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3,5

sur 128 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Force et sensibilité sont, d'après le bimensuel américain Rolling Stone Magazine, les principales qualités de l'écrivaine argentine, Selva Almada. Avant d'entamer la lecture de son "Après l'orage", un critique littéraire conseille de tenir un verre d'eau froide près de sa portée, car la chaleur va vous assaillir sous différentes formes.

Je trouve un peu dommage que la beauté du titre en version originale "El viento que arrasa" - le vent qui saccage, détruit.. - n'a pas été respecté dans maintes langues : en Anglais c'est devenu "The Wind That Lays Waste" ; en Allemand "Sengender Wind" (de "sengen" ou brûler) et en ma langue tout simplement "Het onweer" ou L' orage.
Si j'étais l'auteure, je protesterais devant si peu d'effort d'imagination !

Selva Almada est née le 5 avril 1973 à Villa Elisa, 350 kilomètres au nord de Buenos Aires, et a fait des études de communication sociale et par la suite de littérature à l'université du Paraná, tout en faisant ses premiers essais en écriture. C'est cependant à Buenos Aires, avec l'appui du grand romancier Alberto Laiseca (1941-2016), qu'elle s'est vraiment lancée dans les lettres et a publié, en 2012, son début, qui fut proclamé "la novela del año" .
La dramaturge Beatriz Catani (qui était en 2018 de passage à Bruxelles ) et le compositeur et pianiste Luis Menacho en ont fait un opéra.

L'année suivante l'artiste nous a surpris avec "Sous la grande roue" et encore un an plus tard "Les jeunes mortes" (2014). En 2015, Selva Almada a publié un recueil de nouvelles, qui n'est malheureusement pas encore disponible en Français, "El desapego es una manera de querernos", que l'on pourrait traduire par 'L'indifférence est une façon de nous aimer". Ce recueil a été salué par la revue littéraire "Arcadia" comme "la grandeur des petites histoires" ('la grandeza de las historias pequeñas").

Depuis l'an 2000, Selva Almada vit dans la capitale argentine, mais fait de fréquentes visites à la Province du Chaco, au nord-est du pays, où plusieurs scènes de son oeuvre sont situées. C'est le cas de "Après l'orage".

Par une journée de chaleur épouvantable, justement au milieu de nulle part dans ce Chaco, la voiture du révérend père Pearson tombe en panne avec sa fille, Elena "Leni", une adolescente, à bord. le mécanicien au nom pittoresque de Gringo Bauer est bien disposé à réparer le véhicule, dès que le moteur a un peu refroidi, et assisté en cela de sa main droite, un jeune au nom encore plus folklorique de Tapioca.

Ce dernier a le même âge environ que Leni, 16 ans. Derrière ce qui était supposé être une station-service, se trouve une mini maisonnette en briques avec une fenêtre et une porte. Et devant, une petite table avec quelques chaises où père et fille peuvent attendre la réparation de l'automobile, en buvant un verre d'eau, le père, et la fille un cola.

Le révérend Pearson sillonne ce coin désolé du monde à la recherche de nouvelles âmes pour sa foi et profite de l'occasion de cette pause forcée pour essayer de convertir Tapioca, qui est naturellement plus intéressé par Leni, que par les Saintes Écritures.

Alors éclate un orage d'une violence à peine imaginable qui va mettre les nerfs à bout et exacerber les relations entre les 4 protagonistes. L'orage devient cependant rapidement le cinquième personnage du récit, spécialement le vent du titre de la version originale.

