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Critique de alexandrebertin


Troisième livre et troisième claque pour ma part. Après je n'ai pas peur et Comme Dieu le veut, ce troisième roman d'Ammaniti que je lis me transporte dans cette Italie berlusconienne qui subit, aujourd'hui encore, les affres d'une culture populaire qui fait du star system et de la télévision l'une des choses les plus importantes pour une grande partie de la population.
Dans Et je t'emmène, Niccolo' Ammaniti aborde une fois de plus l'entrée dans l'adolescence d'un jeune garçon dont le Destin l'a gratifié d'une famille que l'on qualifierait aux Etats-Unis de White Trash : un père alcoolique et colérique qui élève ses deux fils par la terreur, une mère absente et peureuse qui s'en remet à son mari pour tout et n'importe quoi et un frère berger qui préfère s'habiller comme ses idoles américaines du rock'n'roll métal, non pas pour la qualité de leur musique mais parce qu'ils représentent une certaine forme de transgression.
Au milieu de cette famille, Pietro, jeune garçon de 12 ans vit un passage à l'adolescence entre l'amour qu'il porte et reçoit de sa meilleure amie (la richissime Gloria) et la peur et la violence que lui font subir trois petites frappes sans envergure du collège qu'il fréquente.

Dans ce roman, comme dans les deux autres que j'ai lu, Ammaniti joue avec ses personnages comme un Dieu jouerait avec ses sujets. La construction est souvent la même. Nous, lecteurs, suivons à la fois l'histoire des protagonistes qui se déroule devant nos yeux mais sommes également, grâce à des italiques qui truffent le texte, dans la propre tête de tous les personnages. Nous assistons donc à deux histoires parallèles : celle qui nous est contée et celle qui se déroule dans l'imaginaire des protagonistes.

L'originalité de ce roman tient aux digressions que fait l'auteur de temps à autres pour nous expliquer ce qui, dans la vie des personnages, les amène à faire le choix qu'il font au moment où se déroule l'histoire. Contrairement à Comme Dieu le veut dans lequel les personnages remettaient leurs actes entre les mains du divin, ici, les choix des individus inscrivent ces derniers dans des destinées (sociales) auxquelles ils ne semblent pouvoir échapper.

ET si Pietro possède en lui tous les atouts pour échapper à son milieu, ses décisions l'empêcheront in fine d'échapper au destin qui est celui des siens.

La plume d'Ammaniti est une fois de plus acerbe envers les travers de la société italienne actuelle mais toujours emprunte d'une humanité et d'un attachement aux protagonistes qui rendent le style de l'auteur toujours très tendre.
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