u dans le cadre du #ProjetOmbre visant à mettre en avant le genre de la nouvelle, ce recueil de 8 nouvelles, toutes écrites par des autrices met en scène des catastrophes naturelles sur Terre, suite à une punition de Dame Nature. Un joli recueil young adult qui interroge notre rapport à l'écologie.
Mon avis général sur le recueil :
Ce recueil a été écrit par 6 auteures spécialisée jeunesse ou young adult :
Marie Pavlenko,
Sophie Adriansen,
Coline Pierré,
Cindy van Wilder,
Marie Alhinho,
Flore Vesco. C'est donc un recueil 100% féminin, chose rare. Personnellement, je n'ai lu que les récits de
Marie Pavlenko, j'ai donc découvert complètement les autres.
L'ouvrage est très cohérent dans sa construction : Il est composé d'un récit d'introduction et de conclusion mettant en scène Dame Nature affligée par le comportement des hommes et qui a décidé de les punir. Chaque nouvelle présente une punition de la déesse et par là, un sujet écologique différent qui est d'actualité : déforestation, montée des eaux, catastrophes naturelles, dérèglement climatique. Certains récits touchent au fantastique, d'autres sont plus réalistes.
Par ailleurs, même si chaque auteure utilise un style propre, toutes réussissent à s'homogénéiser de façon cohérente. Il n'y a que
Flore Vesco et
Marie Alhinho qui se démarquent un peu, mais cela n'enlève rien au reste.
Mon avis sur chaque nouvelle :
Comme il s'agit d'un recueil de nouvelles, j'ai pris le parti donner mon avis sur chaque histoire de façon individuelle et d'en rédiger chaque résumé en évitant les spoilers.
Qui sème le vent – Colère,
Marie Pavlenko
Résumé : Dame nature décide d'aller incognito sur Terre voir ce que font les hommes et s'ils respectent un peu plus les cadeaux qu'elle leur a fait.
Mon avis : Cette nouvelle est le préambule de l'ensemble du recueil. Elle introduit le personnage de Dame Nature, représentée par
Marie Pavlenko sous les traits d'une petite vieille mi-hippie mi-sdf constamment en train de ruminer. Et pour cause ! Les humains ne la respectent plus ! Son périple à travers la ville semble une épreuve, les gens vraiment indifférents à son égard ou totalement horrifiés face à son allure misérable. Son regard extérieur nous éclaire sur nos pratiques : manque de considération pour la nature au sens général avec une bétonisation importante, l'extension des villes au mépris du bon sens, massacre des animaux. de retour dans son Eden, elle décide de donner une leçon aux humains : ce seront les nouvelles suivantes.
Marie Pavlenko a pris plaisir à écrire cette nouvelle, cela se sent. Malgré le thème dramatique, elle a su y ajouter des touches d'humour comme le personnage du majordome de Dame Nature ou certains personnages qui jalonnent le voyage de la petite vieille. le repaire de la mamie promet des descriptions enchanteresses et contraste totalement avec la ville visitée plus tôt. En dehors du personnage personnifié, on pourrait tout aussi bien être face à l'histoire d'une mamie retirée du monde qui essaie de retourner en ville pour se distraire et voir si le monde à changé. C'est du moins l'impression que j'ai eu au début, avant d'arriver à la chute. Une jolie introduction aux nouvelles suivantes qui pousse déjà à la réflexion.
Monkey Palace, la revanche des singes,
Sophie Adriansen
Résumé : Une famille avec deux adolescents est en vacances dans un complexe touristique sur l'île de Bornéo, en Indonésie quand des singes expulsés de leur forêt décident de faire de même avec les touristes du complexe en s'installant dans leurs résidences…
Mon avis : Des vacances qui tournent au cauchemar, tel est le sujet de cette nouvelle qui m'a fait frémir jusqu'à sa chute et m'a interrogée sur ma propre réaction face à cette invasion de singes. On suit la fuite de cette famille qui croit d'abord à une blague avant de se rendre compte que toute l'île est envahie et qu'aucune échappatoire n'est possible. Cette histoire m'a également interpellée sur la déforestation et sur la légèreté avec laquelle nous traitons ce sujet au quotidien. L'héroïne ado qui nous raconte son histoire, évoque le Nutella, le bois tropical utilisé pour faire du mobilier de jardin et acheté partout dans le monde. Cela prive les singes de maison et les force à se rapprocher de zones habitées pour trouver de la nourriture. Si les rôles sont inversés, si les singes décident de nous prendre nos maisons, on se retrouverait dans le livre de Pierre Boule : La Planète des singes.
