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Olivier Corpet (Éditeur scientifique)Yann Moulier Boutang (Éditeur scientifique)
EAN : 9782234059603
573 pages
Stock (17/01/2007)
3.91/5   23 notes
Résumé :

" II est probable qu'on trouvera choquant que je ne me résigne pas au silence après l'acte que j'ai commis, et aussi le non-lieu qui l'a sanctionné et dont j'ai, suivant l'expression spontanée, bénéficié.Mais si je n'avais pas eu ce bénéfice, j'aurais dû comparaître. Et si j'avais dû comparaître, j'aurais eu à répondre. Ce livre est cette réponse à laquelle autrement j'au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce volume renferme deux récits Autobiographiques : "L'avenir dure longtemps" suivi de "Les faits".
Hélène l'épouse d'Althusser est étranglée par son mari le 16 novembre 1980. Celui-ci bénéficie d'un non-lieu en raison de son état mental au moment du crime. Dès 1982 Louis Althusser commence un texte autobiographique évoquant ce drame. Mais c'est en 1985 qu'il va entreprendre (pour combler le vide de l'absence d'un procès ?) de raconter cette histoire qui deviendra "L'avenir dure longtemps" avec en sous-titre : Brève histoire d'un meurtrier. Sous-titre qu'il va rayer par la suite, mais qui indiquait bien la volonté de Louis Althusser de faire ce récit à la première personne.
"Les Faits" ont été rédigé en 1976 (donc bien avant le meurtre de sa femme). Ils débutent de façon classique, à la Marcel Pagnol, par ces mots : "Je suis né à l'âge de quatre ans dans la maison forestière du Bois de Boulogne, sur les hauteurs d'Alger".
En fermant ce livre deux sentiments m'habitaient. le premier de satisfaction. Que ces deux textes autobiographiques aient été conservés et finalement publiés par l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (IMEC). Mais dans le même temps, faisant abstraction de mon plaisir de lecteur, je ne pouvais me retenir de penser à l'auteur. Bien qu'il ait écrit tout cela, sorte de catharsis, avait-il vraiment l'intention, la volonté, qu'un jour ces textes soient offerts au grand public. Pouvait-il à ce point ne pas voir que son image allait être rudement écornée ? Son plaisir exhibitionniste était-il le plus fort ?
Je savais que Louis Althusser était un peu dérangé du cerveau. N'a-t-il pas étranglé sa femme dans une crise de démence ? Mais lire par le détail (voir les citations sur Babelio) ses turpitudes de pervers narcissique ont répandu un goût amer, hélas, sur l'ensemble de l'ouvrage. Malgré son style très agréable, malgré l'intérêt historique de son analyse politique je n'ai jamais pu me départir d'une certaine défiance. En 1992, date de sortie de ce livre, je ne serais pas étonné d'apprendre que dans sa tombe Louis Althusser ait prononcé ces mots : Les Cons !
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Louis Althusser est surtout connu pour un fait divers sordide : l'assassinat de sa femme dans un moment de démence. Ce qu'il appelle un « suicide altruiste » au début du livre. Ce geste, survenu le 16 novembre 1980, a totalement masqué son oeuvre. Pour tenter de comprendre ce drame, il faut savoir que ce philosophe souffrait de troubles psychiatriques et qu'il fut même interné à maint reprises. Il était sujet à des périodes de profondes dépressions toujours suivies par des moments d'intenses vivacités.

Dans ce texte, qu'il commença à rédiger en 1985, il montre une grande sincérité sur ce que fut sa vie, n'épargnant aucun détail qui ne soit pas franchement à son avantage tout en essayant avant tout d'expliquer son geste. Il y montre sa grande dévotion pour Karl Marx ainsi que Spinoza et Machiavel, que sa réussite dans la carrière de philosophe réside surtout dans son grand talent pour l'art de la dissertation.

Rares sont les autobiographies où l'auteur se met à nu de cette façon. En général, ils préfèrent laisser une bonne image pour la postérité, comme Nabokov par exemple, et c'est pour cette raison qu'il est intéressant de le lire.

