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EAN : 9791022611329
144 pages
Editions Métailié (03/06/2021)
3.74/5   34 notes
Résumé :
Durant presque trente ans, Mo Anthoine a grimpé les sommets les plus difficiles du monde – des Alpes à l’Everest, de l’Argentine à l’Écosse, en passant par les montagnes des jungles tropicales – mais n’a jamais voulu devenir professionnel : pour lui, boire des pintes avec ses potes était plus important que faire la une des journaux. Avec lui nous découvrons un adolescent parti de chez lui en stop vers la Nouvelle-Zélande avec seulement 35£ en poche, un grimpeur chev... >Voir plus
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Mo Anthoine, alpiniste britannique, homme plein d'humour, ne se prenant pas excessivement au sérieux, sauf quand il s'agissait de sécurité en alpinisme, voit une partie de sa vie retracée par son ami, Al Alvarez.

La traduction française n'est arrivée qu'une trentaine d'années après la publication de ce livre. C'est à la fois dommage, pour ceux qui n'ont pu le lire, et tant mieux pour ceux qui peuvent ainsi découvrir une facette de l'alpinisme dans les années 60 à 80.

L'élément essentiel de ce récit est l'amitié entre Mo et l'auteur, amitié tellement solide qu'ils se comprenaient parfaitement tant lorsqu'ils étaient accrochés dans les parois que lors de leurs adieux par quelques sourires pleins de sens.

D'autres amis se joignent à eux suivant les destinations. le récit que j'ai préféré est celui de l'ascension du OLd Man de Hoy, dans l'archipel des Orcades. Car dans celle-ci, la plupart des participants ont déjà dépassé la cinquantaine -- c'est le cas de l'auteur -- et ils doivent adapter leurs approches du rocher à leur condition physique du moment. C'est aussi quasiment le seul dans lequel Al Alvarez fait partager à ses lecteurs la beauté du paysage dans les intempéries écossaises (toutes les saisons en une journée) avec quelques belles, mais beaucoup trop rares descriptions.

Pour le reste , Al Alvarez s'attache à expliquer les conditions économiques de vie de Mo, avec la construction de sa maison, la fabrication de vêtements et de matériels d'alpinisme. Là, c'est un peu trop détaillé à mon goût et cela m'a quelque peu lassé.

Heureusement, il y a les deux derniers récits, avec notamment l'Everest et c'est un vrai plaisir de voir à l'oeuvre le physique et le mental de ces hommes. Ils ont tous formidablement nourri la bête, c'est-à-dire eux-mêmes, en lui procurant toutes ces belles aventures de montagne
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Mo Anthoine (1939-1989) était un alpiniste britannique chevronné, qui n'a jamais voulu devenir professionnel, et qui, pour cette raison, est toujours resté dans l'ombre de certains de ses compagnons de cordée beaucoup plus médiatisés. Mo Anthoine n'avait cure de la célébrité et des feux de la rampe, pour lui, l'amitié comptait bien davantage : "Chaque fois que j'organise une expédition, je veux y aller avec mes potes. Lorsque les jeunes cracks de la grimpe choisissent leur équipe, ils regardent invariablement le palmarès et l'expertise technique au lieu de s'intéresser aux gens eux-mêmes. du coup, s'ils arrivent au sommet, ils feront la une de Mountain, et puis voilà – terminé. Mais si tu es parti en expédition avec des super gars, tu t'en souviens pendant des années. Même en Grande-Bretagne, je ne grimpe pas avec des gens que je ne connais pas, parce que je n'en tire aucun plaisir". L'amitié, le dépassement de soi, chercher sa dose d'adrénaline sans pour autant se mettre en danger de manière déraisonnable, prendre des risques mais sans jouer les têtes brûlées – un bon grimpeur est un grimpeur vivant : "La vérité, c'est que j'aime les climats qui ne pardonnent rien et où la moindre erreur se paie. C'est ça qui me fait vibrer. [...] Ça fait un bien fou. Je crois que c'est parce qu'il y a toujours un point d'interrogation sur ta performance. Tu te fais une idée de toi-même et ça peut être un sacré choc quand tu ne réponds pas à tes propres attentes. Si tu te contentes de faire ton petit bonhomme de chemin, tu peux penser que tu es un sacré gaillard, jusqu'à ce que les choses aillent de travers et que tu découvres que tu n'es pas du tout ce que tu croyais. Mais si tu te mets délibérément dans des situations difficiles, tu as une assez bonne idée de ta trajectoire. C'est pour ça que j'aime nourrir la bête. C'est une sorte de bilan annuel sur moi-même. La bête, c'est toi, en réalité. C'est l'autre toi, et elle est nourrie par le toi que tu crois être. Et ce sont souvent des gens très différents. Mais quand ils se rapprochent l'un de l'autre, c'est génial [...] il faut continuer de nourrir le monstre, juste pour ta paix intérieure. [...] Mais passer l'arme à gauche sans savoir qui tu es ni de quoi tu es capable, il n'y a rien de plus triste à mes yeux".

