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Pierre Guillaumin (Traducteur)
EAN : 9782253141198
445 pages
Le Livre de Poche (01/04/1997)
3.93/5   183 notes
Résumé :
Le 8 décembre 1991, Paula, une jeune femme de vingt-neuf ans, atteinte d’une grave maladie, sombre dans le coma. Elle mourra un an plus tard.

Pendant les jours de détresse consacrés à la veiller, sa mère – Isabel Allende – entreprend de lui adresser par écrit un long récit : l’histoire des siens. Avec la même force et la même vérité que les personnages de La Maison aux esprits et d’Eva Luna, surgissent ainsi les protagonistes de son enfance, et ceux, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Quoi de plus difficile que de voir mourir sa fille ? L'espoir insensé de guérison puis le long accompagnement jusqu'à la fin ?

« Paula » commence donc par une lettre d'Isabel Allende à sa fille malade. Elle lui raconte l'histoire de sa famille, une saga pleine de légendes et d'imagination, mais cette narration du passé est interrompue par les événements du présent, la détérioration de la santé de Paula, le désarroi, les traitements et les superstitions qui tentent de vaincre le mal et même les moments intenses où on se demande s'il ne vaudrait pas mieux abréger ses souffrances.

Deux trames parallèles sont ainsi tressées et l'histoire de la famille devient celle d'Isabel, ses amours, son travail et aussi l'histoire du Chili, les heures difficiles du coup d'État, la mort de son oncle Salvator Allende, le régime militaire avec ses enlèvements et ses tortures. L'idée d'une lettre à sa fille a disparu, il n'y a plus que l'écriture comme moyen de survie, comme exutoire aux émotions insupportables de l'agonie d'un être aimé.

Isabel Allende se raconte sans pudeur, je me demande même comment toutes les personnes qu'elle mentionne ont pu recevoir ces descriptions indiscrètes…

Un témoignage touchant sur la douleur de perdre un enfant, sur la vie d'une femme au destin particulier dans les tumultes et les paysages de l'Amérique du Sud.
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N°275 – Juillet 2007

PAULAIsabel ALLENDE – FAYARD.
(traduction Pierre Guillaumin)

Avec ce livre, le lecteur replonge dans la généalogie de la famille Allende et dans l'extraordinaire plaisir ressenti à la lecture d'histoires que l'auteur excelle à raconter, mais, cette fois, ce texte est destiné à sa fille qui ne l'entend peut-être pas puisqu'elle est plongée dans un coma prolongé. Porphyrie, nom barbare qui évoque une roche rouge comme de sang! C'est le nom de cette maladie contre laquelle lutte sa fille Paula alors âgée de vingt neuf ans, mais maladie rare et qui n'intéresse personne. Sa mère l'accompagnera donc avec sa présence, ses mots, ses messages d'amour, ses soins...

Pourtant, la lecture de ce livre m'a laissé une impression bien différente du précédent [la FV n°274] le contexte est certes éloigné de « La maison aux esprits » et le style forcément moins jubilatoire, plus ordinaire, même quand elle évoquent les personnages de sa vie et sa vie elle-même avec son cortège de conquêtes amoureuses, ses périodes de déprime, ses échecs, ses contradictions, la genèse de ses livres dont elle veut parler à sa fille. Mais il y a autre chose, une sorte de malaise que j'ai ressenti tout au long de ce livre. J'ai eu l'impression, fugace d'abord, puis qui s'est affermie à mesure que je tournais les pages, que ce monologue ressemblait un peu à quelque chose comme une relation qui n'avait existé qu'en pointillé entre une mère et sa fille et que, celle-ci étant au pas de la mort, celle-là voulait rattraper le temps perdu, lui dire tout en bloc alors que toutes ces choses auraient pu être distillées patiemment, avec complicité, avec un rythme différent peut-être?

