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EAN : 9782372242356
120 pages
Les Editions des Tourments (15/07/2020)
4.55/5   10 notes
Résumé :
Les médias évoquent bien plus souvent la souffrance des agriculteurs ou des éleveurs situés en zone rurale que la souffrance vécue par leurs enfants témoins parfois de l’impensable.

Annaëlle, 16 ans, fille d’éleveur porcin, raconte le quotidien de sa famille via le prisme d’une télévision allumée, pratiquement jour et nuit, par son père dépressif.

Une télévision qui se pose comme une interface entre le réel et l’imaginaire à certaines ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Attention ! Gardez vos nerfs bien accrochés pour ce récit palpitant et sombre ; un récit qui n'est pas à conseiller aux âmes sensibles. Prêts ? C'est parti…

Intense

La maison sur l'herbe amère est un texte court d'une rare intensité. En plus de mettre en scène des personnages saisissants et intrigants, l'histoire plante son décor en plein dans la crise des agriculteurs français, au sein d'une famille qui souffre malheureusement des nouvelles lois dues à l'ouverture des esprits sur l'environnement. Un texte riche, prenant, haletant, à la chute fracassante ! Et encore ! le mot reste bien faible face à l'ampleur des derniers mots de l'ouvrage.

Que ceux qui ont lu le texte et senti venir la fin se désignent ! Personne ? Mieux encore, que ceux qui se sont rapidement remis de la chute le notent en commentaires ! Personne non plus ? C'est plutôt rassurant en un sens.

De nombreux indices se glissent dans les pages. Pourtant, nos yeux ne les repèrent que lors d'une seconde lecture, quand le verdict est déjà tombé.

La maison sur l'herbe amère fait partie de ces pépites rares qui nous enchaînent déjà dès les premières pages, qui nous séduisent scène après scène, qui nous pétrifient devant l'horreur du décor, et qui nous terrifient lorsque tous les éléments s'imbriquent. Bravo à l'auteur Beaudour Allala pour ce coup de maître inattendu !

Comme quoi, il est possible de marquer les esprits, peu importe la longueur du texte. C'est ce que l'on attend finalement de tous les romans aussi réalistes que celui-ci. Une histoire qui nous prend aux tripes. Une intrigue que l'on ne parvient pas à lâcher avant de l'avoir terminée.

De sacrés personnages

La vie de famille décrite dans le roman ressemble à toutes les autres et en même temps à aucune autre. Les trois jeunes filles doivent combattre toutes les méchancetés des autres étudiants, en plus de leurs complexes personnels et liens difficiles entre soeurs ; la mère de famille rêve d'une vie plus trépidante, loin de la puanteur des élevages de cochons, et d'un mari dépressif ; quant au père, il se démène pour que ses enfants et sa femme vivent dans le confort, sans pour autant réussi à vaincre ses démons intérieurs ou ceux que lui mènent la justice.

Rapidement, le lecteur s'attache à la narratrice, la cadette de la famille. Son caractère cynique, trop tôt pour son âge, ses expressions parfois crues et pleines de vie, ou sa vision noire d'un monde qui la dégoûte, nous parlent et nous font réagir. Elle nous partage ses souffrances, ses questionnements et ses réflexions. La suivre reste agréable tout du long. A travers ses yeux, l'histoire prend un tournant dramatique et intrigant, que ses autres soeurs n'auraient pu apporter.

Tous les autres personnages paraissent véritables, palpables. L'auteur nous offre des caractères authentiques, des individus que l'on a l'impression d'avoir déjà croisés au cours de notre existence. On les plaint, mais on les admire aussi. Ils nous attristent par endroits, tout en nous transmettant cette force qui les fait vivre. Puis, on les déteste aussi parfois. Toutes les émotions s'entremêlent.

De plus, le rythme bien cadencé des scènes apporte à l'ouvrage une fluidité au poil ; La maison sur l'herbe amère se lit vite et sans effort. le lecteur se laisse volontiers happé.

Percutant

Récit contemporain et visions désoeuvrées dans un paysage campagnard malmené ; une famille banale avec des problèmes courants, pour une histoire touchante, et un résultat atypique. Une atmosphère d'enquête policière, une ambiance sinistre pour un message marquant et percutant. Des messages politiques sans pour autant s'y attarder ; des drames familiaux sans pour autant s'en contenter.

La maison sur l'herbe amère nous étonne par la diversité de son univers et par toutes les phases que le récit nous force traverser. On ne ressort pas indemnes de cette lecture fascinante, qui prend un tout autre sens une fois la chute dévoilée. Un roman pour les curieux et pour ceux qui n'ont pas froid aux yeux !

