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Critique de Erik35


SOURIEZ : VOUS ÊTES (BIENTÔT) MORT.

1963, au pays de sa Très Gracieuse Majesté (la même qu'aujourd'hui...). Grande-Bretagne, donc.
La guerre dites froide bat son plein. Enfin, son plein... Disons que la paranoïa a atteint son maximum dans la période 1956-1962, le point d'orgue ayant été atteint avec la crise des missiles de Cuba, et que si l'heure est désormais à une certaine "détente" entre les deux blocs, personne ne désarme, personne n'a l'intention de baisser les bras face au camp d'en face.

C'est dans ce contexte, très rapidement résumé, que les services du ministère de l'intérieur, soucieux de la protection des fidèles sujets de sa Glorieuse Majesté chapeautée, fait rédiger ce petit mode d'emploi à destination d'une éventuelle survie après la chute inopportune d'une petite (ou énorme) bombinette nucléaire, voire thermo-nucléaire, le panel et l'offre sont larges.

Rétrospectivement, faire un tel humour potache semble aisé, mais n'oublions pas que cette crainte d'un conflit nucléaire majeur était réel, et le demeura très longtemps, jusque vers le début des années 80.
Sans remonter si loin, on se souviendra, par exemple, du très angoissant, et fort réussi, roman de Robert Merle, Malevil, paru en 1972 et contant, avec un sens inné du détail probabiliste, la survie d'une petite communauté montagnarde après un tel conflit.

L'ouvrage traduit et publié par les (toujours) excellentes éditions Allia est donc le fac-similé de ce document rare et précieux d'une société tachant tout à la fois de donner moult conseils, parfois avisés, parfois franchement farfelus à fin de survivre à une déflagration nucléaire ; mais aussi, et peut-être surtout, de rassurer la population par le biais de ce petit monument de propagande optimiste.

Ainsi, quelques seaux d'eau bien placés dans votre maison permettront d'éteindre les départ de feu subit quelque temps après l'explosion. de même, n'hésitez pas à vous plonger dans le premier fossé venu, en ayant soin de vous protéger soigneusement mains et visage, si vous étiez malencontreusement surpris par la déflagration loin de chez vous. Restez calme et, une fois le pire passé, cherchez un abri un peu plus sur. Quant aux retombées radio-actives, préparez votre doux intérieur en le barricadant de maint sacs de sable - si vous n'en avez pas chez vous, des piles de livres bien serrés suffiront - et calfatez avec ce que vous trouverez.
N'oubliez pas d'avoir le réservoir de votre véhicule toujours plein afin de pouvoir rejoindre au plus vite les zones indiquées par la sécurité civile une fois le feu nucléaire passé...

Et tout est, plus ou moins à l'avenant !

Ceux - exclusivement masculins, désolé mesdames -qui auront eu la joie d'avoir quelques mois de vacances sponsorisés par notre armée à l'occasion du stage obligatoire qu'elle organisait il y a encore quelques années se souviendront peut-être de leurs cours de "défense NBC" (Nucléaire - Bactériologique - Chimique). Il ne leur aura pas échappé que certaines précautions apparaissent aussi dans ce petit document mais, si l'instructeur était un peu plus sincère que la moyenne, il rassurait son petit monde en terminant chaque conseil d'hypothétique survie par : de toute manière, si à cette étape vous n'êtes pas encore mort, vous le serez à la suivante...

Et d'énumérer : le flash thermique (quasi à la vitesse de la lumière), l'onde de choc (dans les secondes qui suivent) et les joies des retombées radioactives dans les heures-jours-semaines-mois qui suivent.

C'est ainsi un bon petit moment de rire très cynique que nous propose, bien involontairement, ce sommet de l'humour noir. Pour la postérité.

Alors oui : souriez, vous allez y passer !
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