Par où commencer ? Par le début, peut-être. En fait, je dois vous avouer qu'après avoir lu quelques pages, j'ai été pris d'une sensation agréable. J'ai rapidement apprécié la qualité d'écriture de l'auteur et l'atmosphère qui se dégageait de ces premières pages. Je n'ai pas eu besoin de lire plus d'un chapitre pour savoir que j'avais affaire à un ouvrage de qualité. Ce qui m'arrive de temps en temps quand je lis un livre, et ce qui me rassure quant à la perspective de devoir engloutir une certaine quantité de mots. Ce qui me permet de soulever un deuxième point : la densité du récit. D'emblée de jeu, l'auteur nous a offert des descriptions détaillées et soignées de l'environnement qu'il posait, pierre après pierre. Et je dois dire que c'est le gros point fort du roman.
En effet, si je n'ai pas lu à une cadence infernale car il m'a fallu parfois digérer l'avalanche d'informations que j'ai dû assimiler, je me suis totalement immergé dans l'ambiance de l'antique Rome. L'auteur a tellement soigné son souci du détail, du réalisme allant jusqu'à peaufiner les décors des contrées de l'époque, que j'ai vraiment eu l'impression de voyager à cette époque de l'histoire du monde occidental. À tel point que je me suis demandé si
Alexandre Allamanche n'avait pas été un citoyen de l'Empire Romain dans une autre vie. La justesse des informations allié au souci de la vraisemblance de tous les éléments mis en évidence (cadre naturel, tenue vestimentaire, traditions, etc...) est telle que l'on ne peut être que happé par la rigueur du monde romain.
Maintenant que cela est dit, je peux évoquer le fond de l'histoire qui se divise en deux parties principales, précédées les deux par un préambule ayant pour but de couronner le personnage principal de ce roman à la tête de l'empire Romain : Marcus Ulpius Trajanus. L'auteur utilise intelligemment la nomination de ce nouvel empereur pour présenter rome, les fonctions de l'empereur ou du sénat et le climat qui règne autour de ce poste. Ensuite, rapidement, on est plongé dans l'ivresse de la guerre et l'empereur n'a pas le temps de se reposer sur ses lauriers qu'il se pare de la tenue militaire et va accompagner ses hommes jusqu'au combat. Il lui a suffi de prendre une décision pour qu'un ennemi, considéré comme barbare, ne décidé de s'opposer à la domination romaine, considérée par lui et ses pairs comme étant invasive.
Si Alexandre a eu ce souci du réalisme au niveau des descriptions, il est également allé à pousser le vice jusqu'à s'approprier une grande partie de la guerre des Daces, un peuple qui a donné du fil à retordre aux amis d'Astérix et d'Obélix. En effet, de nombreuses références historiques justes et l'histoire se calque donc sur le véritable parcours de l'empereur Trajan. Un joli tour de force sachant que s'appuyer sur des faits historiques est une chose, mais parvenir à romancer le tout en respectant la réalité de ces mêmes faits en est une autre. Certes, je n'ai pas les connaissances suffisantes pour affirmer que l'auteur a réussi à esquisser un récit fidèle en tous points à la réalité. Toutefois, d'après les recherches que j'ai effectuées en cours de lecture, je pense pouvoir dire qu'il s'en est extrêmement bien sorti sur ce plan-là.
Cependant, son constat est surtout valable pour la première partie du récit. Pour la suite, il a accordé plus de confiance et de liberté à son imagination avec la trame qu'il a offerte à l'empereur Trajan en personne, tout en continuant de suivre fidèlement la chronologie de l'ancien souverain. Je préfère ne pas trop en dire concernant cette seconde moitié de l'histoire, mais, je dois vous avouer que j'ai plus été captivé par la première alors qu,e pourtant, pour la seconde partie du roman, l'auteur a mijoté une aventure plutôt exaltante. Je ne saurais dire ce qui a fait que je me suis plus senti accroché par la première période de la vie d'empereur de Trajan que par la seconde.
Du reste, la plume d'Alexandre est élégante, soignée et prend le soin de creuser les traits et la personnalité de chaque personnage que croise Trajan. Rien n'est laissé au hasard. Une plume méticuleuse et patiente, je dirais, mais non moins agréable à lire. Qui demande tout de même à être un peu allégée par moments, à mon goût. Mais n'oublions pas, si je ne m'abuse, qu'il s'agit d'un premier roman ! En outre, on a vraiment senti que le narrateur est demeuré volontairement omniscient, à l'image d'un conteur, se permettant de dresser un portrait relativement flatteur de l'empereur, il se retenant d'exposer son point de vue. Il s'est occupé de décrire le rôle d'un homme propulsé au sommet de la hiérarchie à une époque où les moeurs n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui. Où le fait de tuer des hommes paraissait légitime à partir du moment où cela servait la cause qu'ils soutenaient. Ce n'est peut-être pas la volonté de l'auteur, mais durant la lecture, à la suite de la guerre, je me suis quand même interrogé sur la raison de leurs conflits. Pouvoir, soif de conquête, un orgueil qui se cache derrière le rideau plus soyeux de l'honneur, richesses... Sont-ce vraiment des raisons suffisantes qui rendent légitime le fait de décimer des familles ? Les romains étaient-ils les gentils que le roman semble vouloir nous faire croire ? le roi Décébale était-il réellement le méchant de l'histoire ? Finalement, ce point demeure à éclaircir...
Néanmoins, je conclurais en précisant que ce livre se réserve à des lecteurs qui aiment un tant soit peu l'histoire et qui ne rechignent pas à enrichir leur connaissance de la civilisation romaine. Je rentre dans cette catégorie de lecteurs, ce qui fait que je suis sorti rassasié de cette lecture. Maintenant, je ne saurais conseiller ce livre à des personnages allergiques à l'histoire ou à la civilisation romaine... À moins que ce serait l'occasion de la vivre sous un autre angle et d'apprendre à l'apprécier ?
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