Cela reste une histoire néanmoins violente, perturbante, plutôt dirigée vers un public averti ou moins sensible, qui présente des tableaux intenses, dans un contexte contemporain qui tient tout de la triste réalité de notre société. On retient un message lugubre qui ne laisse pas présager d'un futur lumineux, et un auteur talentueux qui nous prouve que l'humanité n'a pas sa pareille pour rêver et créer.

[Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=52239

J'ai mis la note de : 19/20]
Lien : http://www.lavisqteam.fr/?p=..
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😊 A la découverte de 😊
La maison sur l'herbe amère de Beaudour Allala
Éditions des Tourments

Merci aux Éditions des Tourments pour cette découverte.

Un livre court mais percutant qui nous entraîne dans une famille d'agriculteurs en pleine déroute. Éleveurs de porcs en Bretagne, le famille croule sous les dettes et les déceptions. Anaëlle, ses deux soeurs et ses parents vont nous livrer un quotidien dur et implacable.

Le père d'Annaëlle n'arrive plus à maintenir son exploitation agricole à flot: concurrence des pays européens, suspicion de pollution de la rivière due au lisier... Peu à peu il doit se résoudre à vendre des parts de son exploitation et revoir à la baisse ses idéaux. Croulant sous les dettes et les mauvaises nouvelles, l'agriculteur lâche petit à petit son travail pour laisser sa femme et ses filles gérer le travail à la ferme à sa place.
Seul rayon de soleil pour ces filles et leur mère, Mashal, un réfugié afghan travaillant sur une exploitation voisine et qui prend à coeur les déboires de cette famille.

Le récit est celui d'Annaëlle, cadette dans cette fratrie de trois filles. Elle aurait tant aimé être le fils espéré par son père ! C'est une jeune fille qui se cherche, dans sa vie comme dans sa famille.
Son regard, à la fois naïf et réaliste, nous dépeint cette vie de déboires et de désillusions. Elle assiste impuissante à la débâcle familiale sans forcément en comprendre tous les enjeux.

C'est un livre dur, brut, sans fioritures, qui nous étale misère et désespoir, ce lent poison qui s'infiltre jusqu'à rendre stérile toute possibilité d'espoir et de renaissance.
Ce récit fait écho au désespoir des agriculteurs qui ne parviennent pas à vivre de leur travail, aux nombreux suicides qui ont parsemé l'actualité.

L'auteur a su nous entraîner dans son récit sombre et dur. Pourtant parfois on a envie de croire à une étincelle de bonheur et d'espoir au travers Annaëlle.
On est accroché jusqu'au final, pensant trouver des pistes, et pourtant rien ne me préparait à cette chute!

Une lecture intéressante et percutante. le sujet n'est pas gai mais j'ai été entraînée dans cette histoire lue en une soirée.
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Ce livre agit comme un aimant, je l'ai abordé pour lire quelques pages et je l'ai dévoré d'une traite avec une seule envie : le relire immédiatement ! L'auteur nous entraine dans une illusion infernale où à travers le regard d'une adolescente campagnarde, nous vivons au coeur d'une famille d'éleveurs de porcs désillusionnée, subissant la maltraitance de l'opprobre médiatique, pourtant captivée par l'espoir d'être élue par ces « marchands de rêve » pour sortir de l'impasse. Apreté d'une société sans pitié qui assène ses coups à tout ce qui est désigné comme bouc émissaire : une jeune fille aux formes qui ne se moulent pas aux premières pages des magazines, un éleveur de porc condamné par le paradoxe du consommateur de discount mais aboie avec la meute sur ces éleveurs de production de masse, … une âpreté qui rend l'herbe vraiment amère. Et pourtant, dans ce qui pourrait paraitre totalement déprimant, sans espoir, une lueur venue d'ailleurs, d'un ailleurs où l'âpreté a le goût de la guerre, une lueur offerte par ce réfugié afghan dit « l'arabe » viendra repeindre en couleur cette maison de grisaille soudainement tachée de rouge. Nous sommes entrainés dans un tourbillon qui nous fait perdre la tête, troublant notre lucidité au point de devenir le jouet de l'auteur !
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Dans ce roman noir de 120 pages, l'auteure a su retranscrire un condensé de malheur et de souffrance avec brio.
Vous vous prenez l'histoire de cette famille en pleine figure au fil des pages et ça fait mal !

