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Critique de michfred


Il m'a toujours fait rire. J'ai vu  presque tous ses films. Et j'ai revu cent fois Manhattan, Annie Hall, La Rose pourpre du Caire, Zelig  et Match point.

J'aime ses paniques, ses complexes, ses fausses notes à la clarinette, sa façon de filmer New York, son amour pour Diane Keaton,  ses films foutraques comme ses films graves, ses fables comme ses thrillers,  ses 40 ans d'analyse et ses névroses persistantes.

J'aime qu'il soit tellement juif et si peu clanique. J'aime son égocentrisme assumé  et cette autodérision qui  le corrige. 

Bref, j'aime Woody Allen d'amour.

Je ne pouvais que me jeter sur son autobiographie, une brique ingenuement baptisée "Soit dit en passant"....

Je l'ai lu  pour en savoir plus sur son itinéraire, ses goûts, ses films, ses idoles et ses modèles, ses innovations et ses échecs, ses marottes et ses déceptions. Pour comprendre ce qui fait son génie,  pour entrer un peu dans les arcanes de la création.

Mais pas pour l'Affaire, pas pour les ragots, pas pour les scandales qui l'ont par deux fois, à 20 ans d'intervalle, et à l'initiative de la même haineuse harpie , sali et jeté en pâture aux pourceaux( pas kasher du tout, ça ! ..)

Mais Woody Allen n'est plus le jeune homme boutonneux , binoclard et gaffeur qui emballe les shiksas blondes et plus grandes que lui tant il les attendrit par ses défauts et ses maladresses.  C'est maintenant un vieil homme de 84 ans et il a beau mépriser le marigot des potins, il ne s'en sent pas moins éclaboussé et sali.

Il sait qu'il ne lui reste plus trop de temps pour tenter de se défendre. Il veut plaider sa cause et dire tout ce qu'il est. Se laver des accusations infâmes avant de se taire à jamais.

Par conséquent ce récit d'une vie de création , précis, nourri, vivant, tourne au plaidoyer "pro domo".  Mais loin de m'agacer, cette obstination à démonter par le menu ĺe procès en sorcellerie qui lui est fait  m'a émue,  touchée,  convaincue.

Il est difficile de croire  aux accusations lancées  par son ex femme , Mia Farrow,  manipulatrice au visage d'ange,  et on n'a pas envie de hurler avec les loups quand elle crie à  l'inceste, à  l'abus sexuel et au détournement de mineure après le mariage de Woody , son compagnon , avec la fille qu'elle a adoptée avant de le connaître,   majeure au moment des faits et donc libre de ses choix, ( les mots ont un sens: il y a tromperie, trahison,,tout ce qu'on voudra, mais pas inceste, abus sexuel ou detournement de mineure! ).

Le procès a lieu. Allen est disculpé.

Mais 20 ans plus tard, nouvelle campagne de diffamation lancée par Farrow et deux de ses enfants visiblement manipulés ...

Derrière l'humour, la blessure du vieux cinéaste est sensible.
Comme dans le Prête nom et au doux temps du Mc carthysme, le voilà black listé au soir de sa vie. Difficile de trouver des acteurs, des techniciens. Même ses dons au parti démocrate sont refusés.  Il sent le soufre.

J'ai refermé le livre avec une vraie amertume. 

Cette Affaire , c'est son Affaire Dreyfus à  lui.

Mais dans ĺe tourbillon de libération de la parole qui a suivi #Metoo, la voix digne et teintée d'un humour douloureux du vieux cinéaste paraît -soit dit en passant-  menacée et fragile. 

Il faudrait un Picard pour dissiper avec vigueur Ombres et Brouillard...







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