Julieta la suivi mais chez elle la danse noire était plus naturelle bien que ce soit avant tout une invitation à la possession charnelle et non l'hommages des Noirs à leurs dieux africains. Les blancs leur avaient déjà tout pris et maintenant ils prenaient aussi leur musique religieuse pour exciter leurs désirs.
Toujours plus vite, telle est la loi des travailleurs dans les fazendas de cacao.
- Si tu veux, tu peux partir. Moi, je reste ici... Je reste ici et je ne donne pas ma terre ! Non, je ne la donnerai pas !
Il sourit et dit :
- Alors, nous allons rester...
Avec ses pieds énormes et noirs elle ressemblait plus à un arbre de cette terre, planté là avec ses racines profondes qu'à la jeune femme qu'elle avait été autre fois.
Quand le cacao brûle, les travailleurs payent le préjudice, il est décompté de leurs salaires et leur dette augmente dans les livres illisibles du magasin.
Pour Ranulfo, travailleur perdu au fin fond des fazendas de cacao, rien de tout cela n'a d'importance, il ne connaît pas de code moral, il ne connaît d'autre loi que celle qui interdit de s'enfuir de la fazenda quand on doit de l'argent au magasin.
Aucun des assistants ne connaissait Horacio aussi bien que lui qui avait été son associé lors des luttes de Sequeiro Grande ; ils s'étaient enrichis ensemble en brûlant la forêt, en plantant du cacao, en commettant des meurtres.
Dans ces magasins, il est vrai qu'on volait beaucoup les travailleurs, tout était vendu à des prix exorbitants.
Les navires qui arrivaient amenaient des gens nouveaux, des hommes et des femmes qui débarquaient en quête de l'or facile qui naît sur l'arbre du cacao.