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Critique de nadejda


Laurent revient dans le hameau de son enfance près de Saint Fourmeau, en compagnie De Claire, une amie, pour assister au mariage de sa cousine Lucie avec Pierre.
Du moins c'est la raison qu'il donne puisqu'il dira un peu plus loin qu'il est revenu après des années d'absence à cause du cancer de son oncle Roland.

Tout est inquiétant autour de lui. Est-ce l'appréhension qui l'habite qui rendent les choses et les êtres aussi gris, visqueux ou le sont-ils réellement ?

Laurent, dès son arrivée dans la vieille maison poussiéreuse que lui et Claire vont occuper,
remarque quelque chose au sol, près de la fenêtre :
« Je m'approchai.
Qu'est-ce que c'est ?
C'étaient des mouches. Cinq mouches mortes qui reposaient en famille sur les lames du parquet, leurs corps très noirs étaient argentés par de délicates ailes transparentes. Je me demandais si elles étaient tombées d'épuisement à force de voler. »

Elles réapparaissent lors de la rencontre avec la mère dans la maison où elle vit avec l'oncle Roland : « Près de la fenêtre, cloué à une poutre, je remarquai également la présence d'un de ces pièges en tortillon, long ruban adhésif marron et collant que des mouches constellaient. Certaines étaient déjà mortes depuis longtemps mais voisinaient avec d'autres fraîchement engluées qui essayaient. en vain de se débattre en vibrant des ailes. »

Le lecteur est pris lui-aussi dans un piège, environné d'indices, de signes qui devraient lui indiquer une direction mais ne font que le désorienter en multipliant les hypothèses au sein d'un malaise familial dont on ne sait ce qui est vrai ou découle des suppositions et de la rumeur.

Les mouches sont encore là quand Claire découvre au cours d'une cueillette de champignons en compagnie de l'oncle Roland, le cadavre d'un chien :
« … le ventre de la charogne était ouvert, dépecé ou rongé, pourrissant dans un bourdonnement sourd de mouches sombres. Je ne dis pas qu'il y en avait des mouches, mais je croyais les entendre. En approchant, je craignais même de voir la carcasse grouiller de vers ou de larves. Mais non, il n'y avait rien. Plus aucun signe de vie. La charogne était sèche comme du carton. »

Un texte court mais dense que la concision, l'efficacité de l'écriture fait gagner en puissance au fur et à mesure de la lecture. Grand contraste entre cette écriture précise et l'atmosphère lourde, menaçante, putride, la déliquescence qui entoure progressivement Laurent et le lecteur et va crescendo jusqu'au dénouement final qui « fait mouche ».
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