Al Alvarez tire ainsi le portrait de son ami, un homme hors du commun qui a tutoyé les sommets mythiques de la planète, de l'Amérique du Sud à l'Himalaya en passant par le Pays de Galles et les Alpes, qui a failli y laisser la vie plusieurs fois, et qui en a sauvé plusieurs autres. Un type extraordinaire mais modeste et simple qui, quand il ne court pas les montagnes, fait prospérer avec sa femme son entreprise de matériel d'alpinisme ou va jouer les doublures de Stallone dans Rambo III.

Entre expéditions épiques et détails de la construction laborieuse de sa propre maison, j'ai découvert une personnalité en acier trempé, dont je n'avais jamais entendu parler. Je ne connais quasi rien à l'escalade, je lui préfère de très loin la randonnée, et j'aime la montagne, sa beauté, sa puissance et son immensité. C'est pourquoi j'étais curieuse de lire ce portrait et de rêver aventure et paysages grandioses.

Je reste un peu sur ma faim, parce que si le livre, qui se lit très vite, est intéressant, j'ai trouvé qu'il était trop anecdotique, factuel et technique, et ne creusait pas assez la psychologie du personnage. le style m'a semblé assez quelconque, ce qui est dommage pour un auteur présenté d'abord comme un poète. Heureusement, quelques traits d'humour anglais donnent un peu de relief à ce "portrait d'un grimpeur".

