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Critique de nanonoel


J'ai ouvert ce roman avec à l'esprit les diverses paroles élogieuses que j'avais pu glaner ici et là. Notez que c'est toujours plus compliqué quand on sait que la plupart des lecteurs ont adoré ! ça me donne la désagréable sensation d'une pression supplémentaire, comme s'il fallait absolument que j'entre dans un moule ! Et j'ai su que cela allait se compliquer encore plus lorsque j'ai lu la première phrase. Une phrase au présent. Et les suivantes plutôt lapidaires. Et je rigole alors en moi-même… Quand je pense que la veille je discutais justement avec un autre auteur de cette forme de narration avec laquelle j'ai beaucoup de difficultés ! Lire ce roman allait donc être un calvaire ??
Heureusement, on en est loin ! le style unique est déstabilisant et les phrases courtes comme des couperets tranchent dans le vif d'un récit dépouillé. Là une scène qui prend tout son temps, là juste un instant fugace. Là-bas Christian, un jeune californien, ici Jonathan, un professeur français. Et tout à coup, le premier contact. Une simple rencontre pour l'un, une apparition presque divine pour l'autre. Des instants volés à la vie avec des peaux qui claquent pour crier au monde leur besoin. Besoin de vivre et besoin de l'autre jusqu'à l'obsession. le tout sur fond de pandémie, accompagné du parfum de la mort et du bruit des sirènes hurlantes…
J'ai trouvé ce récit assez glauque dans le fond et l'obsession de Jonathan plutôt malsaine. Une bulle fragile dans un monde chaotique et des sentiments poussés à l'extrême jusqu'à l'idolâtrie, offrent cependant un récit surprenant. le narrateur observe un temps, caméra sur l'épaule puis il devient acteur. Et comme un film tourné au ralenti, on ressent, on goûte, on voit. D'abord à travers l'oeil de la caméra puis à travers les iris de Jonathan qui n'ont de cesse de dévorer cet homme sur son piédestal.
Un plan large et soudain. Lumière ! Action !
Stop ! Arrêt sur image. Plan rapproché de corps qui s'ébattent, oublieux de la tragédie qui se joue comme un bruit de fond.
Travelling arrière. Plan large sur un amant qui prend toute sa place dans un esprit qui ne voit plus que lui. Lui et sa peau bronzée. Lui et ses mèches dorées. Un astre qui illumine la vie du narrateur de toute sa beauté. Mais un soleil qui brille trop puissamment n'est-il pas le signe inéluctable de la fin ?
Panoramique sur une relation de dépendance, entre retrouvailles et absences déchirantes. Entre délires et jouissance. Et toujours ce doute lancinant d'un futur qui pourrait bien s'assombrir. La fin d'un monde.
Le plateau s'obscurcit. La lumière s'éteint.
Vous l'aurez compris, un jeune auteur à suivre. du talent au bout de la plume, une prose nue et un univers empreint de poésie lyrique ; un style atypique réjouissant qui s'éloigne des codes pour mieux nous imprégner de sa saveur unique. Un récit hors norme comme un film à jamais gravé sur les rétines.
En revanche, si je dois lancer un appel, c'est celui de songer à écrire des romans qui soient faciles à chroniquer… trois jours que je me casse les dents dessus… parce qu'il ne faut pas trop en dire mais en dire un peu quand même ! Parce que ce roman est inhabituel et que c'est terriblement difficile à rendre. Et que… mince ! Vous n'avez qu'à le lire et puis c'est tout !!!
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