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Ma première tentative avec ce livre fut un échec.
En lisant les premières pages, j'avais l'impression d'entendre la voix de Jean-Claude Ameisen, qui a compilé ici des chroniques radiophoniques consacrées aux sciences, en particulier à la biologie (sur France Inter). Il faut dire qu'Ameisen raconte admirablement bien. Mais j'aime lire à mon rythme, non à celui d'une diction que j'imagine, et j'ai donc momentanément reposé ce livre. Quelques mois plus tard, l'essai fut plus concluant, et je me suis plongé dans ce livre avec ravissement, comme promis par le sous-titre.

Les premiers chapitres montrent la manière dont les fourmis tirent parti de leurs environnements, par leurs organisations sociales et leurs caractéristiques génétiques. Sens de l'orientation et communication sont particulièrement nécessaires à leur survie.

Il en est de même pour les abeilles, autres insectes sociaux présentés. Karl von Frisch (1886-1982), avant de décoder les fameuses danses des abeilles - découverte qui lui valut le prix Nobel de physiologie en 1973 (avec Konrad Lorenz et Nikolaas Tinbergen) - avait travaillé sur leur perception des couleurs. Ameisen résume certaines de ses expériences à ce sujet ; elles étaient simples mais dénotaient des capacités de von Frisch à ne pas regarder le monde comme le ferait un homme… Ameisen explique comment les équilibres nécessaires au fonctionnement d'une ruche (température, taux de CO2, répartitions des tâches entre les abeilles…) s'établissent en lien avec la biologie de ses membres (transformations corporelles nécessaires à la production de la cire, rôle des phéromones…). Pour affronter les froids hivernaux, les abeilles se comportent un peu comme les manchots empereurs, se disposant en grappe et organisant des rotations d'individus de la froide périphérie vers le centre (voir le merveilleux film « La marche de l'empereur »). C'est là le contraire de l'organisation sociale en place dans nos métropoles. Les pauvres y restent cantonnés en banlieue, tandis que les plus fortunés organisent leur entre soi dans les centres historiques… Nos politiques devraient parfois s'inspirer de la nature, qui démontre son efficacité sur le long terme. Il est vrai qu'ils n'ont souvent en ligne de mire que l'issue du prochain vote et les avantages individuels qu'ils en attendent, non la survie de l'espèce…

L'ouvrage présente des théories expliquant l'intérêt évolutif et les mécanismes des horloges internes présentes chez de nombreuses espèces animales et végétales, en particulier les rythmes circadiens.
L'auteur montre aussi d'étonnantes capacités d'apprentissage chez des animaux : des mésanges qui apprirent à percer l'opercule de bouteilles de lait, et des bourdons à découper des parties basses de la corolle de fleurs pour accéder plus aisément au nectar….

La dernière partie est consacrée à l'histoire de découvertes relatives au système solaire et à notre planète. On y trouve la citation de Newton (1643-1727) qui inspira le titre de l'émission d'Ameisen et de cette série de livres : « (Quant à moi), si j'ai vu un tout petit peu mieux, c'est parce que je me tenais sur les épaules de géants » (à propos de sa découverte de la gravitation universelle, dans une lettre à Robert Hooke). Joannes Kepler (1571-1630), découvreur des trois Lois qui portent son som fait partie de ces géants, bien que dans toutes ses recherches il ait cherché à retrouver la main du Créateur auquel il croyait. S'appuyant sur les observations de l'astronome danois Tycho Brahé (1546-1601), Kepler sut notamment se détacher de l'idée préconçue selon laquelle le système solaire devrait nécessairement posséder des caractéristiques reflétant une perfection divine (Terre en centre su système, orbites circulaires…). Pour compléter cette lecture, sur ce thème, je recommande vivement le remarquable essai intitulé 'Les Somnambules' d'Arthur Koestler. Quelques chapitres du livre d'Ameisen résument bien l'évolution des idées, tandis que le livre de Koestler ajoute une recherche de compréhension du processus de découverte.

