A comprendre au sens de l'Inquisition. La torture. Dans un état démocratique, même si certains se vantaient d'être les continuateurs de la Gestapo : la France. Dénoncée dès 1957 par cet ouvrage (et des témoignages dans divers journaux), à peine reconnue aujourd'hui. Et il est regrettable que les seules victimes entendues soient françaises ; les Algériens (ou Musulmans) en furent tout autant, sinon plus, victimes.
Et cette réalité atroce est dénoncée par un texte sobre, sans fioriture ni idéologie (Alleg faisait partie du Parti Communiste Algérien et était patron de l'Alger Républicain avant la clandestinité). Une sobriété qui rend plus insoutenable encore les pinces crocos branchées sur le corps, les coups, les simulacres de noyade (j'ai longtemps cru qu'il s'agissait de la dénonciation faite par un appelé témoin de tout cela). Cette violence était connue du gouvernement, tant en France qu'en Algérie ; vu le succès du livre (7 éditions en 4 semaines) personne n'était dupe...
Un témoignage coup de poing de la barbarie institutionnelle. A toujours avoir à portée de main...
« Une loi votée le 31 juillet 1968 en confirmation des deux décrets du 22 mars 1962 amnistie l'ensemble des infractions commises en Algérie par l'armée française et ses partisans. Cette loi prévoit dans son article 1 que « Sont amnistiées de plein droit toutes infractions commises en relation avec les événements d'Algérie. Sont réputées commises en relation avec la guerre d'Algérie toutes infractions commises par des militaires servant en Algérie. ».
La justice a tranché, mais la question reste. La question d'Henri Alleg, directeur de l'Alger Républicain, fut censuré quelques jours après sa parution en 1958. Henri Alleg fut arrêté en 1957 par les parachutistes du 10e DP, détenu et torturé dans la banlieue d'Alger à El-Biar pendant un mois. Il fut arrête au même moment que le mathématicien Maurice Audin, qui lui, fut porté disparu.
La question est posée et la blessure toujours ouverte. La mathématicienne Michèle Audin, fille de Maurice Audin refuse le grade de chevalier de la Légion d'honneur au motif que président de la République, Nicolas Sarkozy, n'a pas donné suite à la demande de sa mère ni même répondu à sa lettre au sujet de la disparition de son père. A t elle à ce jour reçu une réponse ?
Ce livre, comme le souligne Jean-Pierre Rioux « a pris rang dans la chaîne des oeuvres indispensables : celle qui disent tout simplement qu'on en vient à cultiver la peur et la mort dès qu'on a piétiné les valeurs fondatrices ».
Astrid Shriqui Garain
Ce livre est court. Heureusement, sinon je ne serai sans doute pas allée au bout. Alleg raconte ce qu'il a subi aux mains de ses compatriotes: Charbonnier, Erulin - un grand homme celui-là, commandeur de la Légion d'honneur-, Faulques etc. Il donne des noms et des actes : la gégène (électricité), asphyxie par noyade, tabassages, tortures psychologiques (sa femme, ses enfants).
A la fin de cette réédition Jean-Pierre Rioux fait le point sur les suites de l'ouvrage: son interdiction et sa réédition en Suisse, les poursuites contre les Editions de Minuit -abandonnées-, l'enquête sur les tortionnaires étouffée... "La torture s'inscrit au coeur de la République". Edifiant.
Les Editions de Minuit ont réédité un court récit d'Henri Alleg en forme de témoignage sur son expérience victimaire de la torture organisée et systématisée par l'armée d'occupation française en Algérie : "La Question" . Sa première édition date de 1958, juste après que l'auteur et journaliste ait probablement vécu les plus sombres journées de son existence. Ce texte fut saisi par les autorités françaises de l'époque, signe de son retentissement au moment de sa parution et de son importance politique puis historique. Evitant tout sentimentalisme, Henri Alleg expose crûment les souffrances infligées sans vergogne par des tortionnaires accoutumés à la violence gratuite et perverse, ce qui rend encore plus intolérable la lecture de ce témoignage. Ces scènes décrites de façon simple et froide par leur survivant mettent en valeur la résistance mentale d'un homme seul. C'est un combat permanent face à une force brute et sauvage sûre de sa puissance, c'est un hommage poignant pour tout ceux qui surent défendre l'idée d'une humanité fraternelle et libre. Une oeuvre indispensable pour ceux qui souhaitent comprendre la guerre d'Algérie.
Je m'interroge . . . Comment peut-on glorifier Jean Moulin et décliner à l'infini les horreurs de la seconde guerre.
Et tabouiser celles de la guerre d'Algérie ?
En tout cas je salue le courage d'Henri Alleg qui a su souffrir pour ces convictions !
Qui est Katabolonga ?