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3,24

sur 204 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
une histoire d'amour au milieu du charnier de la Shoa insoutenable.
le style limpide est d'autant plus inquiétant.
Malgré la qualité du texte, je n'ai pu le suivre tant il fait naître de souffrance.
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JoyeuxDrille écrit dans sa critique : « Un livre qui, d'évidence, ne plaira pas à tout le monde et en laissera d'autres perplexes. » J'appartiens à la catégorie des perplexes. La « zone d'intérêt » raconte la vie d'un camp de concentration, le Kat Zet 1, du triple point de vue narratif de Paul Doll, le commandant du camp, d'Angelus Thomsen, un officier nazi coureur de jupons et de Szmul, un sonderkommando affligé.
Paul Doll est le double fictif de Rudolf Höss, l'officier qui a commandé les camps de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. C'est un homme dépourvu de toute conscience et de toute empathie pour ses victimes. Ses deux principaux soucis sont d'améliorer l'efficacité des massacres et d'obtenir à nouveau les faveurs de son épouse Hannah. Martin Amis le dépeint en bouffon alcoolique désigné par ses collègues nazis sous le joli sobriquet de ''vieux pochetron''. Quand Amis le fait parler, il place des « Ach », des « nicht » et utilise des mots allemands pour désigner l'anatomie féminine des femmes. Par ses tics de langage, le personnage m'a fait penser au Colonel Klink de la série « Papa Schultz »… La satire est si grossière que Martin Amis est à deux doigts de le représenter traversant le camp en tutu rose… Après une journée passée à la rampe à aopérer des sélections sur les convois, Doll rejoint sa femme et ses deux filles dans sa maison bourgeoise située à proximité du camp.
Angelus Thomsen est le neveu de Martin Bormann, un personnage historique, chancelier du Parti nazi et secrétaire de Hitler. Il doit son grade à son oncle mais semble peu concerné par l'idéologie nazie. Pour résumer son activité il déclare : « Je rute, je rute, je rute ». Il tombe éperdument amoureux d'Hannah Doll.
Le personnage de Szmul apporte une dimension tragique à l'oeuvre. Il est responsable des Sonderkommandos, ces prisonniers qui ont participé au processus de la solution finale en aidant par exemple à la sélection ou en récupérant sur les victimes tout ce qui pouvait avoir une quelconque valeur. Il a vendu son âme pour survivre quelques jours, quelques semaines de plus. Szmul est la conscience du roman. Il voit l'horreur. Il sait.

La «zone d'intérêt» désigne la région d'Auschwitz. Cette formule utilisée par les nazis a une connotation économique . le roman évoque en effet la construction au sein du complexe concentrationnaire de la Buna-Werke, une fabrique de caoutchouc financée par l'entreprise IG Farben. Martin Amis fait débattre les officiers SS et les ingénieurs de la firme : est-il nécessaire d'affamer et d'épuiser la main-d'oeuvre fournie par les déportations ? Il interroge le rôle et la culpabilité de ces « perpétrateurs de bureau » et de ces « meurtriers bureaucrates ». La zone est délimitée par cette odeur pestilentielle de cadavres enterrés à la va vite avec laquelle il faut apprendre à vivre. Certains s'y habituent, c'est la « banalité du mal », d'autres non. Comment rester humain au milieu de l'horreur ? Comment vivre après avoir côtoyé le mal ? Comme le déclare Hannah à la fin du roman : « ce serait dégoûtant que quelque chose de bien sorte de cet endroit ». La culpabilité peut mener à la folie ; le roman peut se lire sous la lumière du Macbeth de Shakespeare, qui est cité en préambule.

