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EAN : 9791038803145
128 pages
Ex Aequo (20/03/2022)
4.04/5   28 notes
Résumé :
L’amour sous fond de fin du monde.

Christian est californien. Christian est blond et beau comme le soleil, vit sans filtre et rêve de la France. Il traverse l’océan Atlantique qui le sépare de l’Europe pour être assistant d’anglais dans un lycée français.

Jonathan est français ; il accumule les plans d’un soir, les amours éphémères et traîne sa vie.

Un soir gris et pluvieux d’octobre, les deux garçons se croisent sur une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Découvert via les réseaux sociaux, La garçon from L.A retrace la rencontre de deux hommes en pleine pandémie mondiale. L'un est français, prof de français dans un lycée l'autre est américain, avatar parfait des californiens à l'esthétique parfaite. Que va-t-il donc advenir de ce couple atypique ?

Pour la forme.
La plume de l'auteur est très fine, juste, presque poétique. Pour un premier roman, sur ce point précis, c'est plutôt une réussite. En revanche il faut savoir apprécier un certain mélange du champ lexical qui se veut par moment assez sophistiqué mais qui soudainement bifurque sur du vocabulaire cru. Très cru.
Deux points de vue dans la première partie : omniscient et externe : une narration à la troisième et première personne. le procédé est délicat à appréhender car il peut parfois vite donner le tournis mais ce n'est pas le cas ici. Les repères spatiaux temporels sont clairs donc là aussi chapeau bas.
L'originalité principale du livre repose sur une forme de narration éclatée si bien qu'on a plus l'impression de « regarder » un roman de photo qu'une histoire linéaire classique. Ce sont des fragments clés de la vie des personnages qui sont exposées. Des étapes charnières avant leur rencontre, le tout sur fond d'épidémie de covid-19.
À environ la moitié du livre le point de vue se focalise uniquement et judicieusement sur le protagoniste, Jonathan, en stricte narration interne (je) ce qui a pour effet de créer une immersion profonde et intime avec lui car nous avons un accès plein et entier à ses angoisses, ses peines, ses faiblesses, ses obsessions. Son obsession.
En revanche il y a, selon moi, un inconvénient inhérent à l'utilisation de la première personne comme technique de narration car elle établit, de façon générale, pas seulement dans ce livre, une promiscuité ambiguë entre le personnage principal et l'auteur si celui-ci ne s'efface pas au profit du récit. Et là force est de constater que ce n'est pas le cas. Si bien que par moment on se demande qui parle. Jonathan ou Tadzio ? Ils sont d'ailleurs tous les deux professeurs de français. Sont gay. C'est écrit sur la quatrième de couverture sous le résumé. D'ailleurs je m'interroge sur la nécessité de préciser que Tadzio Alicante est « un auteur gay ». Qu'est-ce qu'on en a à faire qu'il soit homo ? c'est une vraie question. Mais passons.
Qu'on s'entende bien, il est parfaitement admissible que l'auteur mette une partie de son coeur et ses tripes dans un personnage. Mais ici on a vraiment l'impression que le narrateur s'invite parfois littéralement dans l'histoire en s'adressant directement au lecteur.  P.49 « Cher lecteur, tu ne sauras pas… ». P.114 « J'aimerai écrire une belle fin ». Au-delà du fait qu'on a un peu l'impression d'être pris pour un idiot dans le sens ou une explication sur la suite de l'histoire mérite une explication directe de l'auteur, le point le plus dérangeant est que celle-ci brise l'immersion de façon très brutale. Imaginez-vous assister à une pièce de théâtre lorsque, entre deux actes, le metteur en scène se pointe sur les planches pour vous expliquer ce qui va se passer maintenant et comment. Dans certains de ses romans Joel Dicker interrompt subitement l'histoire pour vous conseiller, par exemple, d'aller dans ce restaurant où se passe la scène, parce que ça vaut vraiment le coup. C'est extrêmement désagréable. Vraiment.
La gêne est encore plus palpable lorsqu'on lit des « vérités » assénées : P.82 « La fidélité n'est bonne que pour les couples hétérosexuels qui se leurrent sur la nature humaine qui est trop encline au sexe, à baiser ». What ? Je me répète mais là… qui parle ? L'auteur ou le personnage ? Allez, bénéfice du doute, on va dire que c'est Jonathan.
Pour conclure sur la forme notons que le livre est fort de références littéraires ce qui n'est pas une mauvaise chose étant donné que les deux personnages ont une appétence certaine pour les livres.