Puisque la mère redoutait la mort de sa fille, j'attendais peut-être inconsciemment qu'elle retraçât sa courte existence à elle pour garder le souvenir de son passage sur terre, mais rien. Il y a bien cette tentative « Tu veux que je te parle de la période de ton enfance... », mais rien sinon l'histoire immédiate du Chili avec les figures de Salvador Allende et de Pablo Neruda, symboles d'une démocratie assassinée... et la vie de sa mère « quarante neuf ans à toute vitesse... » sans autre but que « la poursuite d'objectifs aujourd'hui oubliés » et donc sans importance. du temps perdu qu'on ne rattrape jamais! Elle le dit d'ailleurs elle-même « Cette fille qui est ma fille, qui est-elle? » ou encore « Ma fille m'a donné l'occasion de regarder en moi, de découvrir des espaces intérieurs vides, obscurs, étrangement paisibles que je n'avais pas encore explorés ».

Je verrais plutôt dans ce témoignage l'illustration d'une des fonctions de l'écriture, celle qui exorcise la douleur de voir ainsi sa fille en souffrance et qui, peu à peu quitte ce monde sur la pointe des pieds, et de l'idée obsédante de devoir aller à l'enterrement de son enfant, d'être désormais seul, orphelin de lui, si l'on peut dire, et donc sans aucun avenir, proclamer aux autres qui soudain choisissent d'oublier jusqu'à votre présence parce que vous n'êtes plus dans la norme, que la mort est un injuste gâchis surtout quand elle emporte un être jeune!

Il y a probablement une autre fonction insoupçonnée de l'écriture qui est celle de la miséricorde après la confession. C'est bien cela aussi, ce livre résonne pour moi non comme un récit mais comme des explications qu'on donne à sa fille dont la vie s'en va. l'auteur se justifie, apporte des réponses aux questions qu'elle suscite elle-même, affirme sans ménagement, cherchant dans tout cela une explication extralucide ou une révélation puisée dans le langage du tarot ou dans les arcanes des songes.

Perdre un enfant est la pire épreuve qui soit, non seulement parce qu'on est seul à affronter cette tourmente, parce que le temps n'a rien d'apaisant, au contraire, et parce que cette douleur ne s'éteindra qu'avec sa propre mort! le seul baume, dans ce triste bouleversement est l'accompagnement des siens, même si chacun vit cette épreuve à sa manière et comme il le peut. La parole aussi est apaisante et l'écriture procède de cette démarche. Cette forme de création permet l'évasion autant que l'exorcisme et les arcanes de l'inspiration produisent parfois des effets inattendus, étranges, déroutants pour celui-là même qui est censé en être l'auteur, parce que les livres sont un univers douloureux mais parfois s'écrivent tout seuls, quand nous nous y attendons le moins, parce qu'on le porte en soi depuis longtemps et qu'ils choisissent de naître tout seuls, insufflant à leur auteur un peu d'humilité. Il y a aussi ce tourbillon de l'histoire qu'on raconte mais qu'en réalité se compose elle-même au fur et à mesure que l'écriture s'en fait le témoin.

Cette épreuve nous rappelle que, selon les mots d'Aragon « rien n'est jamais acquis à l'homme », que la mort frappe au moment où nous nous y attendons le moins, que c'est une des facettes de la condition humaine contre laquelle nous ne pouvons lutter. Alors, on se raccroche à tout ce qui peut être un point d'ancrage dans cette vie devenue soudain insupportable. On se dit que son souvenir ne nous quittera jamais, qu'il sera plus présent en nous que s'il était vivant... Ce genre d'épreuve transforment à jamais ceux qui la traversent. Elle suscite les choses les plus étranges où se manifeste à la fois l'inconscient, les croyances, la certitude d'avoir des réponses à ses questionnements les plus fous! Il y a aussi cette improbable volonté de voir dans le hasard qui gouverne nos vies, des signes auxquels on veut à toute force être attentif et dans lesquels on veut lire des significations...

Il y a aussi ce rythme permanent et cyclique de la vie, comme si les événements étaient tracés à l'avance, les choses à jamais figées, l'inutile bataille perdue d'avance contre la mort et l'impossible troc de sa propre vie contre celle de celui qui va mourir!

C'est pourtant un livre que j'ai lu avec passion, presque sans désemparer. Ce qui m'a le plus ému, c'est sans doute l'épilogue, la description des gestes et événements, comme en filigranes, qui accompagnent le départ de Paula pour une autre dimension. Paradoxalement peut-être, je ne l'ai pas ressenti comme quelque chose de triste mais plutôt comme un apaisement, avec tous les fantômes des parents disparus, les figures diaphanes des vivants présents ou absents!

