Alors, il y a Félix, jeune manoeuvre, un gentil gars qui cherche "chaussure à son pied" qui vit la vie comme elle vient, il lui manque quelque chose, un p'tit brin d'amour.
Et puis il y a Paulette, la jolie petite secrétaire, qui aime bien lire, aller au cinéma, mais aussi à l'opéra comique, mal mariée mais qui se donne à fond quand on l'aime.
Ces deux là vont se croiser puis s'aimer, et vont finir par se construire une petite vie à deux bien comme il faut, mais la vie n'est pas toujours bien faite et pas aussi simple qu'on aimerait qu'elle soit et comme on dit dans la chanson, "les histoires d'amour finissent mal, en général" Félix, le gentil petit ouvrier va devenir brutal, primaire...
Histoire sombre, très sombre, joliment écrite avec l'argot ouvrier de l'époque et qui met l'accent sur l'importance des différences sociales : celui qui a du mal à parler comme il faut et qui finit à en souffrir à un tel point qu'il va s'exprimer avec...des coups!
Une histoire que l'on pourrait très bien imaginer mise en scène dans un film de Marcel carné
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Magnifique roman sur l'importance de la parole et des mots pour se sentir exister.
Ce livre écrit en 1942 résonne encore aujourd'hui...
Un auteur à découvrir !
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Des odeurs dans la cour il y en avait quelques unes, surtout vers midi quand tous les étages mijotaient une tripaille quelconque. Ça venait faire des mélanges, comme un vaste laboratoire, les haricots au cuir, ou le pot-au-feu à la graisse consistante rose et parfumée. Du marengo au premier, de la buée compacte au second, de la choucroute chez la pipelette, une décoction de pain azyme chez les Juifs, tout ça à la sueur de suie pisseuse, avec des relents de garage inflammables et de plâtre humidifié. Les odeurs de Paris.
- Ah ! Duflan...lançait Henri, enthousiaste.
- Vous l'aimez ?
- Ah ! là là ! Un génie magnifique !
- Vous l'avez lu son dernier roman ?
- Possible, je ne sais pas , je ne me rappelle pas beaucoup ce que j'ai pu lire de lui, mais c'est admirable, pérorait Henri, formidable !
Ce salaud de printemps il m'avait réveillé une belle maladie, nom de Dieu. J'étais plus assez, avec moi seul, j'en avais marre de moi, j'en avais fait le tour
J'étais toujours aux heures des vastes affluences à sentir l'humain crasseux dans le métro surcompressé. Voyages en cor de chasse, avec toujours un bras ou une jambe qu'on n'arrive plus à retirer de la foule. C'était toujours épatant la sortie, une décongestion brutale, un vrai symbole de fin de journée. Le restant de soleil, depuis le printemps faisait clignoter un petit coup, à mettre des couleurs sur les femmes et sur les boutiques. On essayait à toute fin utile une grande respiration au hasard des coups de vent. Des fois on tombait juste, un petit mètre cube d'air de campagne qui passait par là. Ça retapait à bloc, ça arrondissait le moral, on était content.
On en convenait tous en chœur. Des tracassés, des malades, des emmerdeurs, il y en avait en effet. Toute une race à part. On crachait dessus nous les gens de la norme. On les jugeait de haut. Pourtant je n'avais pas trop de conviction. Ça m'embêtait bien aussi de rentrer d'un coup dans les embourgeoisés, à juger le monde.