Pour le fond.
Nous avons donc Jonathan et Christian. le premier est petit, mince, intello et introverti. le second solidement bâti, sûr de lui et extraverti. On est donc forcément curieux de savoir ce qui va arriver à ces deux antipodes. S'agissant d'une romance érotico-psychologique les piliers du livre s'articulent naturellement autour des thèmes et des personnages.
Individuellement parlant les personnages sont somme toute assez caricaturaux : ils baisent, picolent, se droguent, regardent des émissions sur les drag-queens et s'achètent des fringues. Ils bitchent sur tout et tout le monde, surtout Jonathan. Rien n'a de grâce à ses yeux : les gens qu'ils croisent sont moches, gros, cons et puent.
Nous avons peu accès aux ressentis de Christian, mais les rares chose que l'on sait de lui est qu'il est obsédé par le sexe et adore dépenser son argent. Soit. Il est blond, ses yeux sont azurs et a des dents parfaitement blanches et alignées. Au bout de la dixième répétions, on a compris.
La première partie relate leurs quotidiens avant leur rencontre. Alors certes il est toujours utile de connaitre le passé des personnages mais les péripéties n'ont que peu d'incidence sur le futur de leur relation hormis le fait qu'ils rencontrent des amants dont ils se séparent bien vite avant de les oublier totalement. La profondeur des personnages est très superficielle, qu'ils soient prof et assistant d'anglais, ou taxidermiste et concierge n'ont aucune importance car leurs métiers n'influent en rien sur leurs vies respectives. Pas besoin d'être enseignant ou assistant pour aimer la littérature.

Tous les défauts du livre sont alors exacerbés par cette fin qui consiste à cracher au visage du lecteur. Une confusion des genres si tardive me pousse à poser ces questions : Tadzio Alicante connaissait-il la fin de son histoire avant de commencer à l'écrire ? pourquoi la maison d'édition a accepté de publier une fin aussi extravagante ? Pardon mais c'est du foutage de gueule.
Sans ça j'aurai surement mis trois étoiles, mais là ça en vaut qu'une. Et encore.
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C'est la fin du monde.
La fin du monde tel qu'on le connaît.

Une pandémie décime l'espèce humaine, les morts font la une de tous les journaux, s'affichent sur toutes les chaînes. Dans ce décorum si terriblement réaliste, la caméra zoome. Sur Christian d'abord, un Californien avec le soleil de Los Angeles dans les cheveux. Il fait l'amour sur la plage. Il est beau. Sur Jonathan ensuite, un professeur français avec dans les iris les éclats de la Seine sous l'indifférence du ciel. Il parle de Duras et de Nabokov au garçon qui vient de jouir en lui.

Entre les deux hommes, un schisme océanique, mais aussi La mort à Venise, de Thomas Mann, tel un étrange lien de mots, la mise en abîme d'une obsession à venir.

Zoom arrière.

Sous la plume unique de Tadzio Alicante, les deux acteurs évoluent dans leurs mondes parallèles, des mondes de doutes et de sexe, de peur et de désirs, de futurs incertains semés de signes annonciateurs.

Transition par le vide, entracte. La scène se vide. Les deux acteurs restent dans la lumière. Épiphanie. Ils se rencontrent. Les fragments de leur histoire nous sont jetés tels des miettes de pain, des flashs. Désir puzzle, amour en morceaux, tessons de jouissance.

