A la fin de la visite, je dis : "Bon, c'est bien, qu'il y a beaucoup d'intervenants, c'est bien" ; et là-dessus la directrice intervient et me dit : "Mais, monsieur le Ministre, je vous rassure, l'unicité du référentiel est respectée." Ça voulait dire qu'il y avait un maître principal. Ou bien je vais visiter un collège et l'un des inspecteurs qui m'accompagnent dit aux profs : "En somme, vous appliquez une pédagogie d'isomorphisme."
L.J : Qu'est-ce que ça veut dire ?
C.A : Je n'ai pas osé poser la question, j'ai eu peur de passer pour un imbécile !
C'est un volapük ! Dans l’Éducation nationale, on ne parle pas français, on parle "ednat". Une langue dont je connais désormais un peu du vocabulaire mais dont je ne maîtrise pas les subtilités. Le sommet, ce sont certains cours des IUFM. On parle par exemple du "référentiel bondissant" : c'est un ballon. Dans une leçon de pédagogie, on a pu écrire qu'il faut toujours garder en cohérence le système de coordonnées personnelles et le référentiel bondissant. Ça veut dire : en foot ou en basket, il faut savoir où est le ballon.
De même j'ai lu : "Fâché de ne pouvoir exprimer ses potentialités de manière interne, Nicolas s'investit dans l'espace extérieur." Ça veut dire : Nicolas s’embête en classe, il regarde par la fenêtre.
Il a voulu faire en trois ans ce qu’on aurait dû faire en trente ans. Peut-être est-ce vrai.
Il y a maintenant 1200 mises à disposition syndicales à l’Education nationale. On a créé une bureaucratie syndicale qui s’est progressivement plus soucié d’elle-même que de l’intérêt général.
Les mauvais profs constituent 15% des effectifs, mais plus de 40% des instances syndicales.
L’Éducation nationale, c’est un conglomérat de professions libérales nationalisées.
J'aurais pu être un bon gros ministre sympathique dont on aurait dit : "C'est un bon ministre de l’Éducation, il ne fait rien."