Citations sur Vivre à l'endroit (52)
J’ai l’impression de pénétrer dans un espace protégé, où tout devient possible, y compris la guérison des souffrances les plus irréductibles. Comme si ceux qui vivaient là avaient accès à des pratiques hermétiques et aux secrets les plus enfouis.
Le mensonge fait partie de ma vie depuis toujours. Enfants, ma sœur et moi l’avons ingurgité sous toutes les formes, banales, quotidiennes ou plus flamboyantes, et il est devenu, petit à petit, un membre à part entière de la famille, un ami qui mange tous les jours à notre table. Sans lui, rien n’aurait tenu entre nos parents. C’était une façon d’être, de se relier, de gagner du temps, de survivre.
Et derrière les apparenc es cossues et bourgeoises d’une vie de privilèges dus à la célébrité de mon père, derrière la beauté et le charme de ce couple parental, une machine de guerre invisible avalait inlassablement tout ce qui passait à sa portée, détruisant petit à petit le tissu familial, ennemi planté au cœur de la place depuis toujours.
L’amour, bien sûr ! Malheureusement, ce mot abstrait ne semait en moi que de la confusion. L’amour, je l’avais vu en action. Mes parents y avaient joué. Ma mère y avait cru. Le dernier acte de la pièce l’avait effacée du tableau, comme si elle n’avait jamais existé.
Je ne la veux ni trop sexy ni trop évidemment belle. Il faut quelqu’un qui respire le mystère, pas une bimbo. Petit à petit, à travers les échanges de mails, mais aussi grâce à cette photo, elle doit prendre l’ascendant sur lui, le mener en bateau, réduire à néant ses repères pour s’introduire jusque dans ses failles, sans qu’il se doute de quoi que ce soit. De toute façon, elle lui sera toujours inaccessible.
Je ne la veux ni trop sexy ni trop évidemment belle. Il faut quelqu’un qui respire le mystère, pas une bimbo. Petit à petit, à travers les échanges de mails, mais aussi grâce à cette photo, elle doit prendre l’ascendant sur lui, le mener en bateau, réduire à néant ses repères pour s’introduire jusque dans ses failles, sans qu’il se doute de quoi que ce soit. De toute façon, elle lui sera toujours inaccessible. C’est ça qui est drôle.
Marcher est pourtant, comme me le répétait inlassablement mon père, signe d’ouverture sur le monde, sur les autres. Quand nous avions la chance d’avoir droit à son illustre compagnie, entre deux tournées à l’étranger, il adorait nous emmener marcher.
Je déteste l’avion, ce petit espace clos, là-haut, dans le ciel. On y est livré corps et âme à quelqu’un d’autre, qui décide de votre sort. Et au bout de quelques heures beaucoup trop longues, hop, l’avion vous expulse dans un monde où vos repères n’existent plus.
Le fait d’avoir eu des filles lui a octroyé le droit de les dépecer à sa guise, pour combler le manque d’amour reçu. De sa mère. De son mari qui l’a humiliée pendant des années. Il faut bien avoir quelqu’un sous la main à qui faire payer.
D’année en année, j’ai vu se dessiner les contours d’une mère imprévisible, aux humeurs changeantes, avec qui toute interaction pouvait tourner en déflagration en un quart de seconde. Une mère fêlée. Peut-être pas cliniquement folle. Mais quand même.