Entre Chalendon et Ernaux, entre Duras et Despentes, l'auteur nous livre l'histoire superbe et sans concessions de la jonction de ces deux trajectoires. Débarrassée de ses fioritures, déshabillée jusqu'au xylème, la poésie ici est brute, minérale. On retourne à l'essentiel : le mot. Sa valeur. Sa couleur. le poids de ses lettres sur la langue.

« Je ne fais pas que l'écrire, je le prononce également. Prononcer son prénom, CHRISTIAN, à chaque seconde. le scander encore CHRIS-TI-AN et encore CHRIS-TI-AN jusqu'à ce qu'il perde sa valeur (non) et sa signification (jamais) CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN.
Puis j'ai cherché des mots pouvant rimer avec son prénom mais rien qui ne me satisfasse. Soudainement, comme une évidence, un trésor caché sous mon nez mais invisible : JonathAN — ChristiAN. Nous rimons. Joie hallucinée s'emparant de mon coeur et de mon corps. »

Alicante ne raconte pas : il montre, il dessine, il filme. Organiques à l'extrême, ses lignes sentent la mer, le sperme et cette chaleur inouïe, celle du ciel en feu, celle des corps qui se percutent, entre désir et amour – y a-t-il une différence ? Quelle importance après tout… – celle du brasier qui couve dans la poitrine de Jonathan. Elles portent la couleur dorée de Christian.

« L'alcool a endormi sa tête qui sommeille entre mes cuisses. Elle semble morte. Ses paupières qui tirent sur le violet couvrent le ciel bleu que son regard propage partout habituellement. À un moment, je cède et deviens hérétique. Je commets un sacrilège, je touche l'idole et passe une de mes mains dans ses cheveux d'or. Ils s'accrochent à elles et sont gluants comme du sperme frais. »

De la fulgurance du plaisir aux affres sans fin du manque, de l'acédie de l'obsession qui creuse les entrailles à l'ivresse extatique des retrouvailles, l'auteur dissèque les sentiments sous scialytique, coups de scalpel lyriques sur le corps de Jonathan, un corps en déroute, qui ne vit, ne pense, ne respire plus que pour lui, Christian, son Christ, son étoile.

« Christian, écris-moi davantage. Je ne veux pas qu'on ait pitié de moi car je sais ma fatalité, je la sais et je la répéterai comme une formule usée d'avoir été trop dite : je suis de la race de ceux qu'on abandonne, qui attendent et meurent. »

Il est de ces livres que l'on a du mal à décrire tant il déflore un territoire encore vierge ; le garçon from L.A. est de ceux-là. le style, la construction, tout ici porte une patte unique et nouvelle. Portée par une plume d'un talent inouï, ce roman se lit comme on regarde défiler des diapositives, comme on avale gorgée après gorgée un vin plein de soleil. Impossible de lâcher cette oeuvre, cette histoire qui vous transporte, vous bouleverse, au point de pouvoir ébranler ce que vous croyiez être vos goûts en matière de lecture. La qualité extrême de l'écriture d'Alicante, tour à tour tranchante, vibrante, et sensible, se révèle dans toutes ses nuances au sein de ce tout premier roman qui en appelle beaucoup d'autres. Chaque mot est à sa place, chaque phrase est dénudée sous nos yeux, et j'ai appris une nouvelle définition du beau en écriture. Nul besoin de verbiage quand on maîtrise le verbe, l'auteur nous le démontre avec maestria.

Une oeuvre magistrale, à lire un soir de canicule.
Un coup de coeur.

