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EAN : 9782742775767
381 pages
Actes Sud (02/06/2008)
3.79/5   7 notes
Résumé :
stanbul à la veille de la contre révolution du 31 mars 1909. Alors que le Sultan voit les dernières heures de son règne approcher, Hikmet Bey, délaissé par sa femme, reprend goût à la vie. Amours, complots, pouvoir et splendeurs d’un peuple en marche vers la modernité morale et politique.

Le roman s’ouvre aux lendemains du suicide de Hikmet Bey, cet homme qui dans le livre précédent apprenait la trahison de son épouse : la superbe Mehparé Hanim. Mais ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
On ne sait pour quelle raison, puisque le traducteur est le même, l'orthographe des noms propres diverge quelque peu, mais n'en voici pas moins la suite de Comme une blessure de sabre.

Le vieil Osman tient toujours conciliabule avec ses morts : Hikmet Bey, convalescent suite à une tentative de suicide après le départ de son épouse, la belle Mehpare restée à Salonique et filant le parfait amour avec Constantin le Grec. De retour à Istanbul, il retrouve petit à petit le goût de vivre, entouré de son père, Reşit Pacha, toujours médecin du Sultan, et de sa mère, Mihrişah la scandaleuse, rentrée à nouveau de Paris avec ses petits enfants. De son côté, le commandant Ragip Bey, cantonné à Istanbul, fait la connaissance de la belle Dilara Hamin et délaisse son épouse, une des filles du Cheikh Yusuf Effendi, lui-même toujours aussi empreint de sagesse.

Nous sommes au début de l'année 1909. Le Sultan règne encore sur l'Empire ottoman, mais le mouvement des Jeunes-Turcs et le Comité Union et Progrès, qui ont permis le rétablissement de la Constitution de 1876, peinent à appliquer leur programme de modernisation des institutions et de la société. L'anarchie s'installe au sein de l'armée infiltrée par des religieux favorables au Sultan qui instrumentalisent également les populations, une contre-révolution ne tarde pas à éclater qui verra enfin la destitution du Sultan et son exil.

Bien que cette suite évoque l'épisode de la contre-révolution de 1909, la lutte des réformateurs unionistes contre les partisans de la charia, comme le titre l'indique, l'auteur s'attache surtout à l'évolution sentimentale de ses personnages, à leurs tourments émotionnels qu'engendrent l'hypocrisie et la tradition. D'une écriture toujours aussi sensuelle, il nous livre au passage un aperçu des conditions de vie des femmes des harems de la bonne société. L'atmosphère de fin de règne, les atermoiements, les scissions et rivalités unionistes face à un avenir à construire, l'immiscion de l'armée dans la vie politique, sont rendus de façon romanesque mais avec justesse. Si je l'ai trouvé un peu redondant côté intrigues amoureuses, ça reste un beau roman qui a l'avantage de nous instruire sur la période d'avant-guerre qui a conduit cet empire, réduit comme peau de chagrin, à s'allier à l'Allemagne et permis à Mustafa Kemal d'attendre son heure.


Et un grand merci à l'éditeur pour les merveilleuses couvertures. Celle du second tome n'a rien à envier à la Judith de Klimt. Il s'agit du magnifique portrait d'Ottilie Godefroy, autre viennoise célèbre plus connue sous le nom de Tilla Durieux, interprétant la Circé de Pedro Calderon de la Barca. Magicienne, ensorceleuse au regard mutin, de par ses charmes et le plaisir, elle a le don de transformer les hommes. Assurément les femmes dans l'oeuvre d'Amhet Altan n'en sont pas dépourvues, changent-elles les hommes pour autant ? Ça, c'est une autre histoire...
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Pennac l'a dit, c'est mon droit… J'en use rarement, mais j'ai finalement jeté l'éponge après les 150 premières pages (sur 380) de ce deuxième tome d'Ahmet Altan. Un premier tiers de roman où il ne se passe rien, l'auteur ne faisant qu'installer ses personnages, mais je retrouve les mêmes travers que dans le premier tome. La relation entre Hikmète Bey et Hediye, notamment, me dérange beaucoup et je n'ai plus envie de faire l'effort de passer outre la façon dont l'auteur dépeint les relations entre hommes et femmes pour voir ce qu'il peut avoir d'intéressant à dire sur cette période.
Ce sont aussi tous les tics d'écriture qui sont un peu agaçants. Presque tous les chapitres finissent de la même façon : il ne savait pas que ce petit détail allait changer toute sa vie ; il ne savait pas encore qu'en entamant ce voyage il allait au-devant d'un événement qui réorienterait toute sa vie, etc. etc. La posture d'écrivain omniscient qui joue avec ses personnages un peu comme avec des marionnettes est intéressante et elle me fait penser au premier texte d'Ahmet Altan que j'ai lu, [Je ne reverrai jamais le monde] (un titre un peu grandiloquent, à l'image de son écriture dans ce roman), dans lequel il clame qu'il est écrivain et que, de ce fait, ses geôliers n'auront jamais d'emprise sur lui car il pourra toujours s'échapper dans d'autres vies, d'autres lieux, par la seul force de son imagination. J'avais aimé cela, cette pensée un peu naïve, mais dont il tire manifestement une force éclatante et qui lui avait gagné mon immense respect. Je suis triste, à la lecture de ce roman, de voir que cela se traduit, dans son oeuvre de fiction, par une prose qui ne fonctionne pas du tout pour moi.
Et c'est bien dommage car il paraît que ce livre fait de nombreux parallèles entre l'histoire turque du début du XXème siècle et celle de ces dernières années. J'avais donc beaucoup à découvrir, sur hier et sur aujourd'hui, j'avais aussi envie de m'émerveiller aux descriptions d'Istanbul remplie de l'amour qu'Ahmet Altan porte à sa ville. J'avais envie de beaucoup et je repars triste et déçue. Cet auteur, lorsqu'il écrit des romans n'est pas pour moi, mais je ne peux finir qu'en redisant à quel point j'ai aimé son essai [Je ne reverrai plus le monde] et à quel point j'aimerais qu'il soit lu par toujours plus de lecteurs.
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L'amour au temps des révoltes, c'est bien de ça qu'il s'agit; de gens qui pensent leurs amours et leurs désirs, qui racontent leurs tristesses et leurs désespoirs pendant que L Histoire, elle, se dessine en attribuant la victoire politique et militaire aux Unionistes au détriment du Sultan qui devra quitter sa Porte Sublime. Nous sommes dans l'Empire ottoman, à Istanbul plus précisément, ville aux milles couleurs qui sera peinte en rouge sang. Il sera celui des camps qui s'opposent farouchement pour la mise en place de la Constitution ou l'application de la Charia.

