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Critique de Flaubauski


Pour une première plongée dans l'oeuvre de Svetlana Alexievitch, ce fut une plongée longue et profonde, m'étant procurée le volume de ses Oeuvres contenant La guerre n'a pas un visage de femme, Derniers témoins et La supplication.

Plongée éprouvante, indéniablement, que dans celle de ces témoignages multiples, d'abord au sujet de la Seconde Guerre Mondiale, du côté soviétique, pour les deux premiers volumes, enfin au sujet de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, dans le dernier, qui est toujours interdit en Biélorussie.

Plongée éprouvante et peu commune en ce qu'elle est un travail journalistique qui, plus que de synthétiser en une seule parole, celle du journaliste, toutes celles des témoins, nous transmet, prend le temps, surtout, de nous transmettre, sans filtre ni transformations, tous les récits-entretiens enregistrés par magnétophone - avec, malgré tout, parfois, des coupes -. Ces témoignages, de fait, n'en sont que plus forts quant à ce qu'ils décrivent, de l'évacuation des lieux avec la catastrophe - la guerre ou l'explosion d'une partie de la centrale -, au quotidien pendant la catastrophe, en passant par les diverses conséquences qu'elles ont sous-entendues - physiques, psychiques, sociétales... Ce sont des témoignages bruts, dans lesquels l'on ressent toutes les émotions, sentiments, des témoins, mêmes lorsque les évènements vécus ont parfois plus de quarante ans. Et la voix de la journaliste s'efface littéralement tout du long, ou presque, commentant parfois, entre certains témoignages, mais sans jamais rester au premier plan : elle n'est que la passeuse d'Histoire, de l'Histoire de son pays, la Biélorussie, au sein de l'URSS, et de fait, du régime soviétique, dans ses comportements et réactions, également face aux catastrophes - plus particulièrement Tchernobyl-.

Plongée peu commune également, précisément sur la Seconde Guerre Mondiale, en ce qu'elle donne la parole aux femmes soviétiques, celles qui ont combattu, et elles sont nombreuses, officiellement ou dans la résistance, celles qui ont tenu les familles comme elles ont pu à partir de 1941, dans La guerre n'a pas un visage de femme. En ce qu'elle donne aussi la parole aux enfants, ceux qui avaient moins de 14 ans en 1941, dans Les derniers témoins. En ce qu'elle donne enfin la parole à ceux qui ont vécu Tchernobyl, les soldats ou pompiers qui étaient sur les lieux pour éteindre l'incendie ou pour nettoyer les lieux, les habitants qui ont évacué, ou non, et qui ont choisi, ou non, de revenir, des conséquences de l'explosion sur les alentours, et bien plus...

L'entretien de la journaliste avec Michel Eltchaninoff, qui précède ces trois oeuvres, est particulièrement éclairant, et passionnant, pour comprendre le choix de la démarche de Svetlana Alexievitch pour rendre compte, certes, de l'Histoire, mais plus encore de l'Humanité à travers celle-ci.

Une lecture nécessaire, que je vais compléter sous peu avec Les cercueils de zinc. M'est avis que ce n'est pas la dernière oeuvre que je lirai de l'autrice !
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