Un coup au coeur.
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Deux garçons, l'un un Californien presque caricatural (blond, robuste, aux yeux bleus), l'autre un frêle petit Frenchie. Christian et Jonathan. Séparés par un océan, puis toute la masse d'un continent. Les deux se cherchent, cherchent un sens à leur vie, cherchent une direction, surtout que la fin du monde non seulement approche mais est bel et bien là, rode et érode. Une pandémie mondiale, des morts à droite, à gauche, la panique générale, du moins c'est l'impression qui se dégage de leurs quotidiens… Jusqu'à ce que l'Américain décide de venir en France, à Paris, en tant qu'assistant d'anglais. Les deux jeunes hommes se rencontrent, ils se séduisent, ils se tournent autour, et leur histoire se transforme en obsession rageuse pour Jonathan alors que Christian… on ne sait pas exactement ce qu'il ressent. N'empêche, leur relation est forte, presque incontournable. L'amour ? Allez savoir…

Une histoire en fragments, comme un puzzle où j'avais parfois l'impression que l'on m'avait caché, voire volé quelques pièces. Mais une histoire prenante, attirante, qui vient et vit surtout de cette fragmentation du récit ainsi que de la force de l'écriture de ce jeune auteur. Oui, Tadzio au prénom qui flaire bon Thomas Mann sait écrire. Les mots, on le sent, ne sont pas choisis au hasard, le découpage (j'aurais presque envie de dire, le hachage) crée un rythme que l'on connaît des road movies qui tiennent leur force et énergie des scènes et actions qui s'enchaînent. Une autre comparaison que l'on pourrait faire serait celle avec la peinture, notamment celle des impressionnistes et des pointillistes. Chaque fragment, parfois même chaque phrase constitue un petit point, tantôt de couleur, tantôt uniquement de noir ou de blanc pour ajouter du contraste, et au final, une toile se dévoile.

Au niveau de l'intrigue, il y avait forcément des choses qui m'ont tout de suite parlé. Christian, un assistant de langue ? C'est par ce biais que je suis arrivé moi-même dans ce pays et à Paris voilà tant d'années. Jonathan qui est fan de Bret Easton Ellis ? On partage alors la même admiration pour cet écrivain hors pair. Thomas Mann qui se trouve comme une trame diaphane dans cet ouvrage, à commencer par le prénom de l'auteur pour finir en livre de chevet de Christian ? Un de mes auteurs préférés pendant mon adolescence (bien que Mort à Venise n'ait jamais été mon texte favori, pour être honnête). Une fin romantico-violente, qui me rappelait non pas tant Easton Ellis que Thelma and Louise, film qui ne cessera jamais de me faire chialer comme une Madeline. le côté outre-dimensionnel, exagéré, de l'environnement dans lequel se déroule l'histoire et qui faisait penser au début aux premiers mois sous Covid (mais vus par quelqu'un qui se drogue sérieusement car des morts qui s'amassent dans la rue, je n'en ai pas vus…). L'obsession aussi, que j'ai (peut-être) pu connaître dans ma propre vie amoureuse (allez savoir… je ne vous dis pas tout, quand même).

Donc, une histoire qui m'a happé. Une écriture forte, puissante, volontaire, jeune, avec des moments de grande poésie qui ne viraient jamais dans la grandiloquence gratuite. Mais. Je dois vous avouer le petit bémol que j'ai ressenti en lisant ce court roman. Un bémol qui vaut juste une demi-étoile, donc ça va, il n y' a pas mort d'homme, si j'ose dire.

Alors, voilà. La première partie, il est vrai, m'a séduit sans ombre au tableau – le ping-pong des mini-scènes de l'un et de l'autre des protagonistes, même si celles de Christian sont vues sous le prisme (au début presque inavoué) de Jonathan, a créé une dynamique comparable à une pièce de piano jouée à quatre mains. C'était fluide, ça s'imbriquait parfaitement, je m'attendais à de grandes choses. Et ensuite, dans la deuxième partie, je suis un peu resté sur ma faim. Car ça devenait le récit de Jonathan uniquement – oui, ça l'avait été aussi dans les pages précédentes, je sais, mais avec tout de même l'illusion de partager des choses de Christian, et parfois, une illusion est suffisante pour susciter des émotions. du coup, il me semblait manquer quelque chose, une pointe de yang au yin de Jonathan (ou de yin au yang de Jonathan, à vous de voir). Ne serait-ce qu'un soupçon de réponse à ma question si l'obsession pouvait être réciproque ou nichait seulement dans le poitrail de Jonathan. Une espèce d'accès, aussi, me manquait, une espèce d'émotionalité. Je pouvais suivre l'intrigue, mais par moments, j'aurais bien aimé la ressentir davantage.