« L'avenir dure longtemps » fut publié pour la première fois après sa mort en 1992.
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Louis Althusser, philosophe et communiste, a procédé à une relecture de Marx, qui a marqué les esprits dans les années '60 et '70. Mais surtout il a joué un rôle déterminant vis-à-vis d'une grande partie de l'intelligentsia française, par sa position de préparateur agrégé à l'Ecole Normale Supérieure. Sous son influence, beaucoup d'étudiants brillants se rallièrent - pour le meilleur ou pour le pire - à une vision marxiste de l'histoire et de la politique. Ce qu'on ne savait pas, alors, c'est qu'Althusser souffrait de graves troubles psychiatriques. Le 16 novembre 1980, un drame survint: se trouvant dans un état de confusion extrême, à son domicile, il étrangla son épouse Hélène. Déclaré irresponsable, car dément au moment des faits, il échappa au procès. Il mourut dix plus tard, non sans avoir écrit ce livre autobiographique "L'avenir dure longtemps" (publié à titre posthume). Althusser y livre l'intimité de toute sa vie, sans tentative de se présenter sous le meilleur jour. Sa sincérité étonne. On est très surpris de lire les confessions de cet intellectuel de haut niveau qui, jusqu'ici, n'avait jamais écrit quelque chose de personnel. C'est ce contraste entre la vie intérieure (secrète) et extérieure (publique) qui rend intéressant ce témoignage autobiographique.
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Une autobiographie captivante même si on n'a jamais lu les textes philosophiques d'Althusser.
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critiques presse (1)
Liberation
08 juillet 2013
Cette formidable et fameuse autobiographie est aussi une histoire du marxisme au temps du structuralisme
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes un soir à table chez des amis, avec un couple jusque-là inconnu de nous. Je ne sais ce qui me prend (ou plutôt ne le sais que trop) mais je monte pendant le repas, à grand renfort de déclarations et d'invites provocantes, à l'assaut de la belle et jeune femme inconnue. Tout cela pour aboutir à la proposition péremptoire que nous pouvons et devons faire sur-le-champ l'amour sur la table devant tout le monde. L'assaut avait été conduit de telle sorte que la conclusion s'imposait comme évidente. Dieu merci, la jeune femme se défendit fort bien : elle sut trouver les mots propres à éluder la proposition.
Une autre fois, nous sommes à Saint-Tropez, hébergés chez des amis absents. J'avais invité un ami politique à nous y rendre visite. Il vient, accompagné d'une très belle jeune femme, sur qui je me jetai. Je lui donne à lire un manuscrit de ma plume. La même scène se reproduit, cette fois devant Hélène et l'homme seuls à table. Sur la table évidemment il ne se passa rien, mais j'attire la fille à côté et me mets carrément à lui caresser les seins, le ventre et le sexe. Elle se laisse faire, un peu interloquée, mais préparée par mes discours. Puis je propose d'aller sur la plage. Une petite plage habituellement déserte, cette fois totalement déserte, car il souffle un violent mistral et la mer est démontée. Pendant ce temps mon ami reste à la maison, le nez sur mon manuscrit. Sur la plage, toujours devant Hélène, qui ne savait pas nager, j'invite la jeune femme à se dévêtir, et nous entrons tout nus, tous les deux dans les vagues déchaînées. Hélène crie déjà de peur. Nous nageons un peu au large, et là faisons quasiment l'amour en pleine mer. Je vois Hélène, complètement affolée, courir de peur au loin sur la plage en criant.
[....................................................................................]
Hélène était-elle, en désespoir, partie pour chercher du secours ? Après d'interminables courses de recherche, je finis par la découvrir, sur le bord de mer, mais loin de la plage, méconnaissable, complètement recroquevillée sur elle-même, tremblant d'une crise quasi hystérique et le visage d'une très vieille femme ravagé de larmes. Je tente de la prendre dans mes bras pour la rassurer, lui dire que le cauchemar est fini, que je suis là. Rien à faire : elle ne m'entend ni ne me voit. Finalement, au bout de je ne sais combien de temps, elle ouvre la bouche mais pour me chasser violemment : " Tu es ignoble ! Tu es mort pour moi ! Je ne veux plus te voir ! Je ne peux plus tolérer de vivre avec toi ! Tu es un lâche et un salaud, un salaud, fous le camp !"