*****
Bienvenue chez Anaëlle, une adolescente, qui vit avec sa famille dans une ferme en Bretagne.
Cela aurait pu faire rêver s'il n'y avait pas eu cette succession de poisse. le père d'Annaëlle avait jadis une exploitation d'élevage de porc Label Rouge et depuis qu'il a perdu cette certification on peut dire que les ennuis s'accumulent. A tel point qu'il a baissé les bras et c'est la mère d'Annaëlle qui va prendre en charge la ferme pendant que celui-ci s'occupe de sa dépression… et de son chien.
Annaëlle va apprendre à se débrouiller seule pour alléger le fardeau de sa mère. Autant dire que l'ambiance à la maison n'est pas folichonne. Elle aurait pu se ressourcer à l'école avec ses camarades, prendre du bon temps avant de retourner à la maison mais ce ne sera pas le cas parce que pour Annaëlle la vie à l'extérieur est aussi pourrie qu'au sein de son (doux) foyer. Baignant dans la misère en permanence, on ne peut pas dire que ce soit une célébrité à l'école, elle fait plutôt partie de la bande des pouilleux, des ratés, à son grand dam. Elle va l'apprendre jour après jour.
Ses parents attendaient avec impatience la venue des caméras de télévision avec l'émission « Tous ensemble » qui avait eu lieu le mois précédent dans la région voisine. Alors oui, les caméras vont venir jusque chez eux mais ce ne seront pas celles qu'ils attendaient et alors que leur vie était déjà au bord du précipice cet évènement va les plonger au fond du gouffre.

*****
Avec beaucoup de justesse et d'émotions, Beaudour ALLALA nous raconte le déclin de cette vie rêvée, de cette vie qui avait tout pour être merveilleuse.
Ses personnages sont forts, émouvants, ils ont tous une réaction différente face au traumatisme qu'ils vont subir. Vous ne pourrez pas ressortir indemnes de cette lecture tant leur souffrance vous explose à la figure.
L'auteure nous fait part d'une réalité palpable : j'ai l'odeur du lisier dans le nez, j'ai de la boue sur mes chaussures, j'entends les couinements des cochons. Et j'assiste impuissante à cette dégringolade humaine. Les lueurs d'espoir qui s'y trouvent sont éphémères.
Le quatrième de couverture nous promet une chute percutante et inattendue je peux vous affirmer que c'est le cas.
Dans cette histoire, la Bretagne ne vous fera pas rêver. Vous fermerez ce livre désolés de ne pas avoir pu les aider. Cette histoire me reste malgré tout dans l'esprit et je ne peux m'empêcher de penser au quotidien des agriculteurs aujourd'hui.

Une fois cette lecture terminée vous ne pourrez qu'apprécier tout ce que vous avez et relativiser tout manque éventuel.
Lien : https://www.facebook.com/les..
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Quelle histoire, quel récit, quels rebondissements et quelle fin ! Un bon roman noir, comme je les aime !
Beaudour nous emmène à travers la détresse de Annaêlle, caresser voire plonger dans la détresse de tout un monde (agricole), une région (Normandie) et une époque (la nôtre) où les repères s'effacent au profil de nouveaux qui peinent à s'installer et où les valeurs se contredisent. Ce monde qui a raté sa transition pour allier écologie, économie et valeurs humaines. Enfin, c'est mon ressenti et interprétation.

Une chose est sûre, C'était Hilarant, sensible et poignant…. C'était un régal !
Merci Beaudour !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le mal-être est palpable, jusque dans les soupirs de ma mère qui cherche à respirer, comme on cherche à sortir la tête de l’eau. Elle finit toujours par ouvrir les fenêtres pour volontairement créer des courants d’air qui ne parviennent qu’à faire claquer des portes, seules à pouvoir gueuler leur ras-le-bol.
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Chez moi, ce sont les mobiliers et les bêtes qui sont mis à contribution pour s’exprimer à notre place ; que ce soit la télévision allumée vingt-quatre heures sur vingt-quatre ou les aboiements du dogue allemand grognant constamment contre l’ennemi imperceptible, détectant l’ultrason des non-dits de cette famille fantôme.
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Moi Annaëlle, seize ans, l’air morose ;
Lui, Pierrot, vingt, ses yeux brillaient !
Je ne vis qu'il était beau
Qu'en sortant des grands bois sourds.
Soit, n’y pensons plus ! me dis-je.
Depuis, j'y pense toujours.
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Elle attendait on ne sait quoi, derrière cette fenêtre donnant toujours sur la même nature morte d’un peintre qui avait oublié que le vent pouvait faire bruisser les feuilles.
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