Puis, j'aime bien voir une rencontre se faire. Celle entre Christian et Jonathan, par ce savant jeu de la première partie, avait été suffisamment préparée, et très bien amenée avec ça. Mais quand elle se concrétise, il me manquait ce premier petit tremblement de terre intérieur, ce bouleversement quand on se surprend à se dire, le souffle coupé, « Ça pourrait être LUI, mon âme soeur ?! » avec, parfois, quelques points d'interrogation supplémentaires. Juste une petite scène, même aussi fragmentaire que le reste, m'aurait suffi. Mais non. Ou peut-être si ? Je n'ai même pas retenu comment le premier rendez-vous était expliqué… Enfin, la fin. Je ne l'ai pas trouvée capillo-tractée, ce ne serait pas le mot exact, mais certainement un peu capillo-soupesque, c'est-à-dire arrivant comme le fameux cheveu sur la soupe. Certes, elle était dans la logique de l'obsession de Jonathan, et par son côté Thelma and Louise, elle avait tout pour me séduire. N'empêche, je ne m'attendais pas à ça, et je me sentais un peu comme un amant trompé.

Ceci étant dit (et expliqué plutôt maladroitement, j'en ai peur), le livre m'a bien plu, il m'a même marqué – pour preuve, cette chronique fleuve. Je suis certain que Tadzio aura d'autres histoires à nous raconter, et pour ma part, je reste dans l'attente du prochain opus. Et je vous invite à découvrir sans trop tarder ce premier roman et à vous faire une idée par vous-même.
Lien : http://livresgay.fr/le-garco..
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L'auteur, ainsi que l'éditeur, n'ont pas jugé bon de mettre un avertissement, eh bien moi, je vais malgré tout en donner un. Si vous n'appréciez pas les mots crus et les scènes explicites, ne vous aventurez pas dans ce livre, vous allez d'office lui donner une note négative et peut-être même abandonner votre lecture. Soyons clairs, ici, une bite est appelée une bite et non pas d'une manière plus poétique afin de ne heurter personne ! Pour ma part, c'est justement cela qui fait que j'ai apprécié ma lecture, avec d'autres choses, heureusement.

Vous voilà donc maintenant prévenus, si malgré tout vous tentez l'aventure de ce livre, vous savez désormais à quoi vous attendre.

J'ai découvert ce livre via Instagram, j'ai d'abord été intriguée par l'avis que je venais de lire, et puis je me suis dit que je devais absolument tenter d'en savoir plus sur le récit. J'ai commencé par suivre l'auteur également, et comme j'ai toute confiance dans les ressentis de lectures de la personne par qui j'ai découvert ce roman, je n'ai pas hésité à me le procurer. Par contre, je ne peux vous en donner la raison, ne la connaissant pas moi-même, j'ai mis du temps à me décider pour le lire. Oh pas très longtemps, mais malgré mon envie de le découvrir, il me narguait sur le coin de mon bureau en me disant clairement que je ne franchirais pas l'étape de l'ouvrir. Attention, ce n'est pas forcément pour les raisons que vous pourriez imaginer, non, les mots crus ne me gênent pas du tout, il en faut plus que cela. Mais me dire que le récit se déroule en pleine période "super virus que tout le monde connaît trop bien", voilà ce qui me freinait. Est-ce la seule raison ? Je ne le sais pas. Comme je le dis, je n'en connais pas la raison réelle, le virus ne me servant que de prétexte.