En résumé : cet ouvrage d'Ameisen est à la fois accessible sans connaissances scientifiques préalables, et passionnant.
Billets à venir sur les deux autres tomes.
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Qui a entendu Ameisen à la radio sait à quel point sa voix est envoûtante, sans s'en apercevoir on se met à écouter et à comprendre la Science. Cette chose à côté de laquelle beaucoup d'entre-nous sont passés. « Se hisser sur les épaules des géants » dit-il pour voir plus loin, ses émissions devenues cultes ont fait l'objet d'un premier ouvrage. Pour qui n'a pas la chance de pouvoir l'écouter tous les samedis matin sur Inter (ce qui est mon cas), ses livres sont une alternative. Ameisen sait nous conduire vers un vrai savoir sans compliquer la route, il ne démarre jamais brutalement, il tourne autour du sujet, il le ficelle, le rend beau, le pare avant de nous le livrer et de nous charmer.

Prenons l'exemple des fourmis ou plus précisément du chemin que choisissent les fourmis pour aller jusqu'à leur nourriture. Ameisen démarre par … le palais de Cnossos où Pasiphaé la femme de Minos, roi de Crète, donna naissance au Minautore ! Oui, ça commence ainsi, parce que tout est relié, tout fait sens, tout est dans tout. Donc pour emprisonner cet être affamé de jeunes gens, Minos demande à Dédale de construire un Labyrinthe. Un lieu d'où il est difficile de sortir. Nous y sommes : comment trouver le chemin de la sortie ?. Il semble que sur cette terre ceux qui s'en sortent le mieux ce sont… les fourmis. Ameisen nous conduit alors vers ces petits êtres qui « depuis des centaines de millions d'années » cherchent et trouvent le chemin le plus court. Comment font-elles ? Trouvent-elles vraiment le chemin le plus court ? Peut-on se servir de leur méthode pour nos algorithmes compliqués ? Pour répondre à aux questions que se posent les biologistes, mathématiciens, informaticiens etc… des chercheurs ont mis des colonies de fourmis à l'extrémité d'un labyrinthe débouchant sur de la nourriture. Ce labyrinthe permettait 37 677 chemins différents dont 2 plus courts que les autres. En moins d'une heure nos fourmis avaient non seulement trouvé la sortie mais étaient sur la route la plus courte. Moi, ça m'en bouche un coin ! Tous les autres chapitres procurent le même émerveillement devant la nature. Les paragraphes sur les abeilles sont tous simplement magnifiques. Dans cet ouvrage, Ameisen prend le parti des toutes petites choses et c'est d'une phrase de Virgile dans les Géorgiques qu'il tire le titre de son livre « Je t'offrirai, à partir de toutes petites choses, des spectacles admirables ». Impossible de ne pas être séduite par un auteur qui sait mêler avant autant de délicatesse science, poésie, littérature…
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Ce livre fait suite à un premier tome que je vais d'urgence me procurer tant j'ai aimé celui-ci, c'est un complément aux émissions radio du même nom. JC Ameisen nous fait rêver avec la science, son écriture est tout en poésie. On voyage dans un univers incroyable qui est le notre et que l'on connaît si peu. A la découverte de nos cousines, les abeilles et les fourmis, et de nos lointaines parentes, les étoiles. Et puis d un flocon de neige. On rencontre des penseurs , des savants et on se sent bien car on arrive à comprendre des concepts compliqués, on se sent plus "savant" au fil des pages et on se dit que notre Terre est magnifique, que notre Univers est vaste et beau. On devient poète et on est même ému de tant de grandeur, tant de beauté.

J'aime le fait que l'auteur nous prenne par la main et ne cherche pas à compliquer les choses, il ne nous prends pas de haut. Mais, que de beau voyages j'ai fait dans ces pages, j'aime sa façon de nous conter les choses, de nous envoûter avec ses récits, à mi-chemin entre l'ouvrage de vulgarisation scientifique et l'essai littéraire.

De l'émerveillement à toute les pages et l'envie que le livre n'ai jamais de fin. Vivement le troisième tome. MAGNIFIQUE !!!

