La femme qui l'avait sauvé.
Il hésita à passer son chemin. Après tout, il ne pouvait pas la remercier ; elle le prendrait pour un fou.
D'un autre côté, il ne pouvait pas l'ignorer. Pas après ce qu'elle avait fait pour lui. Il s'approcha donc d'elle, ses pas évitant par habitude tout ce qui pourrait signaler sa présence. Lorsqu'il fut à quelques pas d'elle, il la salua:
-Bonjour.
Elle n'eut pas la réaction attendue. Elle sursauta violemment et tangua, sur le point de tomber dans la rivière. La surprise n'altérant pas ses réflexes, Cobarde tendis la main pour la saisir par le bras et la tirer vers la rive.
Il espérait, d'ailleurs, que la mort de ce dernier serait un signal pour les autres. Celui de rester loin de lui.
Parce que des quinze guerriers-totems encore en vie, Cobarde était physiquement le plus puissant d'entre eux. Il était le seul et unique jaguar, après tout. Gatita, devant lui, était une superbe oncille, sorte de chat sauvage d'une élégance incommensurable. Les autres étaient des lynx, des pumas, des margay ou d'autres félins. Rares étaient des serpents.
Le jaguar aurait dû se transformer, redevenir homme, mais il n'en avait pas la force.
Il devait rentrer chez lui. Il habitait dans la forêt, ce ne serait pas bien compliqué de rejoindre sa demeure. Normalement.
Le pas hésitant, il s'engagea entre les arbres, faisant confiance à son instinct pour retrouver le chemin de la maison .
Je n’ai jamais entendu parler d’un cirque utilisant des jaguars, mais tout est possible. Quoique, si tu appartenais à un cirque, j’essayerai de trouver un moyen de ne pas te rendre. Un animal sauvage n’est pas fait pour vivre comme ça.
Réfléchissant avec sa partie humaine et non animale, il songea qu'il aurait fait de même à sa place. Les français n'avaient pas l'habitude que des grands fauves arpentent leurs forêts.