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Critique de andman


Roman, chronique de mœurs, fable, « Dona Flor et ses deux maris » est une œuvre bien singulière !

En 1968, Jorge Amado à déjà une quinzaine de romans à son actif et réussit le tour de force d’écrire une très longue chronique de mœurs dans un style jubilatoire et truculent.
C’est empreint de la bonne humeur communicative qui se dégage de ces 763 pages et encore sous le charme des nombreux personnages cocasses qui traversent cette fable contemporaine que je m’empresse de vous présenter cette étrange histoire bahianaise débordante de vitalité :

Le jour où elle accepte de prendre pour époux l’énergumène Vadinho, Flor la fille cadette de la suspicieuse dona Rozilda, ne se fait déjà plus d’illusions sur les chances de voir son futur mari s’amender avec le temps.
Coureur de jupons, joueur invétéré, bonimenteur le jour, fêtard la nuit, qu’a donc de si irrésistible ce Vadinho pour faire tourner la tête de la sublime Flor ?
C’est que Vadinho a la réputation d’un amant extraordinaire. Jeunes et moins jeunes, riches et pauvres, femmes mariées et prostituées, toutes celles qui le connaissent à Bahia sont sous le charme de ce libertin au grand cœur.

Il n’empêche que Dona Flor endure sept années de rapports conflictuels avec ce mari volage et dépensier qui n’a pas son pareil pour se faire pardonner. Un jour de carnaval, alors qu’il danse la samba déguisé en bahianaise, le beau Vadinho imbibé de cachaça s’écroule au milieu de la rue, raide mort.

Commence pour la jeune veuve une période de sage solitude qu’elle consacre exclusivement à son école culinaire « Saveur et Art ». Les commères et amies du quartier tentent bien de la divertir jouant même les entremetteuses mais rien n’y fait : Flor reste distante et semble se complaire dans le deuil.
Pourtant le feu du désir se réveille intensément la nuit, ce jeune corps n’a que faire de cette période de deuil, de cette abstinence contre nature. Les rêves lascifs et parfois même lubriques exacerbent les sens de la pauvre Flor et la laisse désemparée au petit matin…

Le très respectable docteur Teodoro, le pharmacien de son quartier, qu’elle épouse en secondes noces est à tous points de vue l’opposé de feu Vadinho. C’est un mari rassurant et attentionné mais qui a horreur de l’improvisation, son emploi du temps hebdomadaire est réglé comme du papier à musique, il joue d’ailleurs du basson.
Les rapports d’automate avec son nouvel époux deviennent très vite lassants dans le grand lit de fer et dona Flor se remémore les nuits torrides avec Vadinho.
Heureusement à Bahia, haut lieu de la sorcellerie et de la magie, il suffit parfois de penser très fort à quelqu’un pour qu’il réapparaisse : eh oui, seulement visible par elle, son ancien mari s’est réincarné et n’a rien perdu de sa superbe.
La confusion des sentiments de dona Flor avec deux maris à sa disposition est telle que la chronique de mœurs devient alors d’une drôlerie irrésistible jusqu’à la dernière page.

Jorge Amado aime ses personnages et sait les rendre sympathiques au lecteur ; dona Flor en est l’illustration parfaite et rejoint allègrement Emma Bovary et Anna Karénine au panthéon littéraire des héroïnes inoubliables mais avec un destin bien plus enviable…
Laissez-vous entraîner dans cette samba riche en couleurs, saveurs et sons, concoctée par ce grand nom de la littérature brésilienne, dépaysement et fous rires garantis !
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