VERDICT

A lire et à offrir ce livre regroupe la poésie, la science, la nature, la littérature, l'aventure de la vie, aventure dans le temps, découverte de l'univers … Une pure merveille à partager autour de soi
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Tourner son regard vers les êtres les plus petits et assister à des prodiges, voilà ce que propose ce livre passionnant, qui s'interroge sur la vie sociale des fourmis et sur celle des abeilles, minuscules animaux capables des plus grands exploits. On assiste à la danse des abeilles et l'on découvre l'intelligence de cet être de rien, ses capacités formidables, son importance cruciale. L'abeille sait communiquer, elle sait penser en termes abstraits, elle a des émotions. Bref, elle n'est pas très différente de l'homme. Ce qui rend sans doute sa piqûre si douloureuse, c'est qu'elle nous pique d'abord dans notre amour propre, dans notre vieille certitude d'être radicalement différents du reste de la nature. Mais la nature, au fond, n'est que géométrie et nous ne sommes que chiffres. le spectacle que propose ce livre, c'est celui auquel nous assistons tous les jours sans le voir, trop occupés que nous sommes à ne contempler que notre propre nombril.
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Quand on écoute les émissions de Jean-Claude Ameisen, on est captivé par le ton de sa voix et sa capacité à expliquer de façon simple des choses fascinantes issues de travaux savants publiés dans des revues que l'on a ni l'idée ni l'envie de lire. C'est de la belle vulgarisation.
Dans ce recueil il a gardé ce style parlé qui a fait son succès et qui n'évite pas les redondances parfois bien nécessaires à la compréhension de choses nouvelles par le lecteur comme par l'auditeur.
Merci de nous aider à nous sentir un peu plus intelligent.
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La science a souvent l'air triste quand on la voit décrite dans les journaux. Rigide, froide, peuplée de certitudes et de raisons.
Rares sont les personnes dont l'esprit est à la fois capable de s'intéresser à la rigueur du raisonnement et à la beauté des choses. Ca a pourtant été le cas de nombreux découvreurs. Et c'est aussi le cas de J.C. Ameisen.

En nous montrant la portée poétique des découvertes aux abords arides de la science, J.C. Ameisen fait un travail pédagogique, mais permet également d'inspirer l'intuition de ses lecteurs (ou auditeurs). Ce qui peut pour le coup être utile à tout un chacun.

La beauté qui se trouve dans les yeux des scientifiques passionnés nous est ainsi retransmise. Et c'est la meilleure école pour créer des vocations. Alors même si l'ouvrage viendra probablement avant sa fin à bout de votre appétit de savoir sur les abeilles, lisez-le. On ne sait jamais si un amoureux de la poésie et du savoir ne sommeille pas en soi avant d'avoir rencontré ce genre de personnage.
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Les louanges que l'on peut décerner à JC Ameisen sont si abondantes qu'elles en deviennent inquiétantes : sa voix de crooner , son écriture déliée et sensible , l'immensité de sa culture littéraire , la précision perpétuellement actualisée de sa culture scientifique , son désir permanent de partager son savoir ,son profond humanisme , et je dois en oublier ! Je ressors de ses chroniques et de ce livre ,le cerveau bouillonnant d'idées à débattre , de recherches à entreprendre , de lecture à faire . Merci Monsieur …
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S'instruire en rêvant tel est le programme de ce livre étonnant. Jean Claude AMEISEN speaker de France Inter à la voix chaude et envoutante. le même charme se retrouve dans le tome 2 de ses chroniques. Jean Claude AMEISEN se raconte : j'ai entrepris une étrange avanture, il y a 4 ans,... semaine après semaine ... allant à votre rencontre en tissant, un récit toujours inachevdé, toujours recommencé, à partir de mes plongées dans les revues scientifiques, les paroles des penseurs et les chants des poètes,...vous parlant sans vous voir. Tout y est dit...quand Cousteau croise DARWIN.
La fin de la lecture a un goût de revenez y.
S'enrichir de vrais richesses en lisant...elle est pas belle la vie.
Dans cette lecture je me suis un peu perdu avec les abeilles butineuses mais je me suis retrouvé dans le cosmos qui m'est apparu familier.
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