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Critique de Folfaerie


Le chef d'oeuvre de la littérature amérindienne contemporaine, on le doit à ce jeune auteur Spokane qui, contrairement à ses aînés, a choisi de tremper sa plume dans le vitriol et de nous montrer le visage hideux de cette Amérique blanche qui continue de vomir la race des Peaux-rouges. (James Welch, dans "l'avocat indien" tentait déjà d'aborder le problème de la discrimination raciale sans atteindre la terrible lucidité d'Alexie).

Un serial killer rôde dans la ville de Seattle. Il scalpe et mutile ses victimes, puis dépose auprès des corps deux plumes de hibou. La police et la presse sont persuadés qu'il s'agit d'un Indien.
Serait-ce John Smith (l'ironie d'un tel nom !), cet ouvrier de 27 ans, fils adoptif d'un couple de blancs, bourgeois aisés plein de bonnes intentions mais qui ne peuvent aider leur fils à sortir du gouffre où il s'enfonce. John enfin, qui ne sait pas qui il est et dont les voix qui chuchotent dans sa tête ne lui laissent aucun répit,
ou bien la belle activiste Spokane du campus, Marie Polatkin, qui ne supporte pas l'arrogance des blancs et de son prof de littérature amérindienne en particulier, Clarence Mather, homme condescendant qui aimerait devenir Indien, ou encore son cousin, Reggie, un type intelligent et agressif, marqué par son enfance sordide, qui voudrait en découdre avec tout le monde, blancs et indiens mêlés.

Alexie nous offre une plongée glauque dans cette cité rongée par la haine et la discrimination raciale, où les clochards indiens sont passés à tabac à coups de battes de base-ball, où un animateur de radio mégalo, symbole de la toute puissance des médias, attise les foyers de haine en appuyant sur la dimension "primitive" des Indiens et en refusant le poids de cette faute collective, à savoir la mort et l'acculturation des Indiens, où certains hommes blancs rêvent d'avoir la peau rouge (pour mieux exorciser leurs remords ?) tandis que les peaux-rouges ne pensent qu'à se fondre dans le monde des blancs...

Le problème de l'identité raciale et religieuse est posé à travers le personnage de John Smith, ce pauvre diable élevé par des catholiques blancs mais qui comprend enfin qu'il ne sera jamais accepté comme tel, également incapable de trouver sa place au sein de la communauté indienne, et dont la douloureuse quête de vérité le conduit aux portes de la folie.
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