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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avant toute chose, une donnée m'interpelle : Alphonse Allais.
Bien que cet auteur soit relativement oublié pour ses oeuvres aujourd'hui, (on ne le connait plus qu'à travers quelques sorties dignes d'être citées aux "grosses têtes") alors que certains de ses écrits méritent une lecture sinon attentive, au moins indulgente.
Tout ceux d'un certain âge (eh oui !) Se souviennent du film "Ni vu ni connu", avec Louis de Funès, et qui donne le ton de la plaisanterie.
Le livre, finement écrit, offre une peinture intelligente d'une civilisation rurale, à la fois conservatrice et révolutionnaire, d'une administration serrée dans ses convictions.
Tout cela emploie bien sur le mode "caricature", mais, tel "clochemerle", il faut positionner ce genre de bouquin à son niveau.
Et ce niveau est respectable.
Personnellement, je passe un bon moment à lire ce genre de roman, même s'il faut bien avouer quelques longueurs.
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J'ai voulu commencer l'année par un livre que j'ai téléchargé sur ma liseuse, un livre que je connaissais de nom depuis des années, ne serait-ce que pour avoir vu son adaptation cinématographique, relativement fidèle, il faut bien le dire.
Je retiens en premier le sens de l'humour de ce narrateur, qui épingle les travers de tout ce petit monde. Il ne s'agit jamais du regard dédaigneux du parisien sur les provinciaux, mais du regard acéré porté sur la petite bourgeoisie étriquée et conservatrice. Je vous rassure : les révolutionnaires et les aristocrates ne sont pas non plus valorisés (à plus forte raison s'ils sont opportunistes et/ou myopes).
Blaireau est clairement le bouc émissaire de cette micro-société plan-plan, où surtout rien ne doit bouger – 18 révolutionnaires pour 10 000 habitants, c'est presque trop dérisoire pour être vrai. Il faut dire qu'il dérange, lui qui ne travaille pas, mais n'est pas non plus rentier, lui qui se moque presque ouvertement du garde-champêtre et fournit le magistrat en gibier quand la chasse est fermée. Victime d'une situation absurde, symbole d'une justice expéditive et d'une bureaucratie obtuse, Blaireau se révèle particulièrement débrouillard. Il n'est pas le seul, et ce n'est pas une certaine Alice, qui aime les bluettes, qui me dira le contraire.
L'affaire Blaireau, ou comment une erreur judiciaire peut se révéler judicieuse.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Qui sait encore que le film “Ni vu ni connu” avec Louis de Funès est tiré d'un roman d'Alphonse Allais? On y retrouve Blaireau, bien sûr, et Barju, le gendarme idiot, ainsi que le notables de cette petite bourgade évoquant Clochemerle. Pas de professeur de piano amoureux d'Arabella : il est ici prof de gymnastique. Pas de concours de pêche, morceau d'anthologie du film.

La plume d'Alphonse Allais est aiguisée : féroce critique de l'administration et de sa logique parfois absurde

Un superbe style également : on peut certes dire qu'une nuit sombre permet de commettre discrètement des méfaits mais on peut aussi le dire ainsi :

“Lamentables pour un amateur de cosmographie, les conditions météorologiques de ce firmament sont de celles qu'accueillent avec ferveur tous les gentlemen dont le travail emprunte quelques danger à être exécuté, non seulement au grand jour, mais encore au plus discret ds clairs de lune“
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Le maire de Montpaillard oeuvre pour la tranquillité de cette petite ville de province, conforme à son propre conservatisme et garante selon lui de son succès. Blaireau, braconnier notoire, a toujours su échapper à la justice pour les méfaits réels ou supposés que lui prête le maire.

Une agression survient de nuit dans le village. Blaireau n'est-il pas le coupable idéal ?

Ce roman se lit comme une pièce de théâtre. L'auteur plante le décor puis y fait dialoguer ses protagonistes, tous affublés de traits de caractères nets et peu nuancés : un maire conservateur et peu ouvert d'esprit, un Blaireau débrouillard et opportuniste, un avocat dans lequel on peut y reconnaître quelques hommes politiques célèbres, des femmes sentimentales à l'extrême ou au contraire aux moeurs très légères.

