AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de psycheinhell


Sur la couverture, aucun nom d'auteur. Juste ces trois visages barrés de baillons aux couleurs de la France, et le titre : Paroles sans papiers. Au dos, une affiche du collectif SOS Refoulement, qui date de 1980 : noires sur fond rouge, les silhouettes face à face d'un gendarme et d'un homme, et cette recommandation : « N'allez jamais seul à la police, photocopiez vos papiers. » Déjà en 1980…

L'album réunit neuf dessinateurs, chacun se chargeant de donner des images aux témoignages de neuf réfugiés, sans-papiers, immigrés, clandestins – quel que soit leur nom, neuf êtres humains qui évoquent leur trajet douloureux, de l'abandon en plein désert par des soldats marocains à la prostitution, des persécutions subies dans le pays d'origine aux peurs et vexations qui forment le quotidien de leur vie en France. Et on a beau avoir lu livres et articles en nombre, on se raidit devant les réalités qu'évoquent ces récits.

Les témoignages, nous indique-t-on, ont été adaptés par les directeurs de l'ouvrage, Alfred & David Chauvel, et Michael le Galli. Mais la langue, elle, n'a pas été adaptée, et j'entends, dans les constructions maladroites et passionnées, tous ces accents que j'aime tant, et la vivacité d'une langue toujours en mouvement. Face à ces mots vrais, la laideur froide du langage officiel, car chaque récit est précédé d'une citation empruntée à l'un ou l'autre de « nos » hommes politiques.

Outre ces tranches de vie, l'ouvrage comporte des préfaces d'Emmanuelle Béart et du dessinateur José Munoz, et s'achève sur quelques pages de dossier à propos de l'immigration en France.

A mettre entre toutes les mains, ces paroles et images qui répondent à l'appel de Lucie Aubrac, cité en exergue : « Créer, c'est résister. Résister, c'est créer. »
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}