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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En page de couverture on voit le sublime ; une minuscule silhouette affairée sur la montagne, c'est Mo.
Nourrir la bête, c'est un livre de al Alvarez, c'est un mot de Mo. Qui est Alvarez ? C'est un poète, un professeur d'université, un critique littéraire, un grimpeur, un écrivain et un ami de Mo. Qui est la « Bête » ? C'est, Alvarez, c'est, Mo ; ce sont les grimpeurs et paradoxalement ceux qui ont tout de l'humanité de la bête.
Mo ne monte pas pour la gloire. Il a sauvé Chris Bonington et Doug Scott des professionnels, alpinistes à plein temps. Pourtant ce fait n'a pas été médiatisé, au contraire il a plutôt été ostracisé, pas cool les mecs ! Mo s'en fout et nous aussi puisque al nous l'a rétabli. Plus tard, Mo s'attachera à grimper avec des amis exclusivement. C'est aussi un générateur d'emploi qui a créé pour son village, une entreprise, la Snowdon Mouldings où l'on trouve des cordes, pitons, coinceurs, sangles, mousquetons, chaussures de montagne, puis les tentes, gants, pulls et sacs de couchage et avec Joe Brown en 68, les casques du même nom. Mo est un homme ingénieux qui a construit sa propre maison. En termes de qualité humaine c'est un Saint-Exupéry, un Mermoz ou l'équivalent d'un baroudeur des mers. Dans tous les cas, un type bien. J'ai aimé ce livre et l'écriture de l'auteur qui est inclus dans l'expédition. Il nous transmet son ressenti et son goût de l'aventure. On retrouve là toute la philosophie des personnages, la grandeur d'âme qui s'accorde bien ici avec l'immensité de la montagne, la transcendance et le risque qui nous rappelle à nous-mêmes.
Je remercie Babelio dans le cadre de l'opération masse critique et les éditions Métailié ; bibliothèque Anglo-saxonne.
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Il s'appelait Mo Anthoine et son ami (l'auteur) Al Alvarez. Et comme il a fallu trente ans pour que ce texte soit traduit en français, ces gars-là sont morts depuis belle lurette. Mais, évoquons-les au présent, des hommes comme eux, on n'a pas envie d'en parler au passé. Je recommence donc. Il s'appelle Mo Anthoine et c'est un sportif comme je les aime. Un grimpeur. Pour lui, grimper, ce n'est pas faire de la compèt' en tenue fluo ni être le meilleur pour se trouver à la une des journaux. le paraître, il s'en fiche ! Non, ce qui l'intéresse, c'est se faire plaisir, avec des copains, des vrais, s'entraider, vivre des moments forts ensemble et aller ensuite au pub pour fêter le dépassement de soi que l'on vient d'accomplir. « En escalade, la seule compétition est avec soi-même… avec ses muscles, ses nerfs, sa force d'âme. C'est même en un sens une activité intellectuelle, à ceci près que vous devez penser avec votre corps. Chaque mouvement doit résulter d'une sorte de stratégie physique, en termes d'effort, d'équilibre et de conséquences. Comme une partie d'échecs avec son corps. » J'aime aussi l'idée que « l'escalade est une activité de paresseux : des salves concentrées d'efforts sur la paroi alternent avec de longues pauses sur les relais où l'on peut s'allonger, se détendre, fumer, admirer la vue ou pester contre la pluie. » Bref, ce gars, il me plaît bien !
Originaire d'un village gallois au pied du Snowdown, pas très scolaire, il s'est vite retrouvé sur le marché du travail apprenti gérant dans l'industrie du tapis. Dans le cadre de sa formation, on a eu l'idée géniale de l'envoyer suivre un programme d'activité en plein air. Il y a des hasards comme ça dans la vie.
Il a tout lâché.
Tout.
Pour l'escalade.
Et tous les sommets mythiques y sont passés : des Alpes à l'Everest, des Dolomites au Old Man de Hoy (un stack - morceau de terre qui s'est décroché du continent - de 137 mètres dans l'archipel des Orcades, nord de l'Ecosse, sur l'île de Hoy… franchement, allez voir sur Wiki à quoi ça ressemble…), des parois de glace de l'Ogre ( sommet de 7300 m sur une montagne située en Himalaya au Pakistan) à El Toro dans les Andes péruviennes en passant par le Gasherbrum (ensemble de sommets de plus de 8000 m au Pakistan), il est allé partout. Il fallait « nourrir la bête » : aller au bout de ses envies, ne reculer devant rien, tout risquer, se faire plaisir. Et je vous assure, quand il raconte ses grimpettes, on est heureux d'être tranquillou au fond de son lit. C'est tellement impressionnant ! On vit pleinement ses exploits, on se dit qu'il ne va jamais pouvoir s'en sortir. On tremble de peur, de froid. Les températures sont délirantes, les hauteurs de neige, n'en parlons pas, et ils avancent (on se demande comment) sur des parois de glace, dans le blizzard (et éventuellement avec des côtes cassées et des extrémités gelées.)
