Poèmes libres ou le voyage dans les myriades I

Ceux qui ont lu ma critique des « Vaines tendresses » de Sully Prudhomme le savent déjà : je ne suis pas une grande fan de poésie. Je suis persuadée que les leçons de versification du cours de français n'y sont pas pour rien : est-ce une bonne idée de disséquer un poème ? Ne vaut-il pas mieux se laisser bercer par les mots du poète ?
Avec ces poème libres de Tassanie All, c'est justement cela que j'ai retrouvé : de la douceur. Comme ce fut le cas lors de ma lecture de Sully Prudhomme, j'ai enfin (re)découvert le plaisir que peut procurer la lecture de poésie : plaisir des rimes, des mots qui s'enchevêtrent et provoquent une multitude d'émotions, souvenirs qui remontent à la surface grâce à un vers et qui ne vous quittent plus…
Tassanie All affirme d'ailleurs dans son introduction : « J'ai toujours aimé la poésie, mais je la préfère en musique. Alors, elle devient chanson. Et en lisant un poème, notre esprit crée une mélodie, unique, qui nous appartient, qui nous berce, et qui nous transporte. »
C'est un peu ce que j'ai ressenti à la lecture de ces poèmes : comme une douce musique venue me chuchoter à l'oreille les vers que mes yeux parcouraient.
C'est presque étonnant pour moi de constater à quel point j'ai apprécié ces poèmes. Surtout qu'après « Les Vaines Tendresses », cela fait deux recueils de poésie qui m'ont plu. Je ne pense pas avoir évolué tant que cela en tant que lectrice ; je crois plutôt avoir lu les bons poètes au bon moment.
La poésie de Tassanie All est très douce mais en même temps très actuelle. Les mots utilisés sont simples et atteignent directement celui qui les lit. On n'est pas plongé dans des rimes désuètes, qui donnent l'impression de devoir être dépoussiérées avant d'être comprises.
Que vous soyez fan de poésie ou réfractaire à ce genre de littérature, ces Poèmes libres devraient vous plaire. N'hésitez donc pas à vous plonger dans cet ouvrage, je le recommande vivement.

L'auteur de ce recueil est aujourd'hui étudiante en faculté de langues. Il s'agit pour elle d'un premier volume de poésie, un deuxième devrait prochainement paraître sur la plateforme bookelis. (On pourra se tenir au courant en consultant le blog : http://www.bookelis.com/poesie/1211-pomes-libres-ou-le-voyage-dans-les-myriades-i.html)
Les sujets d'inspirations ne manquent pas à Tassanie, des idées, des objets, des sentiments, des histoires… auxquels elle s'essaie à donner corps avec la touche qui lui est personnelle.
Ces sujets donnent lieu à une flânerie parmi les pensées, envies, joies, douleurs, peurs, tristesses, d'une voix neuve et chaleureuse, authentique, sincère. le monde dépeint par Tassanie est un monde « plein de souffrances et d'optimisme à la fois. » Et cela se décèle dans le contenu de ses poèmes, teintés de mélancolie. On peut dire qu'elle partage quelques affinités avec Maupassant, pour lequel la vie au fond était une grande tristesse ou encore avec Proust, dont le regard était toujours mélancoliquement tourné vers le passé.
Le poème « le petit bureau japonais » (à paraître dans la publication du Tome 2 des Poèmes Libres en Janvier prochain) rappelle par certain côté le conte De Maupassant intitulé « La Chevelure »
Ces poèmes, d'où s'écoule une douce musique, invitent à une lecture et à une relecture, car ils vont au-delà d'une simple description formelle et contiennent une sensibilité vraie et trouble, que le lecteur doit laisser peu à peu affleurer jusqu'à sa conscience.
Pour autant, il ne s'agit que d'un premier recueil, et l'on peut imaginer que la progression artistique de l'auteur n'en est qu'à ses prémices, qu'elle ne manquera pas de s'affirmer et de s'affiner au fur et à mesure que s'accumuleront expérience de la vie et écriture.
Tassanie a comme projet de faire d'autres livres; c'est un auteur qu'un amoureux de poésie se doit au moins de découvrir; il pourra ainsi goûter à une saveur nouvelle, et en faire, peut-être, un parfum favori.