La porte condamnée

Un écrivain ne se fait pas en un livre.


[D'où vient cet appel ?]

Il n'aimait pas sortir.
Trop de gens. Trop de bruits. Trop d'yeux posés sur lui !
Le monde extérieur l'angoissait. Il était devenu agoraphobe.


[La cible]

De quoi parle-t-on quand on parle ? À qui et pourquoi ? Si ce n'est de soi. Toujours de soi finalement !

[Il y avait une fois...]

Il se sentit sombrer. Quelqu'un le poussait du pied sans ménagement.
Et toujours ce rire immense, démoniaque, meurtrier.
Il s'affala sur le quai sans un cri.


[Le cimetière des locomotives]

Il y avait une fois...
C'était trop !
Je me levai tout chancelant. Cela fit sourire Maria. Elle me gratifia d'un clin d’œil coquin.
Il ne me restait plus qu'à pousser cette porte et à rentrer chez moi.
Mais qui sait ce que j'allais trouver derrière ma porte...

Léon acheva de me démolir la main. Il s'approcha assez près pour me chuchoter à l'oreille : oublie la précédente fracture, mon pote, c'est un cadeau de la maison ! Son clin d'oeil guérit instantanément mes bobos à l'âme. Un miracle ! Comme la cour du même nom... J'étais comblé !


[L'appartement]

Je n'ai pas envie de devenir la victime d'un malheureux qui a payé de sa vie l'incrédulité de ses semblables. Une autre fois, j'essaierai d'élucider le mystère de la porte condamnée.
J'essaierai, mais seul.


[La porte condamnée]

On se débarrasse parfois de ses travers en en chargeant autrui : cette attitude commode évite à bon compte de se remettre en question.


[Ce vice impuni...]

Je refuse la victimisation. Ni pute ni soumise aux caprices d'un patron !
Je refuse !
JE refuse !
JE REFUSE !


[Échange standard]

Je n'avais rien à espérer ni à entreprendre.
J'étais, incompris de tous, banni de la société, exilé dans ma propre famille.
Ce constat fit sur moi l'effet d'un électro-choc.

Mais comment se révolter quand on existe pas ?


[Anonyme]