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3,5

sur 127 notes
Électrisant…

Assurément c'est l'ambiance que nous retenons avant toute chose de ce livre, « Après l'orage », premier livre de l'auteure argentine Selva Almada. Une ambiance quasi cinématographique de station-service au milieu de rien en pleine canicule, de vieilles pompes à essence poussiéreuses, de chaises en plastique, de chiens endormis sous la table à même la terre battue, de rideaux en lanières à plastique poisseuses, de carrosseries de voitures, de vieux pneus, de bouts de fer tordus, entassés pêle-mêle rôtissant au soleil. L'ambiance, ainsi que l'écriture sobre mais poétique, constituent les véritables piliers de l'histoire. Ce d'autant plus qu'il s'agit d'un huis-clos magnétique entre quatre protagonistes au sein même de cet endroit, antichambre de l'enfer…

« Quand il parvint à l'endroit voulu, il s'écroula sur le sol, ouvrant les bras et la bouche, ses poumons se remplirent d'air chaud. Dans sa poitrine, son coeur était comme un chat dans un sac. Il regarda les petits morceaux de ciel qui se faufilaient dans la frondaison clairsemée de l'arbre ».

Le Révérend Pearson et sa fille Léni, âgée de seize ans, nomades incessants, sont tombés en panne. Bloqués dans une station-service perdue au milieu d'un paysage désolé et aride, le rustre et taciturne El Gringo Bauer, malade des poumons, répare leur voiture. La panne est plus sévère que prévu, les heures s'écoulent et le jeune assistant qui vit avec El Gringo, surnommé Tapioca, l'aide, le ravitaille en bières fraîches et en maté. Au cours de ces longues heures d'attente, le Révérend et sa fille ont le temps de faire connaissance avec les deux hommes, de les questionner. L'attente est également propice aux souvenirs de refaire surface mettant en valeur la part d'ombre et de lumière de chacun d'eux. Les regrets des deux pères émergent, les espoirs des deux adolescents osent de timides balbutiements. le jeune Tapioca semble totalement pur et innocent. le Révérend, toujours prompte à évangéliser les personnes croisées, à « récurer les esprits sales, les rendre à leur pureté originelle et les remplir de la parole de Dieu », voit dans le jeune homme la mission de sa vie en le ramenant avec lui, de quoi effacer un passé pas si glorieux. Pour chacun, c'est leur vie qui se joue là. le terrible orage qui va éclater, tension extrême des éléments à l'image de la tension qui monte entre les protagonistes, permettra au destin de faire son oeuvre…

La religion est très présente dans ce livre, sans doute un peu trop à mon goût d'ailleurs, le fanatisme du Révérend au sein de ce huis-clos crée une tension très forte, quasi insupportable. Intéressant cependant de sentir l'opposition entre le Révérend Pearson très pratiquant, et la croyance aux forces naturelles d'El Gringo, son simple respect de la nature. C'est par ailleurs, et c'est ce qui m'a particulièrement plu, un roman d'ambiance très visuel et poétique, à l'écriture sobre dans lequel les émotions des personnages sont à vif et la tension monte crescendo jusqu'à l'éclatement et au bouleversement des destins de chacun. Bouleversement dans une nature qui, elle, reste implacable après l'orage.

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Force et sensibilité sont, d'après le bimensuel américain Rolling Stone Magazine, les principales qualités de l'écrivaine argentine, Selva Almada. Avant d'entamer la lecture de son "Après l'orage", un critique littéraire conseille de tenir un verre d'eau froide près de sa portée, car la chaleur va vous assaillir sous différentes formes.

Je trouve un peu dommage que la beauté du titre en version originale "El viento que arrasa" - le vent qui saccage, détruit.. - n'a pas été respecté dans maintes langues : en Anglais c'est devenu "The Wind That Lays Waste" ; en Allemand "Sengender Wind" (de "sengen" ou brûler) et en ma langue tout simplement "Het onweer" ou L' orage.
Si j'étais l'auteure, je protesterais devant si peu d'effort d'imagination !

