Ce n'est pas la poésie que je préfère, mélange de mots sans queue ni tête plein de références plus ou moins symboliques (un glossaire des lieux et personnes cités termine le livre), mais il est indéniable qu'Amadou Lamine Sall est un grand poète contemporain dont la prose contient une musique qu'on entend en lisant à voix haute et quelques ensembles de phrases qui m'ont attrapée par leur beauté et leur force d'attraction.
Les thèmes ? Les femmes dans le désir d'un homme, citoyen du Sénégal et d'Afrique et voyageur du monde, nostalgique et en quête... et sûrement d'autres choses que vous verriez, vous, si ce livre arrive entre vos mains (moi c'est à la faveur d'une soirée Printemps des poètes, offert il y a longtemps, il a fallu les challenges de lecture pour l'ouvrir vraiment).
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Tu le sais tu le vois
je vis dans ce pays si souffrant
capturé par les criquets au pouvoir
mais si beau ce pays si beau
ce pays au fragments d'or et de rouille
où se réveiller fait retomber
dans l'enfance avant midi
le pain y est âpre le sourire facile l'amour sans chèque
l'honneur mourant devant ses propres remparts
ce pays de lève-tard et de couche-tard
le temps y est mort le travail mort
dans les attentats des syndicats
la langue pourtant sonore et toujours ressuscitée
la prière y est l'espérance et Dieu n'est pas pressé
c'est un pays dormant mon pays
ce pays qui prépare pourtant son prochain visage
devant des miroirs et des portes qui savent se taire...
[...]
danse et danse
je te coiffe de toutes les insouciances de mon pays
les réveils sans horloge les petits déjeuners à
quatorze heure
les dîners quand la lune se meurt les rendez-vous oubliés
la promptitude des tutoiements les invites au rire
les invites à la danse sous l'hymne national
les déclarations d'amour du premier jour de regard
les coups de foudre avant la foudre
les demandes en mariage sans église ni mosquée
les troupeaux de bœufs régulant l'autoroute
les colonnes de mouton devisant sur l'asphalte
les chauffeurs de taxi qui vous débaptisent avec des noms d'arbres et de fleurs oubliées et qui vous
offrent le prix de la course
pour votre beau sourire vos yeux irréels
oui je t'habille, de toutes les folies de mon pays
[...]