La précision avec laquelle l'auteure évoque cette situation est telle que l'on a l'impression de lire le scénario d'un film. Mais alors un scénario hautement littéraire, encore stimulé par une rare économie de mots.
Et personnellement, je trouve que cette économie de mots, rend la profondeur de la psychologie des personnages d'autant plus saisissante et c'est exactement là, je pense, que réside tout l'art de Selva Almada.
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Ce court roman contemporain argentin (2012) est un grand roman, beau et fort.
Une panne de voiture immobilise pendant une après-midi le Révérend Pearson, prédicateur itinérant et Leni sa fille adolescente au milieu de nulle part, dans la province brûlante et poussiéreuse du Chaco, au Nord de l'Argentine. Pendant que Gringo Bauer s'affaire sur la voiture, ils se retrouvent dans un petit réduit précaire qui tient lieu de station-service, de garage et de logement en compagnie de Tapioca, le jeune protégé du mécanicien.
Le huis-clos implacable avance au rythme du ciel orageux. le Révérend tente le coeur et l'âme pure du jeune Tapioca. Il le croit destiné au Christ. le Gringo Bauer s'en aperçoit, il ne croit pas à ces choses là et s'inquiète, il veut accélèrer la réparation de la voiture mais le vent s'en mêle, la pluie diluvienne, la pluie qui les piège et les purifie, la pluie qui les amène à partager leur histoire qui tend à se ressembler. Moment d'accalmie, de courte durée, jusqu'à l'affrontement violent inévitable.
Des retours en arrière nous permettent d'appréhender la psychologie complexe et le mystère des quatre protagonistes, qui souffrent des mêmes maux : abandon, solitude, ennui au milieu de ce paysage désolé. le Révérend a trouvé refuge dans la prédication, le Gringo Bauer dans la mécanique mais tout est en suspens car les deux jeunes étouffent et ont besoin de changement. Trois prédications ou sermons en italiques s'intercalent à la narration : celui des mots, celui du corps, celui de l'avenir qui nous rappellent l'épigramme en exergue (voir citation). On imagine la puissante voix exaltée du prédicateur au magnétisme diabolique. Au cours de ses cérémonies, dit-on, il lui arrive parfois d'arracher un lambeau visqueux de tissu noir d'une de ses ouailles avec ses dents, tissu qui a l'odeur du démon. Même la sarcastique Leni qui étouffe dans la voiture au milieu des bibles, est fascinée. le Gringo lui ne l'est pas. Il demeure silencieux mais se bat de toutes ses forces pour ce fils tombé du ciel.
Il est certain que je lirai d'autres romans de Selva Almada.
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Huis-clos accidentel entre 4 personnes, 2 adultes, 2 enfants-ado. Chacun a un vécu douloureux. La notion d'abandon reste le thème central de ce court roman. Les adultes se réfugient dans le présent et leur métier :mécanicien et pasteur. le caractère dominant du Révérent acutise rapidement le conflit. El Gringo essaie désespérément de protéger son apprenti :"Tapioca n'a besoin d'aucun Christ. Il sait où est le mal et où est le bien. Et il le sait car c'est moi qui le lui ai appris, Révérent.
- Vous êtes un homme bon. Vous avez fait pour ce garcon tout ce que vous avez pu. Maintenant vous devez le remettre à Jésus. "
Trois sermons sont intercalés entre les chapitres, probable reflet du mode de penser du Révérent.
Donc, un court roman, dense, concentrés d'émotions, qui me rappele deux autres écrits :" des souris et des hommes" et "en attendant Godot". 4/5 pour le ressenti...et la prose.
Dommage :le titre espagnol est évocateur et suffisait "El viento arrasa" pourquoi l'avoir transformé ? et terni, même si, le point de rupture se situe "apres l'orage".
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Le pasteur évangélique Pearson parcourt les coins reculés d'Argentine avec sa fille adolescente Leni, pour prêcher la bonne parole et convertir un maximum de brebis égarées avant l'apocalypse.

Un jour, sous un soleil écrasant, leur vieille voiture tombe en panne. Ils se retrouvent alors coincés, le temps d'une journée, dans le garage du (très peu catholique) Gringo Brauer et de son jeune assistant Tapioca, qui vivent là coupés du monde, au bord d'une route de campagne, entourés de carcasses de voitures et de chiens errants.

Et peu à peu, le vent se lève, les nuages s'amoncellent, la tension monte, les langues se délient...

J'ai eu un vrai coup de coeur pour ce premier roman, court et dense, très bien écrit. le texte alterne entre des passages situés dans le présent, narrant les interactions souvent drôles et touchantes entre ces quatre personnages que tout sépare, et de courts flashbacks, quelques souvenirs du passé qui permettent peu à peu de comprendre qui ils sont, d'où ils viennent, donnant une réelle profondeur et émotion au récit.

Avec une écriture toute en clarté et en finesse, sans un mot de trop, Selva Almada parvient en quelques chapitres à révéler les fêlures derrière les carapaces, et à faire d'une journée, en apparence comme toutes les autres, la scène soudaine d'une petite tragi-comédie à portée universelle.