Selva Almada est née le 5 avril 1973 à Villa Elisa, 350 kilomètres au nord de Buenos Aires, et a fait des études de communication sociale et par la suite de littérature à l'université du Paraná, tout en faisant ses premiers essais en écriture. C'est cependant à Buenos Aires, avec l'appui du grand romancier Alberto Laiseca (1941-2016), qu'elle s'est vraiment lancée dans les lettres et a publié, en 2012, son début, qui fut proclamé "la novela del año" .
La dramaturge Beatriz Catani (qui était en 2018 de passage à Bruxelles ) et le compositeur et pianiste Luis Menacho en ont fait un opéra.

L'année suivante l'artiste nous a surpris avec "Sous la grande roue" et encore un an plus tard "Les jeunes mortes" (2014). En 2015, Selva Almada a publié un recueil de nouvelles, qui n'est malheureusement pas encore disponible en Français, "El desapego es una manera de querernos", que l'on pourrait traduire par 'L'indifférence est une façon de nous aimer". Ce recueil a été salué par la revue littéraire "Arcadia" comme "la grandeur des petites histoires" ('la grandeza de las historias pequeñas").

Depuis l'an 2000, Selva Almada vit dans la capitale argentine, mais fait de fréquentes visites à la Province du Chaco, au nord-est du pays, où plusieurs scènes de son oeuvre sont situées. C'est le cas de "Après l'orage".

Par une journée de chaleur épouvantable, justement au milieu de nulle part dans ce Chaco, la voiture du révérend père Pearson tombe en panne avec sa fille, Elena "Leni", une adolescente, à bord. le mécanicien au nom pittoresque de Gringo Bauer est bien disposé à réparer le véhicule, dès que le moteur a un peu refroidi, et assisté en cela de sa main droite, un jeune au nom encore plus folklorique de Tapioca.

Ce dernier a le même âge environ que Leni, 16 ans. Derrière ce qui était supposé être une station-service, se trouve une mini maisonnette en briques avec une fenêtre et une porte. Et devant, une petite table avec quelques chaises où père et fille peuvent attendre la réparation de l'automobile, en buvant un verre d'eau, le père, et la fille un cola.

Le révérend Pearson sillonne ce coin désolé du monde à la recherche de nouvelles âmes pour sa foi et profite de l'occasion de cette pause forcée pour essayer de convertir Tapioca, qui est naturellement plus intéressé par Leni, que par les Saintes Écritures.

Alors éclate un orage d'une violence à peine imaginable qui va mettre les nerfs à bout et exacerber les relations entre les 4 protagonistes. L'orage devient cependant rapidement le cinquième personnage du récit, spécialement le vent du titre de la version originale.

La précision avec laquelle l'auteure évoque cette situation est telle que l'on a l'impression de lire le scénario d'un film. Mais alors un scénario hautement littéraire, encore stimulé par une rare économie de mots.
Et personnellement, je trouve que cette économie de mots, rend la profondeur de la psychologie des personnages d'autant plus saisissante et c'est exactement là, je pense, que réside tout l'art de Selva Almada.
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Ce court roman contemporain argentin (2012) est un grand roman, beau et fort.
Une panne de voiture immobilise pendant une après-midi le Révérend Pearson, prédicateur itinérant et Leni sa fille adolescente au milieu de nulle part, dans la province brûlante et poussiéreuse du Chaco, au Nord de l'Argentine. Pendant que Gringo Bauer s'affaire sur la voiture, ils se retrouvent dans un petit réduit précaire qui tient lieu de station-service, de garage et de logement en compagnie de Tapioca, le jeune protégé du mécanicien.
Le huis-clos implacable avance au rythme du ciel orageux. le Révérend tente le coeur et l'âme pure du jeune Tapioca. Il le croit destiné au Christ. le Gringo Bauer s'en aperçoit, il ne croit pas à ces choses là et s'inquiète, il veut accélèrer la réparation de la voiture mais le vent s'en mêle, la pluie diluvienne, la pluie qui les piège et les purifie, la pluie qui les amène à partager leur histoire qui tend à se ressembler. Moment d'accalmie, de courte durée, jusqu'à l'affrontement violent inévitable.
Des retours en arrière nous permettent d'appréhender la psychologie complexe et le mystère des quatre protagonistes, qui souffrent des mêmes maux : abandon, solitude, ennui au milieu de ce paysage désolé. le Révérend a trouvé refuge dans la prédication, le Gringo Bauer dans la mécanique mais tout est en suspens car les deux jeunes étouffent et ont besoin de changement. Trois prédications ou sermons en italiques s'intercalent à la narration : celui des mots, celui du corps, celui de l'avenir qui nous rappellent l'épigramme en exergue (voir citation). On imagine la puissante voix exaltée du prédicateur au magnétisme diabolique. Au cours de ses cérémonies, dit-on, il lui arrive parfois d'arracher un lambeau visqueux de tissu noir d'une de ses ouailles avec ses dents, tissu qui a l'odeur du démon. Même la sarcastique Leni qui étouffe dans la voiture au milieu des bibles, est fascinée. le Gringo lui ne l'est pas. Il demeure silencieux mais se bat de toutes ses forces pour ce fils tombé du ciel.
Il est certain que je lirai d'autres romans de Selva Almada.
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Sur une route désertique au nord de l'Argentine, dans un paysage saturé de chaleur, le Révérend Pearson et sa fille Leni tombent en panne et se retrouvent dans un garage paumé où El Gringo leur promet une réparation rapide .
Il est secondé par un jeune homme, Tapioca , 16 ans comme Leni.