Martin Amis se justifie dans sa postface. Il s'est longuement documenté. Et c'est vrai que la fiction colle aux faits historiques du camp d'Auschwitz. Traiter ces événements de manière décalée peut se révéler précieux pour apporter une nouvelle lecture de la Shoah. Après, nous sommes en droit de nous demander s'il était vraiment utile de faire d' un dignitaire nazi un obsédé sexuel, de dépeindre le commandant d'un camp d'extermination en clown grotesque atteint de troubles psychiques, et de parsemer le récit de mauvaises blagues. Etait il nécessaire de donner tant de place au coup de foudre de Thomsen? Cette satire excessive plombe une oeuvre qui partait sur de bonnes problématiques et un traitement original.
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Dérangeant, mais comment ne pas l'être pour traiter d'un tel sujet... Dans un camp de concentration, la mise en oeuvre de la solution finale, les relations (in)humaines, les différentes postures (héros, sadique, obstructeur, profiteur, ...)
Intéressant pour le fond, rude parfois.
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En guise d'introduction, il n'est pas inutile de rappeler que la parution de ce vingtième roman de l'un des romanciers Anglais les plus adulés dans son pays a failli ne pas se faire, Gallimard – son éditeur traditionnel – ayant refusé l'ouvrage. C'est finalement Calmann-Lévy qui a accepté de proposer cette version française. Un choix judicieux à mon sens, même si cette une satire située dans un camp de concentration n'est pas d'un abord très facile. le choix de parsemer le texte de nombreux mots allemands ne facilite pas la lecture, pas plus que la construction qui donne tour à tour la parole aux principaux protagonistes. Je vois d'abord l'intérêt de la zone d'intérêt, au-delà de la polémique sur son bien-fondé et ses qualités littéraires, dans la psychologie des personnages, leurs réflexions et leur quotidien. Car il ne s'agit plus ici de témoigner de l'horreur, mais de vivre la chose du point de vue des exécuteurs de ces basses oeuvres.
Loin des Bienveillantes, on passe ici de l'incongru à la cruauté la plus extrême, de la froideur administrative à une romance très fleur bleue. le choc que provoque cette confrontation donne mieux que des dizaines d'études et d'analyses historiques, l'image de la terrifiante réalité.
Prenons, pour ouvrir ce bal funeste, l'échange de correspondance entre le commandant du camp, Paul Doll, et la filiale d'IG Farben, chargé de la mise au point et de la fourniture du gaz pour les chambres de la mort. Dans son jargon administratif, la lettre qui suit prouve combien les juifs n'étaient plus considérés comme des humains, mais comme de la marchandise : « Très estimé commandant,
Le transport de 150 éléments féminins nous est parvenu en bonne condition. Cependant, nous n'avons pas réussi à obtenir des résultats concluants dans la mesure où ils ont succombé aux expériences. Nous vous demandons donc de nous renvoyer la même quantité au même tarif. »
Si le commandant hésite à répondre positivement à cette demande, ce n'est pas pour des raisons d'état d'âme, mais parce qu'il est pris entre le marteau et l'enclume : «D'un côté le Quartier Général de l'Administration Économique ne cesse de me harceler pour que je m'évertue à grossir les rangs de la main d'oeuvre (destinée aux usines de munitions) ; de l'autre, le Département Central de la la Sécurité du Reich réclame l'élimination d'un nombre maximal d'évacués, pour d'évidentes raisons d'autodéfense (les Israélites constituant une 5e colonne de proportions intolérables). »
Szmul, le chef du Sonderkommando et ses hommes – les sonders – vont encore un peu plus loin dans l'abjection. Pour eux, il faut que « les choses se passent le mieux possible et vite, parce qu'ils ont hâte de fouiller dans les vêtements abandonnés et de renifler tout ce qu'il pourrait y avoir à boire ou à fumer. Voire à manger.» Puis « Ils accomplissent leurs tâches immondes avec l'indifférence la plus abrutie. » en arrachant les alliances et les boucles d'oreille ainsi que les dents en or, cisaillant les chevelures, broyant les cendres avant de les disperser dans la Vistule.
Alors que les uns dépérissent et meurent, les autres s'empiffrent, se divertissent et tombent amoureux.