Je recommande vivement, et je vais d'ailleurs de ce pas me procurer un ou deux autres romans de cette auteure pour poursuivre ma découverte de sa plume!
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Parce qu'il est en panne avec sa voiture, le révérend Pearson et sa fille Léni, une adolescente révoltée de 16 ans, débarquent dans un garage perdu, quelque part en Argentine, au milieu de nulle part, le seul garage à des kilomètres à la ronde...
Là, au milieu des carcasses de voitures, dans une maison de tôle et de bois, vivent El Gringo Brauer, le jeune Tapioca qu'il a adopté (ou qui est son fils, on ne sait pas trop en fait) et les chiens accablés par la chaleur torride et la sécheresse ambiante...
Il faut bien réparer cette voiture malgré la chaleur.
Aussi tandis que le garagiste s'échine sur la panne qu'il ne trouve pas, Tapioca le ravitaille en bières tout en faisant plus ample connaissance avec Léni...et en écoutant le révérend lui parler de croyance, car celui-ci a trouvé une oreille idéale et attentive auprès de ce jeune garçon.
Le révérend est un orateur hors pair...il aime séduire et convaincre son entourage et sait se montrer persuasif.
Leur arrivée va perturber profondément le calme apparent du lieu. Alors qu'un orage s'annonce, les différents personnages vont dans la touffeur du lieu, s'affronter et jouer là leur destin, car c'est peut-être toute leur vie qui est en jeu, selon les décisions à venir, dans ce huis-clos surchauffé...

Voilà un court roman à l'atmosphère brûlante et explosive vu le caractère très affirmés des personnages.
Chacun poursuit son but sans tenir compte des autres...
Le révérend a un passé chargé de non-dits : il a apparemment abandonné sa femme au bord d'une route...mais le lecteur ne saura pas pourquoi.
Le garagiste est profondément athée et ne supporte pas les apartés du révérend avec son jeune apprenti.
Lorsque l'orage éclate enfin, les obligeant à se terrer dans la cabane et et se faire quelques confidences pour passer le temps, l'affrontement entre des deux hommes paraît inévitable : il sera terrible mais silencieux...
et les deux jeunes gens n'attendaient que ça pour se révolter...
Un court roman très beau et par moment très poétique qui met en place les différents protagonistes avec une lenteur toute cinématographique.
L'auteur passe sans cesse du présent au passé, nous permettant d'entrer en profondeur dans la psychologie des personnages.
Peu à peu on découvre leurs solitudes et leurs rêves...
On se croirait dans un western !
La fin est terriblement triste mais prévisible.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Chaleur étouffante, poussière sur la route chauffée à blanc, pas un souffle d'air, une voiture qui hoquette et s'essouffle au milieu d'un paysage désertique, infini : le Révérend Pearson et sa fille Leni s'échouent au milieu de rien, en panne. Sauvés par un inespéré chauffeur de camionnette qui lui lance du « mon pote » à chaque fin de phrase, l'homme de Dieu et sa fille sont remorqués jusqu'à un improbable garage encombré de carcasses écrabouillées ou calcinées qui, chacune, raconte une histoire. Ce sont ces histoires que Bauer, le garagiste, a racontées à son fils adoptif José, rebaptisé Tapioca (pourquoi, ça, on ne le saura pas). Pour le distraire et l'endormir, quand sa mère l'a laissé là, à son prétendu père, vers ses neuf ans. Puis il a voulu le colleter avec la réalité : gens blessés, morts, brûlés vifs. Drôle d'éducation...
Mais Tapioca est un enfant à part. Dans ce cadre de film sud-américain, il entend des voix tout au fond de lui. Ou plutôt une voix, qui semble ne faire qu'un avec lui-même. Cela ne l'effraie pas, simplement, c'est en lui.
Un éclairage lui vient du Révérend : ce missionnaire qui sillonne l'Argentine pour apporter la bonne parole et ramener des ouailles à Dieu lui révèle sa vraie nature : il est appelé par Jésus et il vivra de grandes choses.
C'est compter sans son père adoptif, Bauer le mécanicien, athée et plus ou moins anticlérical : des conneries, tout ça !
Ce huis clos à quatre personnages se resserre encore quand éclate un orage tropical, de ces pluies qui inondent le paysage et détruisent les routes. le Tropique du Capricorne est tout proche, dans cette région du Chaco austral. Alors se joue le destin de José : ira ou n'ira pas à la ville, se faire baptiser et devenir un agent de Jésus. Celui de Leni, qui n'a jamais compris pourquoi son père l'a arrachée à sa mère ; celui du Révérend, investi d'une mission divine qu'il n'a pu vraiment remplir et qu'il voudrait confier à ce fils spirituel tombé du ciel. Et Bauer, qui va retrouver sa vie d'avant.

