18 (07/04/2000)
3.67/5   84 notes
Résumé :
À Seattle, un assassin tue des Blancs, les scalpe et dépose deux plumes de hibou sur leur corps : terreur sur la ville, tourmente parmi la communauté indienne que ces crimes désignent à la vindicte générale. Ainsi naît la légende du « tueur indien », justicier pour les uns, psychopathe pour les autres… Voici enfin réédité le roman phare de l’enfant terrible des lettres américaines.

« Ce roman rageur, désespéré, atteint l’universel : personne n’est inn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le chef d'oeuvre de la littérature amérindienne contemporaine, on le doit à ce jeune auteur Spokane qui, contrairement à ses aînés, a choisi de tremper sa plume dans le vitriol et de nous montrer le visage hideux de cette Amérique blanche qui continue de vomir la race des Peaux-rouges. (James Welch, dans "l'avocat indien" tentait déjà d'aborder le problème de la discrimination raciale sans atteindre la terrible lucidité d'Alexie).

Un serial killer rôde dans la ville de Seattle. Il scalpe et mutile ses victimes, puis dépose auprès des corps deux plumes de hibou. La police et la presse sont persuadés qu'il s'agit d'un Indien.
Serait-ce John Smith (l'ironie d'un tel nom !), cet ouvrier de 27 ans, fils adoptif d'un couple de blancs, bourgeois aisés plein de bonnes intentions mais qui ne peuvent aider leur fils à sortir du gouffre où il s'enfonce. John enfin, qui ne sait pas qui il est et dont les voix qui chuchotent dans sa tête ne lui laissent aucun répit,
ou bien la belle activiste Spokane du campus, Marie Polatkin, qui ne supporte pas l'arrogance des blancs et de son prof de littérature amérindienne en particulier, Clarence Mather, homme condescendant qui aimerait devenir Indien, ou encore son cousin, Reggie, un type intelligent et agressif, marqué par son enfance sordide, qui voudrait en découdre avec tout le monde, blancs et indiens mêlés.

Alexie nous offre une plongée glauque dans cette cité rongée par la haine et la discrimination raciale, où les clochards indiens sont passés à tabac à coups de battes de base-ball, où un animateur de radio mégalo, symbole de la toute puissance des médias, attise les foyers de haine en appuyant sur la dimension "primitive" des Indiens et en refusant le poids de cette faute collective, à savoir la mort et l'acculturation des Indiens, où certains hommes blancs rêvent d'avoir la peau rouge (pour mieux exorciser leurs remords ?) tandis que les peaux-rouges ne pensent qu'à se fondre dans le monde des blancs...

Le problème de l'identité raciale et religieuse est posé à travers le personnage de John Smith, ce pauvre diable élevé par des catholiques blancs mais qui comprend enfin qu'il ne sera jamais accepté comme tel, également incapable de trouver sa place au sein de la communauté indienne, et dont la douloureuse quête de vérité le conduit aux portes de la folie.
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A Seattle, dans les méandres de la grande ville des Blancs, un Indien tue, et un indien rêve. Est-ce la même personne ? le tueur est-il seulement Indien d'ailleurs, est-il seulement réel ?
Deux plumes de hibou croisées dans le sang d'un cadavre, un étudiant disparu, un enfant enlevé... les fils sont maigres, et pourtant l'évidence s'impose pour les deux communautés. Quelque chose se trame. Quelque chose né de la colère d'un peuple trop longtemps écrasé, privé de sa propre appartenance. Cette colère qui imprègne les rêves de John Smith, né d'une mère inconnue, dans la réserve inconnue d'une tribu inconnue, élevé par un couple de Blancs dont tout l'amour n'aura pas suffi à exorciser les démons de l'inappartenance. Les rêves de John, de plus en plus, se font tout éveillés - sa propre rage l'effraie et la folie, peu à peu, l'emporte.
Mais la même colère est celle de Marie Polatkin, jeune militante Spokane qu'exaspère l'arrogance des Blancs, et tout particulièrement de son professeur de littérature indienne, indien comme je suis norvégienne, imbu d'un savoir qui ne comprend rien à son sujet. Celle de son cousin Reggie, métis dressé à renier ses origines indiennes, qui n'a rien renié que son père mais que soulèvent des élans de rage folle contre le monde entier.

Roman noir, roman social, roman de combat, d'une violence ravageuse rehaussée de poésie et de traits d'humour sombre, peuplé de personnages aussi complexes qu'excessifs, aussi détestables qu'attachants, Indian Killer se dévore comme le plus palpitant des thrillers, mais n'emprunte au style que de quoi mieux le détourner, et entraîner son lecteur vers un terrain bien plus original et intéressant. Un brin désespérant sur la nature humaine, peut-être, mais à nuancer avec les autres oeuvres de l'auteur, et d'une grande puissance.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Au-delà de l'aspect documentaire social noir de ce "thriller" dont je ne suis en général pas amateur, ce livre m'a beaucoup plu par sa densité, sa galerie de personnages, son style d'écriture, son univers.