Sophie Adriansen a su marquer avec ce récit en imaginant un scénario réaliste qui permet de se mettre à la place des animaux, et c'est assez efficace.
Nos corps végétaux,
Coline Pierré
Résumé : Assia et Solveig sont colocataires. L'une est étudiante en économie sociale, l'autre en médecine. Un jour, elles découvrent sur leur peau les marques d'une forme d'allergie : les végétaux en elles ont décidé de germer et de sortir de leurs corps…
Mon avis : Voici venir une épidémie mondiale avec des végétaux pas ordinaires.
Coline Pierré nous propose une revanche des végétaux sur les humains, en poussant sur leur corps. Les arracher équivaut à s'épiler ou se couper des membres, avec la douleur qui l'accompagne. L'auteure montre bien l'attitude différente des deux jeunes filles face à la propagation de la « maladie » et les incertitudes qu'elle occasionne. Si Solveig accepte avec philosophie les végétaux qui sortent peu à peu de son corps, il n'en est pas de même pour Assia, hypocondriaque et soucieuse de son apparence. Les végétaux vont bouleverser le quotidien de tous, les rapports entre les gens, la manière d'envisager sa vie. Une jolie lueur d'espoir clôt la nouvelle, bienvenue parmi l'ensemble de ces micro-dystopies composant ce recueil. Pour l'anecdote, la maladie des plantes m'a fait penser au rapport que nous entretenons avec nos poils, et de manière plus large avec notre corps. Si nous l'acceptons et avons un rapport plus sain avec lui, nous serions plus heureux. Cela éclipse un peu la question des plantes qu'il est dommage d'éradiquer pour des raisons esthétiques également alors qu'elles sont nécessaires à notre planète de manière générale.
Extinction games,
Cindy van Wilder
Résumé : Dame Nature peu convaincue par les efforts des humains envers elle décide de lancer des jeux d'éradication de l'espèce humaine : les extinction games.
Mon avis : Cette nouvelle propose le point de vue de deux duos situés à deux endroits différents de la planète face à des catastrophes provoquées par une Dame Nature/ Gaïa en colère. D'abord perplexes face au message de la mystérieuse déesse, les humains vont devoir prendre au sérieux ses avertissements et redoubler d'efforts pour la convaincre qu'ils peuvent changer.
Cindy van Wilder s'inspire un peu des jeux de survie comme Battle Royale pour cette nouvelle, tout en glissant quelques faits d'actualité : les confinements dûs au Covid-19 qui ont permis à la nature de reprendre ses droits notamment à Venise, les avertissements des scientifiques peu écoutés face à une catastrophe écologique imminente, la pollution des îles provoquée par l'afflux massif de touristes (comme à Majorque où vit Soledad, une des héroïnes), la décharge géante de Costa Brava à côté de Beyrouth… Au fil des épisodes de jeu, la tension monte entre Gaïa et les terriens. Elle va de plus en plus loin dans ses frappes punitives, utilisant même le chaos provoqué par les humains pour le retourner contre eux de manière ironique. Il faudra toute l'intelligence d'un personnage et sa force de persuasion pour apaiser la déesse et trouver un terrain d'entente. Cette fois aussi, malgré les catastrophes et massacres, la nouvelle se termine sur une touche d'espoir. J'ai beaucoup aimé le fait que l'auteure relève des faits du quotidien face aux problèmes écologique, qui sont assez réalistes comme le fait que le facteur économique est toujours plus important que le reste. C'est un sujet assez éclairant qui fait réfléchir sur nos pratiques et sur la nécessité d'avoir le courage de faire changer les choses, comme le fait Soledad.
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