Bref, assez de bavardages, passons aux choses sérieuses !

La plume de l'auteur est très agréable à lire, du moins de mon point de vue. J'ai d'ailleurs trouvé qu'il pouvait parfois se montrer très poétique malgré le contexte, malgré les passages durant lesquels nous aurions bien besoin d'un ventilateur pour nous refroidir. Oui, il a su trouver les bons mots à chaque fois, et me faire dire que finalement, les mots crus le deviennent un peu moins, moins brutaux en tout cas que ce à quoi je m'attendais dès le départ. Prouesse de l'auteur ? Talent inné chez lui ? Travail fait après écriture ? Là non plus, je ne pourrais vous répondre, je ne connais pas la réponse, seul l'auteur pourrait nous la dévoiler.

Ce récit se déroule donc durant la période compliquée de confinement et compagnie. Nous croisons le chemins de deux hommes, l'un en France, l'autre un peu plus loin, à Los Angeles. Est-ce le hasard qui les a mis sur la même route, sur la même place au même moment ? Une partie de la réponse est non. Christian, l'américain, va se retrouver en France parce qu'il a voulu y être. L'alchimie entre deux êtres, cela ne se contrôle pas, personnes ne peut prédire que deux êtres vont s'entendre à merveille, tout comme personne ne peut savoir à l'avance s'il préfèrera une sauce au poivre ou aux champignons pour accompagner son steak.

Nous pourrions diviser ce roman en deux parties, premièrement, celle dans laquelle nous rencontrons les personnages, où nous voguons entre l'un et l'autre, où nous apprenons à les connaître un minimum. La seconde, eh bien, vous vous en doutez, c'est celle à partir de la première rencontre. Que cela soit dans la première ou la seconde, les personnages se livrent à nous, bien que dans la seconde nous avons uniquement le point de vue d'un seul des deux. Bien que cela soit un peu perturbant, l'auteur, ou plutôt le narrateur, nous préviens qu'à partir de ce moment bien précis, nous serons comme lui, et nous ne saurons pas ce qui peut se passer dans l'esprit de l'autre.

Pour moi, ce fut une belle découverte que je peux maintenant vous recommander, mais n'oubliez pas mon avertissement !
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Pour commencer, je souhaitais remercier les éditions Ex Æquo pour l'envoi de ce service presse. Maison d'éditions qui sait dénicher des auteurs "Extraordinaires" qui nous sortent de notre confort, de nos habitudes livresques. Des "Ovnis", un mot galvaudé pour les décrire, mais tellement différents du commun des mortels...
Bienvenue dans un autre monde, celui de Tadzio Alicante.
Nous débutons l'histoire en alternant des deux côtés de l'océan. C'est le "Schisme".
Nous avons Christian, beau blond lumineux aux yeux bleus, en Californie et Jonathan, le narrateur, se disant insignifiant, de taille moyenne, « des yeux bleus vert huître » en région Parisienne.
C'est l'apocalypse, une pandémie ravage le globe.
Travelling. Tout est décrit au travers de l'oeil du narrateur, qui se fait réalisateur derrière sa caméra. On suit les personnages dans leur vie, leurs pensées, leurs émotions, les rencontres, leurs amis, leurs amants... et la mort qui les entoure.
Une pincée de Kubrick, de Godard, et de World War Z (excusez-moi pour mes pauvres références cinématographiques, celles de Tadzio sont plus étoffées, je pense)
Mais, la littérature reste bien présente, et souvent servant de modèle; une maison qui fait penser à Bret Easton Ellis, un amant qui lit De La Bruyère et De La Fontaine, un livre de Thomas Mann posé sur une table de nuit (référence importante à la construction de l'intrigue), et bien d'autres encore.
Et Christian veut revenir à ses premières amours de jeunesse qu'est la France, pour l'instant peu impactée par le virus, et décide de prendre un poste d'assistant d'anglais au Lycée.