Ce livre est plein de pessimisme social. Ecrit en 1996, il se lit avec un éclairage accru par notre actualité (juin 2020) des émeutes dites "raciales" aux Etats-Unis et manifestations à la fois contre les violences policières et le racisme à travers diverses démocraties dans le monde. Ce roman met l'accent sur la discrimination sociale qui imprègne la société américaine. On y voit un excitateur de haine qui fait son beurre à la radio à partir d'amalgames sur des évènements tragiques, une militante jusqu'au-boutiste qui refuse le droit aux non-indiens de parler des indiens, un couple plein de bonne volonté qui n'arrive pas à contrebalancer les forces obscures et ancestrales héritées de l'histoire, des opportunistes qui veulent tirer profit d'une goutte de sang indien qui circule dans leurs veines, l'impossibilité de communiquer entre communautés, l'agressivité teintée d'ennui de jeunes hommes des deux bords, la misère sociale des SDF, la maladie psychique non traitée issue d'une histoire familiale non digérée.
Le versant "thriller" de ce roman est à mes yeux secondaire, il est la toile de fond d'une peinture sociale sombre.
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Indian Killer
Traduction : Michel Lederer

Ce pourrait être un thriller ou un roman noir mais c'est plutôt un hybride. Autour de l'apparition, à Seattle, d'un tueur qui scalpe ses victimes et que les media - toujours aussi stupides - baptisent arbitrairement "Le Tueur Indien", Sherman Alexie a construit un livre qui tient en fait beaucoup plus du roman social que du policier à l'état brut.
Il a choisi comme héros un jeune Indien adopté à sa naissance par un couple de Blancs qui ne pouvaient pas avoir d'enfants. Ce couple s'appelait Smith et, avec un aveuglement stupéfiant, ils ont appelé le bébé du prénom de John. (!!!) Comme ils se montrent très bon avec lui et le traitent comme leur fils, comme ils s'attachent à l'intégrer dans le monde blanc tout en évitant de le couper de ses racines indiennes, le lecteur est tout de suite saisi par cette impardonnable faute de goût.
Devenu adulte, John rompt plus ou moins avec ses parents et se fait embaucher sur un chantier de gratte-ciel. On comprend alors très vite que le jeune homme souffre de problèmes nerveux et de troubles de mémoire qui, effectivement, pourraient faire de lui "le Tueur Indien" ...
... s'il n'y avait au moins un autre prétendant à ce titre, Reggie Polatkin, fils d'un Blanc et d'une Indienne et étudiant brillant qui a été exclu de l'université de Seattle pour s'être bagarré avec l'un de ses professeurs.
Mais au-delà la trame policière, le but premier du romancier est de dépeindre la condition faite actuellement aux Etats-Unis aux descendants des Indiens qui survécurent au génocide. le résultat est accablant pour les autorités : la xénophobie quasi légendaire de "l'Amérique profonde" apparaît ici avec une violence rare.
Et justement, c'est là que le bât blesse car, contrairement à ce qu'ont dit de ce livre certains critiques, le paysage ici présenté est bel et bien manichéen. Je l'ai tourné et retourné mais il n'y a rien à faire : d'un côté les gentils, de l'autre les méchants - et c'est tout. Certes, au beau milieu, on peut trouver quelques êtres, Indiens ou Blancs, qui ne rêvent que de servir de passerelle entre les deux groupes mais ils sont dépeints soit comme des imbéciles, soit comme des lâches, soit comme des utopistes.
Du coup, ma lecture de cette histoire pourtant excellement bien menée et qui, presque jusqu'au bout, laisse planer le doute sur l'identité réelle de l'assassin, s'en est trouvée plutôt gâchée. Les personnages manichéens ne m'ont jamais parlé et bien que je n'aie aucun doute sur la capacité de haine et de méchanceté dont l'Homme est capable envers l'Homme, je sais aussi que parfois, la vapeur est capable de s'inverser avec succès et que, dans la majeure partie des cas, l'Homme est plus gris que franchement noir ou blanc.
Un ouvrage donc assez décevant qui me fait hésiter sur l'achat de "Indian Blues", du même Sherman Alexie. ;o)
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INDIAN KILLER de SHERMAN ALEXIE
De temps à autres un livre sort du lot parmi nos lectures. C'est le cas de celui ci. John Smith, indien adopté par un couple blanc va basculer dans une sorte de folie. Au même moment, à Seattle des meurtres sont perpétrées avec prise de scalp. L'indien killer est né. Est ce John ? Peu importe en fait , le roman s'intéresse à la problématique de l'intégration des minorités, en l'occurrence, indienne, c'est un roman sombre, noir même dans lequel il est difficile de trouver l'espoir. Remarquablement écrit par Alexie, amérindien Spokane , il sait de quoi il parle et réussit à y parvenir sans un manichéisme béat. Une oeuvre forte aux personnages fascinants.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
(conversation entre John, un jeune Amérindien, et le père Duncan, un prêtre Amérindien)

"Why didn't the Indians kill all the White people?"
"They didn't have the heart for it."
"But didn't white people kill most of the Indians?"
"Yes, they did."
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Les choses se passaient toujours ainsi. Les Blancs ne savaient pas raconter la vérité. Ils mentaient sans cesse, à propos des femmes, de l'argent, des monstres. Les Blancs faisaient des promesses et ils ne les tenaient pas.
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White people no longer feared Indians. Somehow, near the end of the twentieth century, Indians had become invisible, docile.
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Medicine isn't perfect.
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Video de Sherman Alexie (1) Voir plusAjouter une vidéo

Sherman Alexie : Dix petits indiens
D'une forêt de conifères de la presqu'île de Cape Cod (le cap aux morues), Massachusetts, Olivier BARROT présente l'écrivain indienSherman ALEXIE, ainsi que son dernier recueil de nouvelles qui vient d'être traduit en français, "Dix petits indiens". Il résume l'une d'entre elle "Moteur de recherche" dont il lit un extrait.
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