à Florence Trocmé
La guerre te bat au front
Pendant que la clarté éclot
Comme une idée surgie à la lisière d’un champ
Pauvre oiseau à deux ailes !
Voici la nudité autonome de ta plainte
« Tous mes chemins se désassemblent :
Qui suis-je ?
Qui suis-je ? Qui es-tu ? »
– Tu es un couple à toi tout seul
Âme et bras disséminés
Moi aussi moi aussi
Sans doute il nous faudra comme oiseaux
Nous laver dans la terre
Pour réapprendre comment les dons se posent au sol
La parenthèse se referme
Aucune maison nous le savons n’est fiable
Mais certains arbres attirent la lumière erratique
J’ai marché derrière toi longtemps
Et nous avons vaincu quelques stries de l’orage
LES CHAMBRES
Site avec personnages (5, 3, ou 4)
Jean Dubuffet
Une cellule pour chacun
Chaque homme pleurait dans sa mandorle
Enfants et hommes se ressemblant
Chacun serti dans son mutisme
Le Christ avec sa gloire
Était parti ailleurs
Le temps allait bientôt se séparer de l’air
Petit bonhomme qui es moi-même
Petit bonhomme qui es mon frère
Ai-je à ce point quitté le bleu des oliviers ?
Te souviens-tu des beaux cheveux du vent ?
Pour moi je dis que je fais corps
Avec cette prison
Avec la cave de la tête
Avec le taudis de l’espace occupé par l’esprit
Mais la lumière qui manque
Nous enjoint de nommer le manque de lumière
Crispé sur l’aire obscure
Petit bonhomme fais attention
Dans ton terrier dans mon terrier
Dans nos terriers d’aveugles
Nos fronts sont cette vitre
Posée sur la métaphysique
Et moi pour m’occuper
A mes pieds sur le sol
Un à un je ramasse
Les morceaux mal éteints du vitrail.