[......................................]
Jamais il ne fut question entre nous de cet horrible incident, qu'elle ne m'a sûrement jamais pardonné en son âme.
De surcroît, je ne cessais de vivre la nuit d'atroces cauchemars, qui se prolongeaient très longuement à l'état de veille, et je "vivais" mes rêves à l'état de veille, c'est-à-dire agissais selon les thèmes et la logique de mes rêves, prenant l'illusion de mes rêves pour la réalité, et me trouvais alors incapable de distinguer en état de veille mes hallucinations oniriques de la simple réalité. C'est dans ces conditions que je développais sans cesse à qui venait me visiter des thèmes de persécution suicidaire. Je pensais intensément que des hommes voulaient ma mort et s'apprêtaient à me tuer : un barbu en particulier, que j'avais dû apercevoir quelque part dans le service ; mieux, un tribunal qui siégeait dans la pièce à côté pour me condamner à mort ; mieux, des hommes armés de fusils à lunette qui allaient m'abattre en me visant des fenêtres des demeures d'en face ; enfin les Brigades rouges qui m'avaient condamné à mort et allaient faire irruption dans ma chambre de jour ou de nuit. Je n'ai pas gardé en mémoire tous ces détails hallucinants, ils sont pour moi couverts, sauf par éclairs, par une lourde amnésie, mais je les tiens des nombreux amis qui vinrent me visiter, des médecins qui me soignaient, et de l'exact et concordant recoupement de leurs observations et témoignages que j'ai ensuite recueillis.
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Une fois en Bretagne, pendant un long mois, je me mis à pratiquer systématiquement un sport particulier : celui du vol dans les boutiques, que je pratiquais naturellement sans difficulté, et chaque fois je lui montrais avec fierté le produit varié et grandissant de mes larcins et lui détaillais mes méthodes imprenables. De fait, elles l'étaient. En même temps je courais les filles sur les plages et de temps en temps, les ayant rapidement circonvenues, je les lui amenais pour quêter son admiration et son approbation. C'est l'époque où je me mis en tête de cambrioler une banque sans aucun risque et même de voler (toujours sans aucun risque) un sous-marin atomique. On comprend qu'elle en fut terrifiée, car elle savait que je pouvais aller fort loin dans l'exécution, mais jamais jusqu'où.
Je la faisais vivre ainsi dans l'insécurité et la terreur la plus totale.
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Quand on a le courage de parler à haute voix dans le silence, cela s'entend.
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Un jour je m'aperçus que, faute d'avoir l'audace de la caresser (il y avait aux aguets la petite sœur - et même en son absence je n'eusse sans doute rien osé de tel), je pouvais du moins faire couler entre ses seins des poignées de sable lent. Le sable descendait sur son ventre, rejoignait la courbure de son pubis. Alors Simone se levait, écartait les cuisses et l'entrejambe de son maillot, le sable coulait à terre et je pouvais, l'instant d'un éclair, apercevoir sur le haut de ses splendides cuisses nues le foisonnement de sa toison noire et surtout la fente rose d'un sexe : rose cyclamen.
Ma mère s'avisa très vite de mon innocente mais violente passion. Elle me prit à part et eut l'audace de me déclarer : tu as dix-huit ans, Simone dix-neuf, il est impensable car immoral, vu la différence d'âge, que quoi que ce soit se passe entre vous. Ce n'était pas "convenable" ! Et de toute façon tu es beaucoup trop jeune pour aimer !
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Video de Louis Althusser (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louis Althusser
Angelo Bison interprète un extrait du spectacle "L'avenir dure longtemps" .Angelo Bison est comédien. Il interprète le rôle du philosophe Louis Althusser dans "L'avenir dure longtemps", un spectacle à voir au théâtre des Doms jusqu'au 26 juillet.
Dans la catégorie : FranceVoir plus
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