Les heures passent, lentes pour les deux naufragés de la route, plus délicates que prévues pour le garagiste et intrigantes pour Tapioca qui n'est jamais sorti de ce trou depuis son enfance et observe ces étrangers , une proie facile pour le Révérend qui voit dans le jeune homme une version pure de ce qu'il aurait pu être si il avait eu la chance de rencontrer un homme comme lui pense t'il ...

L'ambiance devient inexorablement plus tendue, comme cette atmosphère particulière que l'on ressent avant l'orage , un silence trompeur avant l'intempérie qui éclate comme les tensions humaines.

Une fin qui m'a surprise et qui laisse le lecteur sur sa faim.
Drôle de roman pour une drôle d'ambiance ...
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Quelques heures avant l'orage, il y a le Révérend Pearson et sa fille, Leni, 16 ans, qui tombent en panne sur une route isolée de la province du Chaco dans le nord de l'Argentine, autant dire dans un quasi désert. Il y a aussi, non loin de là, une station-service, qui fait office de garage et de casse, vers laquelle la voiture du Révérend est remorquée, puis réparée par El Gringo Brauer et son jeune assistant Tapioca, 16 ans. Il y a, surtout, le paysage vide, la terre desséchée, le temps immobile, le vent, la poussière, quelques arbres rabougris et des carcasses de voitures sous un soleil de plomb et un ciel sans nuages.
Depuis bien des années avant l'orage, le Révérend, pasteur nomade et fanatique, porte la Bonne Nouvelle et sillonne la région dans sa voiture, avec sa fille et des caisses pleines de Bibles, d'hôtels minables en motels pourris. Depuis bien des années, Brauer tient son garage au milieu de nulle part et s'accommode parfaitement de l'absence de religion et de la présence de Tapioca, qu'il a pris sous son aile quand la mère de celui-ci l'a abandonné alors qu'il n'avait que 8 ans.
Ignorant encore qu'un orage va éclater, ces quatre personnages forcés de se côtoyer pendant les heures nécessaires à la réparation de la voiture, s'observent, se jaugent. Si Brauer et Pearson ont en commun d'avoir élevé, seuls, un enfant et d'avoir leur destin derrière eux, ils sont diamétralement opposés, l'un taciturne et athée, ayant le respect de la Nature pour seul credo, l'autre prêcheur théâtral et prosélyte impénitent (si j'ose dire). Quant aux enfants, ils se ressemblent plus qu'il n'y paraît, ayant grandi sans mère, sans véritable présence féminine. Leni est partagée entre son adoration pour son père, et ses doutes quant à la prétendue bonté de Dieu, qui ne lui a jamais offert ni vie de famille, ni foyer sédentaire. Tapioca se pose moins de questions, mais tous deux voient la route (celle sur laquelle elle passe sa vie, celle qu'il voit tous les jours à côté de la station-service) comme une échappatoire vers un avenir différent de leurs présents respectifs.
Peu de mots suffisent à créer une tension, qui devient lentement insupportable, en même temps que l'air se charge d'électricité et que la tempête, réelle et symbolique, approche.
Et puis, après l'orage et ses trombes d'eau, il y a le calme qui revient, la tempête sous les crânes qui s'apaise. Pourtant tout est différent, le cours des vies est bouleversé même si le paysage désertique reste immuable, même si le soleil, indifférent, recommence à brûler de plus belle.
Paradoxal huis clos dans un espace infini, western moderne sans colts à la ceinture mais la Bible à la main, il y a de la graine de film dans ce roman. de façon inattendue, la trame épurée, le style simple, aiguisé, une langue qui sonne très juste, le décor implacable et l'atmosphère oppressante le rendent poétique et entêtant.
« Après l'orage », magnétique...
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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J'avais repéré ce titre a sa sortie, le résumé était plutôt prometteur, et puis un voyage en Argentine, ça ne se refuse pas. Après lecture, je suis partagée.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Selva Almada, la tension qui s'en dégage, ce huis-clos pesant entre ces quatre personnages. Par contre, j'ai l'impression de ne pas en avoir saisi le message. Ou l'auteure voulait en venir ? Pourquoi cette fin ? Quel est le message ? Je reste avec plein de questions et la frustrante sensation d'être passé a coté de quelque chose.

