Marcher tout le jour en pissant le sang, sans pouvoir me changer, sinon en prétextant un mal d’entrailles… Ni Yahya, ni le Deuxième n’ont ces soucis !
En fait, elle n’était pas loin de tomber d’accord avec Yokhannân : pouvant choisir entre deux mâles, dont l’un était bâti comme un robuste beau coq, et dépit de tous les jeûnes qu’il s’imposait, pourquoi le Pôle avait-il préféré une femme ?
Parce que, quand il s’agit de jouer les derviches, Yahya n’a pas beaucoup à se forcer ! Mais ça, c’est bien la confrérie des « fort-membrés-doubles-couilles » : pour jouer de la gueule et fanfaronner, tout le monde est là ! Par contre, quand il faut y aller...
Et voilà ! gémit-il. Nous avons offensé le Cavalier du printemps, et il s’en est allé, sans bénédiction pour nous ! Je sens que le lait de nos chèvres va tourner, sans compter celui de nos épouses. Mon pauvre enfançon, mon fiston, voué à dépérir et à quitter cette terre, en l’ayant si peu connue !
-Il l’a d’autant moins connue qu’il n’est pas né, ton fils, ô frère de l’Âne, et qu’aux dernières nouvelles il n’est pas près de le faire, vu que tu es eunuque.
Trop de saints, vois-tu, ça en déprécie un peu la valeur. Si tout le monde envoie ses derviches sur les routes, ça va finir par être un peu encombré. (p.107)
Les sages aspirent à savoir, et les sots à raconter. (p.303)
Revenir sur ses pas quand on a fait fausse route, c'est encore ce qu'on peut faire de mieux. (p.94)
Pour toi, un bon chef, c'est celui qui te mène au butin ou te sauve la peau. Rien d'autre ! Mais pour le commun des fils d'Adam, observe bien que la plupart sont plus épris de défaites que de victoires. Ce n'est pas le gain qu'ils recherchent, mais le gain dans la perte. (p.49)
Leurs mensonges à tous les deux, dès le début... Comme ils les avaient payés ! (p.38)
- Eh bien ?
Hieronymus le Polonais fit une grimace dégoûtée :
- Peuh ! Même pas eu besoin de sortir les grandes pinces ! Rien que d'attiser le feu sous son nez, il est prêt à tout dire, même ce qu'il ne sait pas ! (p.85)