Dans ce roman d'une agréable poésie, le très célèbre journaliste turc nous invite ainsi à découvrir un peu l'histoire de son pays né du démantèlement de l'Empire ottoman. On y découvre des personnages qui vivent fastueusement dans leur villa et leur palais entre Salonique, Istanbul et Paris; des gens qui vivent les plaisirs de la vie; élégants et bien charmants. On imagine les femmes belles, puissantes et indépendantes; les hommes aux désirs inassouvis avec leur harem comme caprice naturelle de leur temps. On aperçoit les esclaves et les domestiques soumis à ces riches gens que l'on sent tiraillés entre deux mondes que l'on qualifiera, pour simplifier, d'occidental et d'oriental. Et, en fond, on observe s'enraciner avec violence le débat qui alimentera la future République de Turquie. On voit s'opposer, en effet, les partisans du Sultan qui veulent le maintien de son autorité et ceux qui préfèrent la mise en place d'une Constitution synonyme de modernisation, celle-ci ne supportant pas l'idée d'une application de la Charia. On le sait, les Unionistes l'emporteront; les militaires imposeront plus tard leur politique en Turquie en prétextant la démocratie et la laïcité quand il s'agira en vérité de profiter d'un pouvoir qu'ils ne voudront pas lâcher, encore moins aux religieux qui resteront toujours l'ennemi de leur passé.

J'ai pris plaisir à découvrir ce roman. Il est beau, élégant, il est bien construit, bien amené. Il impose son temps, lent. Il m'a forcée, en effet, à le lire doucement, sans doute pour mieux le savourer? Ahmet Altan que j'apprécie particulièrement mérite bien son succès. Son roman est à conseiller.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Nous retrouvons les personnages de Comme une blessure de sabre, et en tout premier lieu Hikmet Bey. Qui suivent les soubresauts de l'histoire turque du début du vingtième siècle. le retour de la constitution, la destitution du sultan.

J'ai été moins convaincue par ce deuxième volume, les personnages sont moins intéressants, et les procédés narratifs deviennent répétitifs, voire un peu automatiques.

Ahmet Altan fait le parallèle avec la Turquie actuelle, et même si on peut être d'accord avec son analyse, qui met en évidence les méfaits de la main mise de l'armée et de la religion sur la vie politique, la façon de le dire est quelque peu didactique et peu littéraire.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Tandis que, sous l'effet des premiers rayons de soleil, une légère brume succédant aux pluies de la veille, tel un voile de satin brillant, se glissait en ondulations gracieuses entre les coupoles cuivrées, les croissants dorés et les minarets bleutés encore captifs de l'ombre ensommeillée de la nuit, les appels des muezzins convoquant les fidèles à la première prière de la journée commencèrent à se propager en se répercutant sur les collines de la capitale.
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Telles des plantes bizarres et magiques, les amitiés comme les amours croissent et s'épanouissent rapidement dans des climats extrêmes. En ces temps marqués par de grandes menaces, de multiples dangers et de profondes angoisses, les événements de l'histoire contraignent les hommes à vivre dans une serre imaginaire close sur elle-même, créant une atmosphère propice à la floraison précoce de sentiments qui, à l'image du lierre colonisant un mur, se cramponnent fortement aux autres.
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─ Il est absurde de penser que le peuple puisse être un symbole alors que lui-même a tant besoin d'un... comment dirais-je, d'un idéal. Qu'est-ce que le peuple ? Qui est le peuple ? Que symbolise-t-il ?... Le peuple, c'est tout le monde et personne à la fois... Par contre, vous pouvez affirmer oeuvrer pour son bien ; il y a eu de tout temps des gens qui se sont proclamés défenseurs du peuple, mais qu'avez-vous vraiment fait pour lui ? Est-il plus riche, plus libre ? Ce n'est pas vous qui aidez le peuple, c'est lui qui vous aide à conquérir le pouvoir.
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ne fais jamais confiance aux foules. Quelle que soit l'époque, chacune de leurs apparitions s'est soldée par mort d'homme. Il en toujours été ainsi
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Son âme était comme un petit village dont toutes les ruelles aboutissaient à la même place centrale, occupée par cette femme à la chevelure auburn.
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