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EAN : 9782073061140
Joëlle Losfeld (04/04/2024)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Première parution en 1945
Édition de Stéfanie Delestré et Hervé Delouche
Collection Arcanes/Joëlle Losfeld, Gallimard
Parution : 11-04-2024

Quand s'ouvre La lucarne, on est à Paris en octobre 1938, et Édouard Gallois, le personnage principal du roman (on aurait du mal à dire « héros »), est au chômage depuis plus d'un an. Empli de mélancolie, « tout angoissé d'humble peine quotidienne, tout serré de malchance », il parcourt réguli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre paru en 1945, le troisième roman de l'auteur est un récit qui n'a rien à envier au style flamboyant et gouailleur de Céline ni à la sécheresse inhumaine des romans durs de Simenon.
Pourtant, jamais le talent d'Amila ne lui a permis, on se demande pourquoi, d'atteindre la félicité de la reconnaissance du grand public.
L'histoire de la Lucarne est celle d'Edouard Gallois un jeune comptable, il a 25 ans, qui se retrouve au chômage. Dans ces années troubles qui suivent la victoire du Front Populaire, la France se regarde, la France se déchire, la France attend (ou pas) la guerre imminente.
Le récit donne des références précises, on y parle des accords de Munich et des controverses qu'ils suscitent, « La paix, c'est les accords de Munich !...La paix, c'est le contraire des accords de Munich ! », on y parle des polémiques autour des engagements pacifistes, « Il y en a mille, des conceptions de la paix. Depuis le fameux abbé De Saint-Pierre qui devait user sa soutane sous Louis XV, il y a bien dû y en avoir des centaines, d'«inventeurs» de paix éternelle.»
Les positions des groupes sociaux sont tranchées, pour ne pas dire retranchées, « On est tous pour casser la gueule aux deux cent familles !...» hurlent les manifestants communistes.
« Dis-solution des lig'fascist'» hurle un groupe de « locataires syndiqués» remontés contre l'appétit vorace des «proprios ».
Edouard ne s'y retrouve pas dans ce manège d'opinions et d'avis. Rejeté par la société, cherchant à comprendre les règles sociales, soucieux de dépasser la compréhension de sa seule situation, il a acquis une certitude, « Il fallait comprendre que l'individu ne rejoignait plus maintenant que l'universel… », mais, « c'était des choses qu'il ne savait pas dire, et qui resteraient des mots (…) L'entente humaine, la paix, la fraternité !...(…) les faiseurs de discours les avaient soigneusement pompés, récurés (…) »
Ses idées généreuses et naïves, ne convainquent pas, son épouse Gisèle et sa belle-famille ne le comprennent pas « (…) il était quand même au-dessus du bas fainéant. Il était peut-être chômeur et se débrouillait mal, mais il avait une vision extraordinaire qui méritait qu'on s'attache à lui, qu'on ne tourne pas seulement au petit mépris comme pour un infirme. »
Les groupes constitués avec lesquels il entre en contact le cataloguent « Souffrir en soi un délire énorme, pour être tout simplement communiste comme le premier râleur venu, ça n'avait pas de commune mesure. »
Edouard découvre qu'on ne peut, chez ces gens-là, imaginer l'universalisme ou la défense d'idées généreuses sans sections, comités, cellules, président, cotisations et trésorier…
Edouard dépérit, en veut au monde entier à sa femme et à sa belle-famille, à sa soeur Suzanne et à son beau-frère Julien. Il déçoit tous ceux qui l'aident à trouver un travail, même sa petite belle-soeur Juliette qui un temps semble partager ses idées...
Portrait réaliste d'un homme aux abois, en butte à l'ironie et à la cruauté de ceux qui savent et entendent garder le pouvoir des idées dans une société où la sincérité et l'intégrité ne sont pas des valeurs mises en avant. Les affres d'Edouard donnent le vertige tant son introspection conduit le lecteur à parfois être tenté d'adopter le point de vue de ses détracteurs.
L'anar Amila pointe son nez dans cette dénonciation des professionnels de l'engagement politique qui rejettent sans pudeur celui qui croit à un idéal dépassant les frontières et les conventions …
A l'évocation du 150ème anniversaire de 1789, on ne peut s'empêcher de penser que la guerre est imminente...



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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il faisait le tour de lui-même, le chômeur Édouard Gallois. Il se disait qu’il avait beaucoup appris, tout seul ; et qu’aucune éducation ne l’avait encadré, et que c’était de la pleine terre, du gel et de la sécheresse, la plante ingrate et laide qui porte quand même des graines.
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Édouard lisait très tard dans la nuit, des bouquins de la bibliothèque municipale. Il s’installait dans la salle à manger ou bien encore dans le lit, près de Gisèle, avec l’oreiller dans le dos. Et Gisèle se réveillait de temps en temps ; elle surgissait de son sommeil avec une hargne furibarde.

— Tu ne dors pas encore ?… J’ai besoin de dormir, moi !… Demain je dois travailler, moi !…

Édouard insistait un peu par dignité masculine, mais il finissait par éteindre et s’endormait d’un sommeil en tunnel, noir et sans rêve.

Il retirait de ces lectures beaucoup moins qu’il croyait. Et souvent, à son réveil, il avait l’esprit vide et paresseux, comme tous ceux qui ont trop cherché à oublier.

Il ne se levait pas avant dix heures, sauf quand il allait se réassortir rue d’Aboukir. Il avait pris l’habitude des demi-sommes du matin. Quand il entendait Gisèle partir, il se disait qu’il en avait encore pour deux heures à somnoler. Et puis il se levait, il allait tirer les rideaux, il se lavait, il prenait son petit déjeuner…
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