Le matériel est essentiel : cordes, casque, sangles, mousquetons, pitons, étriers, coinceurs… A tel point qu'il finira par créer sa propre entreprise de matériel. Des tentes résistantes et qui ne prennent pas l'eau. Même chose pour les vêtements. Réussir une ascension passe par des petites choses sur lesquelles il ne faut rien lâcher. Rester au sec en est une. Il a créé un casque, le Joe Brown, aussi une broche à glace en titane et un piolet à manche en fibre de verre. Et il y tenait à son matériel. Hors de question de laisser un coinceur dans une fissure !
Bon, à défaut de se lancer dans un dévers ou un dièdre au risque de faire une tête d'alouette si la fiabilité de votre lunule s'est révélée trompeuse, lisez ce livre ! Vous vivrez intensément et à moindres risques !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Ma première interrogation est simple : pourquoi a-t-il fallu attendre trente ans pour que ce livre soit traduit en français ? Mo Anthoine (1939-1989) était un alpiniste pour qui grimper comptait bien plus qu'être célèbre. Son ami Al Alvarez a rédigé ce livre en 1988, et nous dit-il dans l'épilogue qui date de 2001, il venait de recevoir les épreuves de son livre quand un cancer du cerveau a été diagnostiqué à Mo, alors à l'aube de ses cinquante ans. Je ne dirai rien de plus sur cette épilogue, simplement parce qu'elle est à l'image du reste du livre : animé par la passion de Mo Anthoine pour la montagne et pour l'amitié.
Nourrir la bête nous entraine avec simplicité à l'ascension des plus grandes montagnes du monde, ou plutôt; à l'exploration des voies qui l'avaient rarement été. le livre ne nous parle ni business, ni paillettes, il nous parle de la passion de grimper. Il ne s'agit même pas d'arriver au sommet, il s'agit de parcourir un chemin avec des amis, des proches, du moins, des personnes avec lesquelles on s'entend bien et avec qui l'on peut tisser des souvenirs. Il est question aussi du matériel, que les grimpeurs fabriquaient eux-mêmes faute de le trouver en boutique, de préparation, d'entraînement, ce qui peut faire la différence quand un incident (ou pire) survient. Il est des pages véritablement surprenante, parce qu'il ne s'agit jamais de louer l'héroïsme de Mo ou des siens, il s'agit de montrer que la solidarité, le dépassement de soi est normal au cas où un sérieux problème surviendrait : c'est pour cette raison qu'il faut être sûr des personnes avec lesquelles une ascension est entreprise. J'ai l'impression d'enfoncer une porte ouverte en écrivant ainsi, et pourtant.... Qui part encore à l'aventure aujourd'hui simplement pour vivre une aventure ?
Mon regret ? J'aurai aimé passer encore plus de temps en compagnie de Mo Anthoine et d'al Alvarez.
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critiques presse (2)
Telerama
05 décembre 2022
Il faut le talent d’écriture d’Al Alvarez pour traduire cette passion hallu­cinatoire et son quotient de souffrances.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
07 juin 2021
Le récit d’un auteur britannique qu montre un remarquable talent pour écrire les vertiges de l’alpinisme – sans romantisme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Quelqu'un a dit du sexe : "Quand c'est bien, c'est merveilleux, et quand ce n'est pas bien, ça reste vraiment pas mal." Le Old Man de Hoy s'annonçait du même acabit : quand c'est difficile, c'est sans espoir, et quand c'est facile, ça reste sacrément dur.
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Tout grimpeur, professionnel ou pas, veut parvenir en haut de la voie où il se trouve, quelle que soit sa taille; c'est l'essence du jeu.
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Sur l'île de Flotta, au bout de Scapa Flow, le terminal pétrolier d'Occidental's North Sea, si bien intégré dans le paysage qu'il est presque invisible de jour, étincelait comme une ville dans la nuit.
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L'Everest a une atmosphère spéciale, une atmosphère qu'on ne retrouve sur aucune montagne, et elle te prend petit à petit.
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Dans le jargon des grimpeurs, une épopée est un quasi-désastre qui finit bien et qui donne un bonne histoire à raconter.
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