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Critique de Dionysos89


« Un jour de plus ! » Voilà comme on se salue à Katharz, ville de débauche et de criminalité en tout genre. Les Poisons de Katharz, c'est le premier roman d'Audrey Alwett qui officie déjà dans la bande dessinée (notamment la série Princesse Sara, particulièrement appréciée dans les CDI de nombreux collèges).

Vivre à Katharz est très étrange, puisque la majorité des habitants a en fait été rejeté des trois principautés environnantes qui, régulièrement, balancent leurs criminels les plus notoires dans cette cité-prison. En fait, Katharz c'est Guantanamo, mais en mieux, puisqu'eux au moins, sont dirigés par une jeune femme très intéressante mais un peu trop colérique à mon goût. En l'occurrence, quand on s'appelle Ténia Harsnik et qu'on représente donc deux façons de souffrir par les deux bouts du système digestif, on devrait avoir la colère discrète, mais évidemment c'est l'inverse qui nous attend. D'ailleurs, à côté de Ténia Harsnik, Émile Louis c'est l'abbé Pierre ! Elle zigouille, elle trucide, elle pend aussi de temps à autre, et surtout elle déjoue plusieurs tentatives d'assassinat par nuit ! Mais bon, elle a des circonstances très atténuantes, elle fait cela car elle a un but difficile à atteindre : il faut maintenir Katharz sous le seuil des 100 000 âmes ! Tout le souci est de savoir pourquoi.
Pourtant, si le roman est titre « Les Poisons de Katharz », c'est aussi et surtout à cause de la flopée de personnages qui gravitent autour de ce nid de serpents sans jamais vraiment faire baisser le niveau global de « fils-de-puterie », D'abord, le sénateur Mâton dit l'Ancien s'échine à faire raser la cité-prison afin de pouvoir écouler son énorme stock d'armes à vendre et dans ce but, il manipule son prince par l'intermédiaire de sa nièce dévergondée et pas très farouche. D'ailleurs, Alastor, le prince de Malicorne, entend bien profiter d'une éventuelle guerre pour marquer l'histoire de son prénom, même s'il est particulièrement connu pour son côté benêt. À l'intérieur même de Katharz, d'autres malotrus veulent renverser le pouvoir et Sinus Maverick compte bien y mettre son gros grain de sel, notamment grâce à un arsenal de sortilèges aussi délirants les uns que les autres. Enfin, je nous ai gardé la terreur du coin pour la fin : Dame Carasse s'est installée à Katharz de son plein gré et cultive tant bien que mal sa magie en gardant bien caché son familier et en consommant des apprentis comme d'autres mangent des Dragibus (par fournée).
Malgré ce contexte et ces personnages, le fond du roman réside dans bien d'autres artifices. Curieusement, le coeur de l'intrigue n'est en fait pas contenu dans tout ce que j'ai déjà pu dévoilé jusque-là, mais réunit finalement toutes ces sous-intrigues dans un combat final épique. L'humour est omniprésent (mais vraiment tout le temps). Bien sûr, il faut accrocher aux dialogues volontairement très terre-à-terre et aux répliques en-dessous de la ceinture, mais même si quantité d'éléments pourront sembler un peu lourds ou déplacés, l'esprit déconneur vient là dédramatiser l'apocalypse à venir. Les allusions à la dynamique drôlatique de Terry Pratchett sont pleinement assumées, à l'image de cette Dame Carasse aux forts accents de la Mémé du Disque-Monde, avec peut-être une petite touche de Tintin (cf. Les Cigares du Pharaon) pour la scène des comploteurs, de la franchise Troy (Christophe Arleston est un proche) et de Kaamelott pour l'esprit général. Enfin, les références antiques et surtout romaines sont « légion », à commencer forcément par Mâton l'Ancien que tout lecteur un brin latiniste adorera crier en plein séance du Sénat de Purpurine « Katharz delenda est ! ». À l'envi, vous trouverez aussi les sept collines de Rome, la rivalité avec Carthage, etc.
Un petit mot pour terminer sur l'enrobage de ce roman : déjà merci quand même à l'éditeur de ne pas en avoir fait des tonnes sur « l'humour pratchettien » dans le quatrième de couverture, c'est bienvenu, tout comme l'intrigue n'est pas du tout dévoilée. le roman d'Audrey Alwett, qui dirige cette nouvelle collection Bad Wolf, a en outre l'avantage de s'être offert une couverture étrange de Jean-Baptiste Andréae, entre autres dessinateur de la série Azimut qui brille par ses graphismes affriolants de personnages hauts en couleurs : l'original de l'illustration de cette « Ténia sous la guillottine » était sur fond rouge et s'accordait peut-être moins avec la charte graphique désirée.

Ce sont ces derniers aspects qui font des Poisons de Katharz un coup de coeur personnel. Cela se lit vite et bien, même si certains éléments sont à améliorer pour un prochain roman, le plaisir de lecture est au rendez-vous.
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