AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de andman


La région la plus méridionale du Nordeste brésilien mérite un petit détour marin : cap aujourd'hui sur Ilhéus, petite ville située à 114 milles nautiques au sud de Salvador de Bahia.

Au début du siècle dernier de majestueux navires à roues assuraient la liaison entre ces deux ports. le roman « Les terres du bout du monde », écrit par Jorge Amado en 1985, débute alors même que la sirène d'un de ces bateaux annonce le départ.
La traversée n'est pas d'agrément pour la grande majorité des passagers et notamment ceux de la troisième classe qui regardent, sans doute pour la dernière fois, Salvador de Bahia disparaître à l'horizon.
Pour la plupart de ces miséreux, de ces migrants originaires de l'aride Sertão, Ilhéus est synonyme de jours meilleurs. C'est la ville principale d'une région dont tout le monde parle, un nouvel eldorado où la fortune pousse dans les arbres. Un mot est sur toutes les lèvres et suscite les espoirs les plus fous : cacao !

Mais à Ilhéus le rêve de ces déracinés se transforme bien vite en désenchantement. Certes les immenses fazendas recrutent à tour de bras mais la nature du travail a des relents esclavagistes. Des journées interminables de défrichements et de brûlis dans une forêt infestée de moustiques et de serpents provoquent maladies et accidents en tout genre. La complainte de ces malheureux travailleurs au fonds des bois est d'une tristesse infinie.
Quelques dizaines seulement de fazendeiros se partagent des terres à perte de vue avec l'obsession d'en posséder toujours davantage. Ces colonels, comme les appellent respectueusement les travailleurs, vénèrent leurs plantations de cacaoyers qui d'une année sur l'autre gagnent sur la forêt. Tueurs à gages, avocats retors, journalistes sans états d'âme, politiciens corrompus sont à la botte de ces grands propriétaires terriens qui la plupart du temps sont de connivence.
C'est pourtant un différent foncier entre les deux colonels les plus puissants qui va mettre le feu aux poudres et transformer « Les terres du bout du monde » en western brésilien où tous les coups sont permis, où la vie d'un homme ne vaut guère plus qu'un panier de cabosses dorées.

Règlements de comptes et intrigues amoureuses alternent dans ce roman où la verve malicieuse du septuagénaire Jorge Amado fait merveille. Cette oeuvre met en exergue la maturité de l'écrivain. La construction des différents chapitres est particulièrement habile et les péripéties des nombreux personnages au caractère bien trempé nourrissent une intrigue où règne sans partage la loi du plus fort.

Ce roman où couleurs, odeurs et sonorités foisonnent, pourrait dans quelques semaines constituer un excellent dérivatif à la déferlante footballistique en provenance du Brésil.
Une dégustation chocolatée s'accorderait parfaitement à cette lecture sensorielle !
Commenter  J’apprécie          547



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}