L'officier SS Angelus Thomsen a, par exemple, jeté son dévolu sur Hannah, la femme de Doll, qu'il trouve trop belle pour son chef. A l'ombre des baraquements de la solution finale et dans l'odeur infeste des fours crématoires, il compte fleurette…
Apparemment, il n'y a pour lui aucune contradiction entre sa mission d'extermination et ses sentiments : «…liquider des vieillards et des enfants requiert d'autres forces et vertus : radicalisme, fanatisme, implacabilité, sévérité, dureté, froideur, impitoyabilité, und so weiter. Après tout (comme je me le dis souvent), il faut bien que quelqu'un se charge de la besogne. »
Hannah, qui ne supporte plus guère son mari, prend cette initiative pour une distraction bienvenue, même si elle pense qu'il lui faut tenir son rang et ne pas donner un mauvais exemple à ces deux filles.
La soif de conquête prendra-t-elle le pas sur la morale ? On comprend la dimension symbolique de cette question et on laissera le lecteur se faire son opinion.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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C'est une plongée au coeur de l'horreur nazie que Martin Amis nous livre ici, il ne met pas les pieds dans la boue comme Jonathan Littel dans "les bienveillantes", seulement la banalité de la solution finale par ceux qui la font au quotidien, ce que Hannah Arendt nommait "la banalité du mal" lors du procès d'Adolf Eichmann à Jérusalem en 1963, c'est terrifiant.
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Ce n'est pas à proprement parler un livre sur la Shoah bien que le drame humain qu'elle fut soit au coeur de l'histoire; ce n'est pas non plus un livre sur l'univers concentrationnaire bien que l'action se situe dans un camp de concentration. C'est plutôt un roman sur les bourreaux, les pires et ceux qui le deviennent, et sur leurs victimes écrit dans une forme ne justifiant pas l'Holocauste mais en donnant une impression de normalité dans l'époque, d'où le malaise ressenti par de nombreux lecteurs. C'est donc une image du mal absolu mais sans le considérer vraiment comme tel. Doit-on cautionner ce genre d'oeuvre? Non, assurément. Mais, l'idée de liberté doit laisser à son auteur le droit de l'avoir écrit.
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Etrange ouvrage qui me laisse sceptique, de cet auteur anglais à la réputation de trublion. Sceptique car je ne sais pas trop sur quel pied danser une fois le livre refermé.
La zone d'intérêt retrace le fonctionnement du camp d'Auschwitz, à travers le regard de quelques personnages (le responsable du camp, un SS, un sonderkommando). Les chapitres alternent les points de vue pour montrer des personnages décalés, sauf le sonderkommando, qui est le seul à ne pas être représenté à la limite de la caricature, le seul présenté sobrement.
(Précisons que les sonderkommandos sont les déportés qui avaient pour tâche l'évacuation, le tri des déportés gazés, la récupération des matières premières (dents, cheveux…) et la disparition des corps Ils perdent vite leur âme, et ne sont pas destinés à vivre longtemps, étant des témoins de premier ordre.)
Les autres personnages semblent des pantins. Thomsen le SS baraqué mais coureur de jupon, Doll, la marionnette ivrogne responsable du camp, dotée d'une femme ‘'grande, carrée, plantureuse mais le pied léger''.
Les destins s'entrecroisent, créant une comédie dans un décor à la limite du carton pâte, entrecoupée de scènes crues car réelles, chargées de montrer l'horreur de ce qu'était un camp d'extermination.
Concernant l'Histoire, j'ai du mal avec ces décalages.
Ce livre n'est pas sans me rappeler La Vie est Belle. A contre-courant de la majorité qui encensait ce film, je n'ai jamais pu supporter le côté ‘'comédie''. La majorité des scènes telles qu'elles étaient représentées n'auraient jamais pu avoir lieu, et je trouvais que cela donnait une vision déformée et dédramatisée de ces camps de la mort.
Et c'est en cela que ce livre me heurte : donner d'un fait historique une vision biaisée, en choisissant le prisme du décalage. Un bon point néanmoins pour ce titre : ce décalage, quand il est correctement exploité, renforce ponctuellement l'horreur lorsqu'elle survient presque inopinément au détour d'une scène ou d'un souvenir de Doll.
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Comment rester humain au plus profond de l'inhumanité ? Une histoire d'amour y est-elle possible ?

