Pennac l'a dit, c'est mon droit… J'en use rarement, mais j'ai finalement jeté l'éponge après les 150 premières pages (sur 380) de ce deuxième tome d'
Ahmet Altan. Un premier tiers de roman où il ne se passe rien, l'auteur ne faisant qu'installer ses personnages, mais je retrouve les mêmes travers que dans le premier tome. La relation entre Hikmète Bey et Hediye, notamment, me dérange beaucoup et je n'ai plus envie de faire l'effort de passer outre la façon dont l'auteur dépeint les relations entre hommes et femmes pour voir ce qu'il peut avoir d'intéressant à dire sur cette période.
Ce sont aussi tous les tics d'écriture qui sont un peu agaçants. Presque tous les chapitres finissent de la même façon : il ne savait pas que ce petit détail allait changer toute sa vie ; il ne savait pas encore qu'en entamant ce voyage il allait au-devant d'un événement qui réorienterait toute sa vie, etc. etc. La posture d'écrivain omniscient qui joue avec ses personnages un peu comme avec des marionnettes est intéressante et elle me fait penser au premier texte d'
Ahmet Altan que j'ai lu, [Je ne reverrai jamais le monde] (un titre un peu grandiloquent, à l'image de son écriture dans ce roman), dans lequel il clame qu'il est écrivain et que, de ce fait, ses geôliers n'auront jamais d'emprise sur lui car il pourra toujours s'échapper dans d'autres vies, d'autres lieux, par la seul force de son imagination. J'avais aimé cela, cette pensée un peu naïve, mais dont il tire manifestement une force éclatante et qui lui avait gag
né mon immense respect. Je suis triste, à la lecture de ce roman, de voir que cela se traduit, dans son oeuvre de fiction, par une prose qui ne fonctionne pas du tout pour moi.
Et c'est bien dommage car il paraît que ce livre fait de nombreux parallèles entre l'histoire turque du début du XXème siècle et celle de ces dernières années. J'avais donc beaucoup à découvrir, sur hier et sur aujourd'hui, j'avais aussi envie de m'émerveiller aux descriptions d'Istanbul remplie de l'amour qu'
Ahmet Altan porte à sa ville. J'avais envie de beaucoup et je repars triste et déçue. Cet auteur, lorsqu'il écrit des romans n'est pas pour moi, mais je ne peux finir qu'en redisant à quel point j'ai aimé son essai [Je ne reverrai plus le monde] et à quel point j'aimerais qu'il soit lu par toujours plus de lecteurs.