En tout cas, une chose est sur, Selva Almada est une auteure a suivre.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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D'un coté, le révérend Pearson, pasteur évangélique, et sa fille Leni, 16 ans. de l'autre, El Gringo Brauer, mécano de son état, et son fils adoptif Tapioca. Les premiers sont tombés en panne au milieu de nulle part, sous un cagnard étouffant. Les seconds occupent le seul garage à des kilomètres à la ronde. Une rencontre intense, quatre personnages aux antipodes, une ambiance qui peu à peu va se charger en électricité. Dans ce coin paumé du nord de l'Argentine frappé par une infernale sécheresse, l'orage va gronder, les éléments se déchaîner et les natures de chacun se révéler dans un final que l'on devine rapidement inévitable...

La quatrième de couverture parle d'un huis clos à ciel ouvert et c'est exactement ça. le face à face entre le révérend et le garagiste est d'une grande force. le premier est un orateur hors pair, un homme qui sait se montrer convaincant. le second est un taiseux, profondément athée : « Les affaires du ciel ne l'intéressaient pas. La religion était faite pour les femmes et les hommes faibles. le bien et le mal, c'était une autre histoire : ça, c'était une question quotidienne, concrète, que l'on pouvait affronter avec son corps. La religion, d'après lui, était une façon d'éluder ses responsabilités. S'abriter derrière Dieu, attendre d'être sauvé, ou rendre le diable responsable du mal qu'on était capable de faire. » Entre eux, l'affrontement ne pouvait que couler de source.

Un excellent premier roman. Chapitres courts, écriture sèche et très visuelle, aller-retour entre le présent du récit et le passé des personnages, Selva Almada possède à l'évidence un vrai sens de la narration. Il y a quelque chose d'hypnotique dans ce texte. Chacun à l'air sûr de soi, maître de ses paroles et de ses actes. Et pourtant on sent que l'étincelle qui va mettre le feu au poudre ne demande qu'à jaillir. Tout tient dans l'ambiguïté des attitudes, dans cette atmosphère immobile et irrespirable qui finit par électriser le décor et les protagonistes. le début de ma réconciliation avec la littérature argentine à 15 jours du salon du livre, c'est parfait !
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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L'endroit est désertique, la chaleur étouffante, c'est le milieu de nulle-part. le Révérend Pearson et sa fille Leni sont bloqués chez un garagiste, El Gringo Brauer et son assistant, le jeune Tapioca, à cause de leur voiture tombée en panne. L'arrivée d'un simple événement climatique va changer la vie de ces quatre personnages...

Selva Almada a réussi à écrire une histoire plutôt simple et dont la scène ne dure à peine une journée, mais très marquante et avec une incroyable maîtriste stylistique. En alternant présent et retours en arrière, on apprend des détails essentiels chez les personnages sans pour autant tout savoir, nous laissant le soin de nous questionner et d'utiliser notre imagination.

