Le titre ne ment pas –
Fango, la boue -, nous sommes clairement ancrés au sol, dans la lie et la crasse, dans les revers les plus pervers de l'humanité.
Certaines nouvelles génèrent un profond malaise, on finit de lire presque par envie que le récit s'arrête, ou pour voir jusqu'où l'auteur poussera la cruauté de ses personnages, un peu comme lorsque l'on ralentit pour jeter un oeil sur un accident sur l'autoroute – ce qui en dit long sur notre propre perversité…
Certaines nouvelles sont plus farfelues, flirtent sans ambages avec le fantastique et permettent de souffler un peu, de relâcher un peu les muscles en tension.
On trouve également, comme toujours chez
Niccolo Ammaniti, un humour acerbe, finement instillé.
On retrouve la solitude des citadins modernes, en proie aux troubles psychiatriques, on retrouve l'infecte cruauté, la violence, les réflexions froides et les situations absurdes, rehaussées d'un humour aussi noir que l'âme de certains des protagonistes mis en scène.
Fango n'est pas à mettre entre toutes les mains, il faut accepter de se plonger dans cet ouvrage brut avec la conscience que cela ne sera ni doux, ni confortable, mais fascinant, comme un bloc de boue froide dans lequel s'enfoncent des pieds nus.