Qu'on ait ou non la foi, ce petit livre saisit l'âme par la magie des mots et des images qu'il évoque, il semble l'émanation (ou le point de départ) d'un de ces films austères, douloureux , envoûtants tournés dans le désert mexicain, par exemple.

Une belle lecture, à laquelle, je crois, on repensera un long moment après avoir refermé le livre.
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Envoûtement, tel est le premier mot qui me vient à l'esprit pour décrire ce court livre (133 pages)
Envoûtée par l'ambiance plombée, lourde, annonciatrice d'un orage bienfaiteur qui marquera à tout jamais la vie des personnages.
Envoûtée par ces 4 personnages et la meute de chiens, un père, prédicateur et sa fille rebelle qui se retrouve dans un garage isolé au milieu de nul part tenu par un homme solitaire accompagné de son fils adoptif.
A l'occasion de cette journée ensemble ces personnes vont se révéler, et l'on apprend beaucoup de choses sur leur passé.
C'est un livre bien écrit, très maîtrisé avec des mots juste, sans fioriture, qui m'a enchanté et qui m'a été conseillé par une amie. Je l'en remercie.
Ce livre pourrait très bien être un scénario de film
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    Il y a des sensations qu'on ne saurait expliquer. J'ai regardé il y a peu le film "Brimstone". Suffoquant, intense avec un jeu d'acteur incroyable. Ce film m'avait plu. Même s'ils sont différents, le révérend Pearson m'a fait penser à celui du film, le côté sadique en moins. 

    Sillonnant les routes au nord de l'Argentine, le Révérend Pearson et sa fille Leni sont contraints d'être remorqués dans un garage isolé, la voiture étant en panne. Durant le reste de l'après midi, les souvenirs plus rudes qu'agréables remontent à la surface. El Gringo Brauer s'occupe de la voiture, n'appréciant pas spécialement que le Révérend discute avec Tapioca, l'adolescent vivant avec lui au garage. Il y a beaucoup de tension durant ces quelques heures : on se cherche, on se confronte. Jusqu'à l'arrivée de l'orage qui signera l'avenir de certains protagonistes. 

    L'atmosphère suffocante de ce livre est parfaitement rendue avec un rythme soutenu. Les chapitres sont courts, suffisant pour créer une impatience, une curiosité. Selva Almada a su retenir la pression au début, le temps de dresser la scène principale. Il y a beaucoup de visuel dans ce livre, on en ressent davantage la chaleur, le soleil, la sécheresse de la terre. Un scénario. 

    La relation entre le Révérend et sa fille est étrange, comme si l'un et l'autre se mentent en façade pour ne pas avoir à aborder les sujets les plus difficiles, les plus compliqués de leur histoire. Ils sillonnent ensemble les routes depuis longtemps, leur silence est autant de dialogue que les prises de parole qu'ils ont. 
    Entre El Gringo et Tapioca, On ressent beaucoup plus la tendresse qui les unit, même si elle est maladroite, pudique. Ils vivent loin de la ville, réparant les voitures, n'ayant que peu de contact avec les autres. Tapioca va d'ailleurs bien s'entendre avec Léni, encore une fois à travers de nombreux silences. 

    Ce huis clos, malgré le fréquent retour dans le passé, est efficace et on ne ressent pas de l'ennui. Chaque bribe de passé a son importance pour comprendre la personnalité des protagonistes. le livre est également entre-coupé de certains sermons du Révérend qui sont étranges, cette ferveur me gênait. 

    La religion n'est pas le sujet principal, mais elle contribue également à cette atmosphère pesante. le Révérend n'y fait pas référence de façon fanatique. Il y a une forme de manipulation à sa façon de parler et de se comporter qui met mal à l'aise. 
    Enfin, dans ce livre, il ne se passe "pas grand chose", il n'y a pas de scène d'action intense. Mais il y'a le rapport humain, le rapport que l'homme a avec son environnement, son attachement et sa façon de vivre. 
    Et enfin, l'orage, qui n'est pas sous-jacent au début du livre, sera un moment déterminant dans le livre : c'est le moment où les décisions qui seront prises ne permettent pas de retour en arrière. 

    Mon bémol : il y a des questions qui n'ont pas de réponses. Ma curiosité n'est pas assouvie. J'aurais tant voulu savoir, et comprendre...

