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Critique de JIEMDE


« Mon roman déplaira. Parce qu'il renverra chacun à sa propre impuissance, mais tout le monde se l'arrachera, parce que le monde est ainsi fait, on voudra le lire ».

J'ai voulu moi aussi lire Watergang de Mario Alonso et il n'a pas mis longtemps à me renvoyer à ma propre impuissance de lecteur limité. Lecteur curieux, certes. Mais limité, dès lors qu'il s'agit de s'attaquer aux univers qui s'évadent dans les limbes de la poésie et de l'imaginaire.

Roman choral où les narrateurs se dédoublent, où la nature comme les objets prennent leur tour pour s'exprimer et où la construction s'affranchit des codes, j'ai traversé Watergang sans déplaisir tellement la langue y est belle. Mais aussi avec cette impression bizarre de rester au bord de ces polders qui servent de décor au livre, spectateur de ma lecture.

J'ai lu et vu Paul et parfois Jan, 12 ans, taiseux libre qui court, pense et écrit, concentrant dans l'acte créatif l'intensité des sentiments qui bouillonnent en lui. J'ai lu et vu Kim et parfois Birgit, sa soeur enceinte qui forme avec lui une fratrie aux liens si enviables.

J'ai lu et vu Julia et Julia, à moins que ce ne soit Super, mère et belle-mère toutes deux absentes même si l'une vit sous le même toit. Et aussi Jens, le père. Et aussi Lucien et John, bébé à naître qui annonce le tournant des jours nouveaux.

J'ai lu et vu la fureur qui agite constamment le cerveau du jeune Paul, juste apaisée par ses courses en pleine nature dans le watergang qui canalisent sa volonté créatrice. J'ai lu et vu une histoire familiale simple et cruellement banale, où les enfants tentent par des voies différentes de trouver leur voie dans un monde qui ne les attend pas.

Avec de temps en temps, quelques fulgurances d'amour qui émergent sans prévenir : « Viens près de moi. Dis-leur que je suis encore ta mère et que l'on va s'aider, toi et moi, qu'on n'a besoin de personne. Que ce sont les bêtes qu'on soigne, pas les humains, les humains, on les aime ».

Un livre refermé en pleine conscience d'être passé à côté, mais rassuré par la certitude qu'il plaira à beaucoup…
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