L'agression précitée et de nombreux quiproquos viendront troubler la bonne marche de cette société, dont les coutumes et les personnages principaux sont ainsi tournés en dérision. Malgré le recours à la caricature, le propos reste fin et sobre. le livre est de ce fait amusant et agréable à lire. La couverture de l'édition Librio montre qu'une adapatation cinématographique en a été faite. le choix de l'acteur me laisse penser qu'elle n'a probablement pas conservé la finesse de ton qui fait l'intérêt du livre.
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ISBN : 978-1507528488

Alphonse Allais, que son père destinait à reprendre la pharmacie ancestrale à Honfleur, préférait de beaucoup les mots (si possible d'esprit) au préparations médicinales. Voilà pourquoi on lui doit un certain nombre de livres (aphorismes, petites nouvelles comiques, farces même, le tout saupoudré çà et là de quelques allusions salaces mais toujours dotées d'une certaine élégance : si vous vous rappelez la nouvelle du monsieur qui va se faire tailler un pantalon chez son fournisseur attitré, vous voyez ce que je veux dire ... ) Nous lui devons entre autres une petite pochade assez courte (pas même 150 pages), primitivement intitulée "L'Affaire Blaireau" et que, en 1958, Yves Robert adapta pour le cinéma avec, dans le rôle principal, l'inénarrable Louis de Funès en braconnier rusé et prêt à mener jusqu'à l'asile psychiatrique toutes les autorités de la région.

Le film, s'il conserve la trame du roman, nous n'en parlerons pas ici, hormis pour souligner qu'Yves Robert avait très bien compris qu'il fallait souligner le côté un peu "potache" de l'original. C'est, en tous cas, l'une des interprétations de de Funès qui démontre cette finesse que l'acteur cachait sous son manteau de comique et qu'il remet à l'honneur dans un film tout à fait différent et qui, lui, est un vrai chef-d'oeuvre, signé Claude Autan-Lara : "La Traversée de Paris" où, aux côtés d'un Gabin rugissant et d'un Bourvil mi-affolé, mi-frétillant de plaisir, il est l'horrible épicier Janvier, qui fait du marché noir et emploie une jeune Juive portant l'étoile jaune comme servante non-payée, cela va de soi en cette sinistre époque ...

Revenons donc au roman qui symbolise au choix le triomphe de l'anarchie bon-enfant sur un Système qui, bien que différant dans maints détails de celui que nous conspuons tous les jours (après tout, l'action se passe sous la IIIème République), se révèle toujours aussi absurde, aussi rigide et aussi stupide que nous le décrivait vers la même époque un certain Georges Moineau, mieux connu sous le pseudonyme de Georges Courteline - ou alors tout son contraire.

Posons le décor : un petite ville de province créée sous Henri IV et qui doit sans doute à cette coïncidence de s'appeler Montpaillard. Une petite ville tranquille où l'on ne compte que dix-sept ... hum ... hommes de gauche, que notre écrivain dénomme ironiquement "les révolutionnaires." Hantise du maire en place, M. Dubenoît, qui veut que "sa" ville reste calme et plus encore repasser aux prochaines élections, nos dix-sept "révolutionnaires", avec l'avocat Guilloche à leur tête, vont monter ce qui restera comme l'"Affaire Blaireau." Blaireau, pour sa part, n'a pas d'opinion politique et appartient à l'espèce des un paisible braconnier, maigre et plus sec qu'un sarment, dont le grand ennemi - profession oblige - n'est autre que le garde-champêtre, Parju.

Or, voici qu'une nuit plus noire que la Déesse de la Nuit elle-même, notre garde-champêtre se voit non seulement agressé mais encore délesté de sa plaque de brave et honnête fonctionnaire rural par un inconnu particulièrement agressif, qu'il essayait de cueillir à la base d'un mur que ledit inconnu venait d' (ou qu'il cherchait à) escalader. Bien que, au coeur de ces traîtresses ténèbres, l'agresseur ne soit pas reconnaissable, sauf peut-être pour un devin extrêmement doué, genre Pierre Dac dans le rôle du Sâr Dîn, le maire, tout tremblant à l'idée du scandale qui pulvériserait la tranquillité de "son" Montpaillard si l'inconnu du mur se révélait une personnalité de la ville (on ne sait jamais : crise de folie, désir tout simple de faire de la gymnastique sous les étoiles, même s'il n'y en a pas ...), fait jurer au malheureux Parju, brave homme au fond mais réglement/réglement, qu'il a été rossé et détroussé par ... Blaireau.

Et revoilà notre Blaireau, personnage goguenard et assez philosophe, il faut bien le reconnaître même si son instruction laisse à désirer, en prison, une prison dont le tout nouveau directeur, M. Bluette, est un progressiste aimable et rêveur qui a échoué là parce qu'il s'était fait ruiner par une demi-mondaine, Alice, devenue depuis Delphine de Serquigny, qui l'a abandonné (mais dans les règles, en gentlewoman ;o) ou presque et ils sont restés bons amis) pour un micheton plus âgé mais financièrement plus sûr et doté, celui-là, d'une particule.

Ayant quelques jours à perdre, son micheton étant parti à la campagne, Delphine-Alice choisit justement cette période plutôt délicate pour s'en venir dire bonjour à son vieil ami Bluette tandis que, de son côté, la "jeune fille bien" qu'est Arabella de Chaville, trente-trois ans très précisément et donc promise, à cette époque, sauf miracle, à l'éternel statut de "vieille fille", se révèle d'une part fort troublée par le rapprochement qu'elle a établi entre une foule de lettres enflammées reçues de la part d'un amoureux anonyme et qui évoquaient entre autres un certain mur, et d'autre part par l'emprisonnement du dénommé Blaireau ...