En bref :

Un livre dont l'atmosphère suffocante met en exergue les relations humaines. le Sacré arrive à mon sens en second plan et permet aux personnages de se révéler davantage dans leur questionnement.
Lien : https://lecturedaydora.blogs..
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Une rencontre improbable entre un pasteur évangélique et sa fille d'un côté, et un garagiste atypique et son fils adoptif au milieu de nulle part en Argentine en pleine canicule. le temps de la réparation nous permet d'en apprendre plus sur chaque personnage puis l'orage final changera à jamais le destin des personnages. Un roman court écrit avec un très beau style.
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Selma Almada.
Après l'Orage
Editions Métailié
Selma Almada n'écrit pas un premier roman, mais un chef-d'oeuvre littéraire intuitivement traduit par Laura Alcoba.
Les images sont filmées tant les couleurs se vivifient dans l'écriture maîtrisée de Selma Almada.
L'histoire se déroule en Argentine, à Pananà jusqu'à la région sauvage et infertile du Chaco.
Le révérend Pearson et sa fille Léni arrivent dans cette partie de l'Argentine. Leur voiture en panne sera le déclic de ce récit. le mécanicien El Gringo Brauer et son fils Tapioca (José ) y vivent pratiquement en reclus. Les journées de Brauer El gringo se passent en réparations de voitures, conversations avec tapioca et distractions avec ses chiens et beuveries en solitaire. Tapioca a grandi auprès de Gringo, abandonné par sa mère qui faute de moyens, est partie seule à Rosario. El Gringo Brauer géniteur de Tapioca découvre cet enfant et l'élèvera dans le respect cartésien et épicurien, dans une croyance humaniste concrète et avérée. Dans une aura de valeurs portées vers la nature et le respect de cette dernière. L'arrivée du Révérend Pearson et de sa fille Léni 16 ans sonne le glas de la fin de cette vie pure, calme mais ouverte à des opportunités de changement pour Tapioca grandissant et devenant adulte.
Le Révérend Pearson prophète semble porter en lui les marasmes d'un gourou. Derrière la brebis se cache le loup. Ce dernier a abandonné sa femme au bord d'une route, lorsque Léni était jeune enfant, sans scrupules, sans retour possible. Mais pour faire l'avocat du diable, ce dernier n'a pas connu son père et sa mère l'a fait baptiser en pleine mer dans les bras d'un gourou, Prêcheur de vérité. Ce dernier prendra soin de l'éveil croyant du Révérend qui a son tour deviendra un être manichéen = prêcheur et égoïste, vil, pauvre sentimentalement. Léni pense à sa mère , creuse dans son passé pour retrouver les images de sa petite enfance. Elle sait que son père a abandonné sa mère au bord d'une route, elle se rappelle, elle sait pourquoi. Mais ne veut pas l'admettre. C'était pour devenir le Prêcheur tel le Christ sans armes ni attaches. Il n'aime pas sa fille. Il l'éduque en glacier tel le Périto –Moreno, en larmes, et déni pour affirmer ses dires de croyances. Gringo et Tapioca se feront prendre au piège. Tapioca subjugué par le Révérend Pearson finira par partir avec lui après une bataille féroce contre lui-même. Pearson et El gringo Brauer vivront un affrontement terrible à l'instar d'un bras de fer entre le murmure des paroles du Révérend pour Tapioca et l'amour filial entre El Gringo et Tapioca. Tel le roseau flanchant El Gringo cèdera son fils au Révérend puisque c'est le terme qui convient, céder. L'amour qu'il porte pour Tapioca étant plus fort que tout, tant il touche à l'universalité. Tapioca partira avec Léni et Pearson à Rosario. Tapioca inconsciemment pour retrouver sa mère qui vit là-bas, Léni aussi.
Deux destins mêlés, dans les terres infinies d'Argentine, on devine la suite. Tapioca deviendra Prêcheur, Léni son épouse. El Gringo mourra seul avec ses chiens, dans cet espace solitaire du Chaco.
C'est un livre majeur, un classique, Selma Almada , argentine, aime les senteurs de son pays et son style en devient puissant et musical comme « la Langue argentine » tant l'on devine dans ses mots , la rudesse de la solitude , le vent dans le tourbillon de ses mots , et la profondeur sentimentale vraie, qui est une particularité argentine. Les argentins sont intègres, authentiques, et n'ont qu'une parole.
Tapioca et Léni scelleront leur destin pour donner force et espoir en leur lendemain. Pour s'initier ensemble vers la quête de leurs mères.
L'étendue argentine devient le futur possible.
Evlyne Léraut.


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