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Critique de Foxfire


Le post-apo est un registre que je trouve particulièrement intéressant, par son esthétique, par les thèmes qu'il permet d'aborder, notamment sur la nature humaine, sur la place de l'Homme sur Terre, mais aussi par les sensations qu'il procure. C'est un genre propice à beaucoup d'émotions. Dans "Anna", un peu comme dans "la route", la réflexion n'est pas le coeur du récit et l'auteur ne cherche pas vraiment à soulever de questionnements profonds. Comme le roman de McCarthy, "Anna" est avant tout une lecture sensorielle qui vise le coeur du lecteur. Ammaniti n'a pas manqué sa sa cible, j'ai eu beaucoup d'émotions lors de ma lecture de ce roman malgré ses défauts.

On retrouve dans "Anna" les composantes classiques du post-apo. Les personnages déambulent dans des décors quasi-déserts, des villes fantômes. Un virus a tué la quasi-totalité des êtres humains... du très classique donc. mais l'originalité du roman réside dans le fait que le virus ne tue que les adultes. du coup, les survivants que l'on va suivre sont des enfants. Cela permet au roman de se démarquer de la masse des récits pos-apo qui ont récemment pullulé et qui mettent souvent en scène un groupe de survivants suffisamment représentatif pour être un reflet de la société actuelle. Ce concept est en soi vecteur d'émotion. le lecteur est à la fois ému et effrayé par ces gosses livrés à eux-mêmes. On est touché par ces enfants si vulnérables, si naïfs, qui se raccrochent à des petits riens (une paire de baskets), qui, parfois, ne semblent pas prendre la mesure du drame qui se déroule et qu'ils vivent comme un jeu.
Malgré l'émotion suscitée par le sort de ces petits survivants, le lecteur ressent parfois un malaise face à eux, presque de l'effroi. Ces gosses sont imprévisibles, ils n'ont pas eu le temps d'être façonnés par l'éducation, ils ne sont pas cadrés par une quelconque autorité raisonnable. Ils ont un côté primitif, sauvage qui les rend inquiétants. Dans ces moments de malaise, j'ai pensé au film "les révoltés de l'an 2000" (le titre original, "Quien puede matar a un nino ?", est bien meilleur), très bon film espagnol des années 70 dans lequel des adultes débarquent sur une île dans laquelle il n'y a plus d'adultes. Dans ce film, les enfants sont très inquiétants et sont un peu filmés comme les oiseaux d'Hitchcock.

Ces sentiments ambivalents ressentis à la lecture témoignent de la réussite de l'auteur. Les enfants et leurs réactions sont vraiment crédibles. Trop souvent, dans les oeuvres mettant en scène des enfants on se dit "non, un enfant ne ferait pas ça ou ne dirait pas ça", trop souvent on sent l'adulte qui se met à la place de l'enfant. Ici, ce n'est pas le cas, ça sonne juste. L'adulte qui écrit se fait oublier et on ne voit que des gosses penser, agir et réagir comme des gosses au monde qui les entoure.

Il y a des défauts, des maladresses dans le roman d'Ammaniti, notamment la fin qui n'en est pas vraiment une et qui est très en dessous du reste du roman. Mais on ne lui en tient pas rigueur. "Anna" fait vivre de grandes émotions à son lecteur.
A ne pas lire si on est déprimé, le ton du roman étant très désespéré, après tout l'humanité est condamnée, c'est inéluctable puisque tous les enfants finissent par grandir.
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