Mais est-ce encore de la vie dont on parle ici ou seulement de pantomimes, de Pinocchios sans âmes singeant un ersatz d'émotions au milieu d'un camp de concentration.

Martin Amis ne tranche pas dans un vaudeville gore et perturbant.
Lien : http://noid.ch/la-zone-dinte..
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Martin Amis évoque la Shoah à travers le point de vue de trois personnages différents mais qui font partie du système concentrationnaire et d'extermination d'Auschwitz. Malgré l'horreur qui s'y déroule, la vie continue pour chacun d'eux.
Ainsi, nous retrouvons le parcours du commandant du camp, Paul Doll, surnommé le « vieux pochetron » en raison de son penchant pour l'alcool. Un de ses rôles consiste à réceptionner les trains de déportés auxquels il annonce que leur présence au camp n'est qu'une étape avant leur transfert dans une ferme. Il leur promet aussi une douche chaude avant de s'installer dans leur chambre.
On rencontre également Angelus Thomsen, dit Golo, le neveu du commandant. Cet officier ne cache pas son penchant pour les femmes. Il a plusieurs liaisons avec différentes femmes et est amoureux de la femme de Paul Doll, le commandant.
Enfin, Smulz Zacharasz, le chef des Sonderkommando, qui n'est autre qu'un prisonnier juif qui assiste les nazis dans le processus d'extermination : tuer ses semblables pour survivre.
A travers l'histoire de ces personnages, Martin Amis dénonce l'atrocité des camps nazis et la complexité des relations qui y règne.

Si ce livre peut paraître dérangeant au premier abord, ce qu'il faut surtout retenir c'est qu'il n'est que le reflet de la réalité : les nazis ont continué à vivre normalement avec leur famille (femme et enfants) à côté de ces camps d'extermination. Un livre qui peut choquer, mais qui ne fait qu'appuyer là où ça fait mal.
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Une lecture qui s'annonçait si intense, si hors du commun et qui s'effondre aussi sec. Lorsque j'ai lu les avis sur ce roman, je suis tombée de ma chaise. Ce roman se faisait démolir, pourtant le sujet semblait brillant, l'écrivain a une plume très riche et ce livre était couronné d'un prix littéraire. Il n'en fallait pas plus pour m'attirer !

Ayant lu beaucoup de romans sur la seconde Guerre Mondiale, j'ai de plus en plus de mal avec cette période de l‘histoire en littérature, car il me semble que l'on a tout dit. Donc quand j'ai découvert cette quatrième de couverture qui nous présentait une vision détournée de cette période. On inversait les rôles et on allait plaindre des SS ?! Magique et irréelle ! Mais dès les premières pages j'ai bien compris que malheureusement on restera dans une version soft de ce que j'imaginais. J'estime que l'on peut rire de tout si la manière de faire est intelligente, ici il faut reconnaitre que son idée est brillante et son écriture très riche pour amener cela. Mais surement dans un besoin de ne pas froisser trop de monde, l'auteur à pris un parti mitigé en démarrant fort puis en baissant d'intensité son texte.

Dans ce roman on a donc un problème, car il présente son sujet de manière trop et pas assez à la fois. Soyons clair, quitte à nous présenter un texte qui se veut satirique et noir à souhait autant se donner à fond. Que cela soit choquant mais vraiment ! Où alors que le récit prenne une tournure vaudeville engagée, une qui vaut le détour. Malheureusement on reste un peu sur sa faim. On comprend l'intention de l'auteur, mais on en attend beaucoup plus. Je souhaitais du Monty Pithon ! Je souhaitais de la satire à fond !

On ressent la volonté de l'auteur mais pour moi il ne va justement pas assez loin et reste à la limite comme s'il n'osait pas. Comme s'il avait peur de perdre des lecteurs, alors qu'en allant à fond je pense qu'il en aurait gagné justement. Je ressors donc mitigé car j'aurais espéré tellement plus en fin de compte. Quitte à vouloir choquer, choquons, mais dans ce texte je suis restée à la frontière. Une frontière encore trop lisse à mon goût et pour mon envie de lecteur.
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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