Vingt lettres a un ami

Dernière page tournée il y a déjà quelques jours, j'ai tardé à rédiger cette critique. Je ressors de cette lecture mitigée. Les lecteurs semblent avoir apprécié la sincérité de l'auteur, la fille de Staline qui raconte ses souvenirs d'enfance et de jeunesse. Quant à moi, oui, je la sens sincère, mais aussi, mais pas que. Je ne peux m'empêcher d'y voir le déni. Bien sûr, c'était la fille du "Petit père du Peuple", mais tant qu'à vouloir écrire sur sa vie, en tant que "fille de", il faut aussi regarder les faits en face, et j'ai l'impression qu'elle disculpe beaucoup son père. Oui, il avait un caractère difficile, qui ressort de ce récit fictivement épistolaire, mais sur le plan politique plus large, il "aurait" été complètement manipulé, et "n'aurait' pas en toute conscience commis tous les crimes qui lui sont imputés. Alors, d'un côté, on a un homme cultivé (et oui, même si telle n'est pas sa réputation...), intelligent, et de l'autre, un pauvre monsieur qui fait confiance à de mauvaises personnes qui le trompent... Hum hum, je reste dubitative... Je veux bien comprendre que Svetlana n'a pas dû avoir une enfance facile, mais cela parait tout de même assez interpelant, quand elle nous conte ses soucis, à mille lieux de s'interroger (même a posteriori), sur les malheurs subis par toute une population, du fait du régime au pouvoir, et détenu par son père...
Bref, très intéressant sur l'aspect historique, les moeurs de l'époque, la vie des grands pontes du régime, plutôt pas mal écrit, même si son écriture reste très classique, sans "patte" particulière, mais bon... je n'en ressors pas vraiment convaincue. Sujet à creuser.