La religion, la nostalgie et le rôle de la mère sont au coeur de ce roman profondément humain qui met en lumière deux mentalités et deux modes de vie opposés. Pourtant, les personnages ne sont pas si différents que ça, nous prouvant que qui que nous soyons, d'où que nous venions et quoique nous fassions, nous sommes tous pareil, égaux face aux aléas de la vie que nous ne pouvons contrôler.

Loin de nous noyer de descriptions, l'auteure nous donne juste ce qu'il faut pour que ses mots se transforment en images et sensations, nous forçant à l'exil par la pensée.

Ce livre est pour moi plus qu'un coup de coeur, plus qu'une claque. Quelques jours après l'avoir lu, j'ai toujours du mal à m'exprimer dessus, d'où la brièveté de ce billet, car c'est un livre qui se ressent, intime.

Il ne me reste plus qu'à remercier Babelio et les éditions Métailié un milliard de fois pour cette magnifique découverte qu'est ce roman subtil et poignant, quasi-parfait.
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Une histoire étrange,lieu de l'action un garage au milieu de nulle part,province du Chaco,dans le nord de l'Argentine.La voiture du révérend Pearson et de sa fille Léna,seize ans,tombe en panne.Ils se font remorquer jusqu'au garage de El Gringo Bauer.Bauer y vit avec Tapioca,un garçon de seize ans,dont la mère,de passage, l'a abandonné huit ans auparavant,prétendant qu'il est son propre fils.En attendant la réparation,le révérend,attiré par la candeur de Tapioca ,va tout faire pour convertir l'adolescent.El Gringo s'en apercevant,s'ensuit alors un bras de fer entre les deux hommes.C'est un combat métaphysique ,le révérend ne jure que par Dieu et Jésus,alors que pour El Gringo,en dehors des forces de la nature,il n'y a pas grand chose.Et arrive l'Orage,et en l'espace de quelques heures,tout se dénoue,tout s'achève.La tension est permanente.Je n'ai pas aimé le personnage du révérend,et lire ses discours de conversion et ses textes de prêches m'ont été pénible ,bien que ne soyant pas athée.Je regrette aussi la fin,et suis curieuse de savoir pourquoi Selva Almada l'a choisie.Pourtant j'ai beaucoup aimé le livre,un très beau premier roman,court,dense,sous tension.
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Un livre tout en simplicité où il se passe vraiment peu de choses. Il m'a un peu fait penser au film Bagdad Café. Deux voyageurs, le Révérend Pearson et sa fille Leni, tombent en panne au milieu des espaces secs et inhospitaliers de la route. Ils se trouvent quelque part dans la région du Chaco et viennent de quitter la ville natale du Révérend. Ils s'arrêtent dans le garage d'El Gringo Bauer, qui travaille aussitôt sur la réparation de la voiture, avec son fils adoptif Tapioca. Jusque là, pas de soucis, l'ambiance est mystérieuse, elle laisse place à l'imagination. Ces deux hommes dans la fleur de l'âge vivant seuls accompagnés d'adolescents... Deux histoires qui semblent parallèles au fond. Mais assez vite, le discours se fait religieux, avec le Révérend qui cherche à convertir les âmes intéressées. Mis à part ce point, les personnages qui partagent une intimité forcée dans le garage d'ElGringo, entourés de carcasses de voitures, vivent dans l'angoisse et on sent que pour la plupart d'entre eux, ils n'ont qu'un désir, c'est celui de partir, de voyager, de s'extraire de leur milieu. La solitude ou bien le train train les insupporte. Prenons l'exemple de Leni. Elle n'en peut plus de suivre son père partout. Cette vie nomade lui enlève tout repère, et elle se dit qu' "un jour, elle monterait dans une voiture et partirait très loin, pour toujours. Derrière elle, elle laisserait son père, l'Eglise, les hôtels. Elle ne chercherait peut-être même pas à revoir sa mère. Elle roulerait droit devant elle, suivant le ruban noir de l'asphalte, quittant tout, à tout jamais." On est donc sur la thématique du départ. Et comme on voyage, on quitte ses émotions, son enveloppe passée, et peut-être aussi un peu de son humanité, j'ai l'impression.
Donc, une belle lecture mais où je suis restée réticente sur certains aspects.
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