Alors, viennent la rencontre, la confrontation, l'apparition et "l'épiphanie";
C'est une évidence entre ces deux personnages, ils sont compatibles jusque dans la rime Jonath.an et Christi.an.
Le narrateur va se focaliser sur leurs échanges, sur le Je et le lui. Leurs corps fusionnent dès la première rencontre, la caméra filme en champ, contre-champ, Jonathan vit la scène et hors champ il visionne la scène.
Jonathan devient accro à Christian le solaire, le fataliste, son étoile, apprend de lui des premières fois, au cannabis, à la construction de flocons de neige en papier... Il ne peut plus s'en détacher.
Des allers-retours, une escapade, et toujours des références littéraires; des adorées, Phèdre, Eluard, Sagan, et d'autres détestées, Vautier qui dégouline de bonheur, mais le narrateur, lui, veut se réclamer du malheur.
Des attentions de Christian à son good boy, qui lui offre entre autre un Dostoïevski. Tout cette partie est consacrée à ces deux êtres interstellaires.

Et c'est la fin du monde, "Eschatologie". La mort de Venise de Thomas Mann prendra tout son sens...

Chez Tadzio Alicante, aucun sentiment frileux, tout est décrit sans fioriture, c'est cru, naturel, lyrique souvent, à la lisière de la philosophie, poétique et introspectif. Pas de demi-mesure, on adore ou on abhorre, et bien moi j'ai adoré, même si parfois, il a remis en question certaines de mes certitudes, sans toutefois me les faire renier, j'ai adhéré à l'histoire, à sa plume, à son originalité, à sa personnalité et à l'extra-terrestre littéraire qu'il est.
Pour une première fois, ce livre est une réussite, et l'auteur a, pour ce qui me concerne, un avenir plus que certain.
À découvrir absolument
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Un élément déclencheur, une épiphanie. Une manifestation littéralement, mais de quoi au juste? Une manifestation, la découverte de son envie d'écrire et de coucher l'existence humaine sur feuilles (cette dernière formulation n'est pas de moi il me semble, mais alors de qui ?), l'envie de la transcender. je crois qu'il a réveillé ce qui dormait en moi et dont je connaissais tout de même l'existence. Je veillais cela comme une mère veille son enfant assoupi les très chauds après-midi d'été, la certitude ancrée dans le ventre de la pluie et de ses promesses à venir.
Christian est mon épiphanie.
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Je ne fais pas que l’écrire, je le prononce également. Prononcer son prénom, CHRISTIAN, à chaque seconde. Le scander encore CHRIS-TI-AN et encore CHRIS-TI-AN jusqu’à ce qu’il perde sa valeur (non) et sa signification (jamais) CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN CHRIS-TI-AN.
Puis j’ai cherché des mots pouvant rimer avec son prénom mais rien qui ne me satisfasse. Soudainement, comme une évidence, un trésor caché sous mon nez mais invisible : JonathAN — ChristiAN. Nous rimons. Joie hallucinée s’emparant de mon cœur et de mon corps.
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Fragment 37
[...] Le sommeil est un rêve inaccessible, impossible. Mon corps réclame un calmant qu'on appelle communément amant. Un amant-somnifère au goût d'anxiolytique, aux lèvres bleues de sérotinine.
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Christian, écris-moi davantage. Je ne veux pas qu’on ait pitié de moi car je sais ma fatalité, je la sais et je la répéterai comme une formule usée d’avoir été trop dite : je suis de la race de ceux qu’on abandonne, qui attendent et meurent.
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2020

Los Angeles

Un soleil pâle monte peu à peu dans le ciel de la côte ouest. La Californie est réveillée mais Christian est encore dans ses draps à dormir. Sa tête divinement blonde écrase un oreiller vert foncé, ses pieds bronzés dépassent du lit et pendent mollement dans le vide. Dans quelques minutes, il se réveillera du lourd sommeil chimique qui lui ferme les yeux.
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