© Hervé GAUTIER - juillet 2007
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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L'histoire de sa famille racontée par une mère à sa fille malade. L'épreuve du deuil d'un enfant. Très émouvant, j'ai retrouvé avec plaisir la plume d'Isabel Allende dans ce récit.
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En décembre 1991, à Madrid, Paula a 28 ans quand elle tombe malade et se retrouve plongée dans le coma. Sa mère, l'auteure Isabel Allende, s'est déjà précipitée à son chevet quelques jours avant que la maladie se déclare de façon si tragique car Paula était très fatiguée. Pour exorciser sa peine et se donner de l'espoir, Isabel Allende commence à coucher sur papier l'histoire familiale, très liée à l'Histoire du Chili, pour que Paula puisse la lire quand elle se réveillera …
Je connaissais Isabel Allende de nom mais je n'avais jamais rien lu d'elle, même si j'avais noté depuis longtemps plusieurs de ses titres, avec l'espoir de les lire un jour. Je ne pensais donc pas la découvrir à travers ce livre, à mi-chemin entre la biographie des Allende, l'autobiographie de l'auteure et la fiction car elle-même avoue, au début du livre, avoir peut-être pris des libertés avec la réalité, ses souvenirs étant parfois flous. le thème, la perte d'un enfant, est assez lourd et j'avoue que je ne serais peut-être pas allée vers ce titre-là spontanément mais Isabel Allende ne se contente pas de parler du coma de sa fille et des difficultés et de la douleur qu'il entraine. Elle raconte l'histoire de sa famille, de sa vie, avec en toile de fond l'Histoire du Chili, le coup d'état de 1973 qui voit la mort du président Salvador Allende, son cousin, et l'installation de la dictature. L'auteure n'a pas eu une vie banale, c'est le moins qu'on puisse dire et sa famille ne l'est pas non plus, ce qui donne un livre passionnant, empreint de moments amusants, d'Histoire, de périodes difficiles, de moments d'émotion intense et de beaucoup d'amour pour sa famille et ses amis. J'ai beaucoup aimé son style d'écriture, très fluide, et on sent que cette dame a un véritable talent de conteuse et j'ai aussi beaucoup aimé le fait de faire un livre pour sa fille et en mémoire de celle-ci, même si j'ai versé plus d'une larme lors de cette lecture. C'est un magnifique témoignage d'amour et maintenant, je suis d'autant plus tentée de découvrir le reste de l'oeuvre d'Isabel Allende !
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Isabel Allende comme toujours me ravit. C'est une grande Dame, une dame qui tant sur le plan littéraire que politique, est extraordinaire. Je me suis délectée de la Maison aux esprits, où je l'ai découverte.
Dans Paula, elle réunit à ses talents celui de l'écoute, de l'amour, de la présence naturelle d'une mère pour sa fille. Mais elle ne peut se défaire de ce qu'elle est faite, sa famille, son engagement, celui de toute sa famille. Et elle nous entraine encore et toujours malgré la mort qui veille dans une beauté, et une sérénité à toute épreuve.
Merci à vous Madame
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le futur n’existe pas, disent les Indiens de l’Altiplano, nous ne pouvons nous reposer que sur le passé. Le présent n’est qu’une étincelle puisqu’il se transforme immédiatement en passé.

(Poche, p.173)
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Dans la maison de mon grand-père, étroite comme un wagon de chemin de fer, les cloisons en plâtre étaient si minces que la nuit nous échangions nos rêves.
(Poche, p.66)
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Ma vie se fait au fil du récit, ma mémoire se fixe avec l’écriture; ce que les mots ne couchent pas sur le papier sera effacé par le temps. (Poche, p.18)
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...elle l'accueillit en ce monde par une cascade de paroles tendres dans un langage récemment inventé, l'embrassant, la reniflant comme le font toutes les femelles, puis elle la posa sur son sein. Le plus vieux geste de l'humanité.
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L'instant joyeux de la conception d'un enfant, la patience qu'exige sa gestation, le courage nécessaire pour l'amener à la vie et le sentiment d'étonnement qui couronne le tout ne peuvent, à mon avis, être comparés qu'à la création d'un livre.
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Videos de Isabel Allende (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isabel Allende
Film documentaire sur Isabel Allende - 2007 - en espagnol avec des sous-titres en anglais
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