Le reste, vous le trouverez en format poche ou en liseuse et j'espère bien que, à défaut de vous faire rire aux éclats, il vous arrachera au moins quelques sourires. La critique sociale, bien qu'effleurée plus qu'autre chose, est bien là, la psychologie des personnages cohérente, les dialogues "allaisiens" et l'essentiel n'est-il pas de s'amuser ? Cette IIIème République qui finira dans les griffes de Pétain et de l'Occupant n'en est ici qu'à sa Belle Epoque - je ne crois même pas que la Grande guerre se profile déjà. L'ensemble se rapproche de Feydeau mais s'affine en quelque chose de franchement plus courtelinesque et l'on sent tout de même un certain sérieux sous ce qui ne se veut qu'une simple pochade.

Bien entendu, lisez "L'Affaire Blaireau" - ça ne vous prendra pas longtemps - et, si vous le pouvez, visionnez le DVD "Ni Vu, Ni Connu." Les occasions de rire et de sourire ne sont pas si nombreuse que cela en cet automne qui laisse présager un hiver rude s'ouvrant lui-même sur une année bien énigmatique ... Dès que j'en trouve le temps - eh ! oui, les aiguilles tournent - je vous mets deux extraits à la place habituelle. ;o)
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Mon premier Allais!
Je l'ai dégusté, comme un met délicieux et raffiné.
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Dans un mignon petit village, Blaireau est un contrebandier tout ce qu'il y a de plus respectable : aucun problème, du gibier en toutes saisons, même pour les plus hauts fonctionnaires, tout va bien. Dans ce mignon petit village demeurent un notable et une belle vieille fille, un peu romantique sur les tempes. Comme chaque semaine, plusieurs fois par semaine, elle suit ses cours de gymnastique, donné par un homme a priori peu gymnaste mais dans le besoin. La malheureuse qui se languit en attendant son prince ne voit pas l'amour dans les yeux de son professeur. Elle n'imagine pas ce dernier dans les lettres qu'elle reçoit régulièrement et qui l'enflamment. Puis c'est le drame : un homme est vu en train d'escalader le mur de clôture du château où demeure la vieille princesse. Blaireau est suspecté, parce que cela arrange les autorités du coin. Il est incarcéré pour les mêmes raisons.
L'écriture de Daudet est décidément sémillante. Sa critique de la justice est particulièrement fine dans cette « blague » judiciaire, celle de la société bourgeoise l'est tout autant. Il sait écrire de façon mordante un conte léger en apparence.

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D'Alphonse Allais, je connaissais surtout les contes, hilarants, décalés. Son roman est dans le même ton. Il ne respecte rien et surtout pas les puissants. Il s'en moque gentiment, ce n'est pas méchant mais toujours ironique, sarcastique et très drôle. Dans ce roman, on sent bien où vont ses sympathies, plutôt vers ceux qui vivent, qui osent quitte à se mettre les bien-pensants à dos. Et comme toujours chez lui, l'écriture est élégante, même dans l'humour. On ne s'esclaffe point, mais le sourire est toujours au coin des lèvres.

Peu de description, il s'en explique dans une lettre à Tristan Bernard -auquel le livre est dédié- en exergue : "Tu remarqueras d'abord que les descriptions y sont très brèves, et que l'on n'y insiste sur l'aspect général des nuages, arbres et verdures de toute sorte, sentiers, lieux boisés, cours d'eau, etc., que dans la mesure où ces détails paraissent indispensables à l'intelligence du récit. En revanche, le plus grand soin a été apporté au dessin (outline) et à la peinture (colour) des caractères." Beaucoup d'auteurs contemporains devraient lire, relire, s'inspirer voire respecter ces quelques lignes, que de pages longues et ennuyeuses évitées et que de densité gagnée. Dans cette lettre, il continue son explication, non sans humour : "D'autre part, l'intrigue (plot) est entrecroisée avec tant de bonheur qu'on la dirait entrecroisée à la machine ; or il n'en est rien. Quand au style (style), il est toujours noble et, grâce à des procédés de filtration nouveaux, d'une limpidité inconnue à ce jour." (p. 3)

Et c'est vrai que la part belle est faite aux personnages, tous aussi caricaturés les uns que les autres. L'écrivain en étant lui-même un, car il ne se prive pas d'intervenir, d'interpeller les lecteurs, pour expliquer tel événement, pour dire que là, il laisse volontairement un vide ou qu'au contraire il remonte le temps... Enfin, bref, que du bon et du drôle.
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