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La Grande Histoire des Français so... tome 1 sur 10
EAN : 9782221001431
538 pages
Robert Laffont (01/12/1976)
4.02/5   31 notes
Résumé :
Ce livre retrace la vie des Français en 1939 et 1940, lorsque vient les surprendre une guerre à laquelle ni physiquement ni moralement ils ne sont préparés.
Des Français qui ne s'aiment pas. Qui s'opposent et se querellent, pour ou contre la laïcité, pour ou contre Franco, Hitler, Staline. Qui vivent sur le souvenir de la Marne et de Verdun, qui s'imaginent que la guerre recommence là où elle fut arrêtée le 11 novembre 1918, alors que le 10 mai 1940 marque un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Une plongée passionnante dans l'histoire récente de la France, à travers le cataclysme des premiers mois de la seconde guerre mondiale. Un ouvrage épais en trois parties qui suivent un ordre chronologique (1. Les Français en 1939 ; 2. La drôle de guerre ; 3. La débâcle) et dont la table des matières donne un aperçu détaillé, qui incite à sa lecture. Celle-ci m'a permis de redécouvrir ou d'apprendre une multitude d'informations, que je partage ci-après.

D'abord, les Français en 1939.
Une société de femmes plus que d'hommes, de citadins plus que de ruraux, où l'on fête, le 14 juillet 1939, les vingt ans du grand défilé de la Victoire. Après s'être divisés au moment du Front Populaire, les Français se divisent à nouveau sur la question de la guerre civile espagnole : la gauche incite à rejoindre les "Brigades internationales"; la droite accuse le gouvernement de démunir l'armée française en envoyant des armes aux Républicains espagnols. Edouard Daladier ministre de la Guerre pendant 74 mois entre 1925 et mai 1940, et Président du Conseil en août 1939 au moment de la déclaration de guerre, le Général Gamelin et Paul Reynaud, sont rendus responsables de l'impréparation matérielle et morale de la nation.
Le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 bouscule le monde politique français. le 25 août, Daladier interdit de parution les journaux communistes, dont L'Humanité. le 26 septembre, il prononce la dissolution du Parti Communiste Français et du groupe parlementaire qu'il forme à la Chambre des Députés. le 4 octobre, Maurice Thorez, Secrétaire général du PCF, déserte et fuit à Moscou, avant d'être déchu de la nationalité française le 17 février 1940. Au-delà de ces faits, l'anti-communisme est un peu l'arbre qui cache la forêt : il sert à masquer ce qui va mal dans le pays.

Ensuite, la "drôle de guerre".
L'expression désigne la période comprise entre le 3 septembre 1939, date à laquelle la France déclare la guerre à l'Allemagne, sans que les actes suivent réellement les paroles -la France se limitant à franchir la frontière, sans aller au-delà- et le 10 mai 1940, date à laquelle Hitler lance enfin l'offensive à l'Ouest. Hitler, qui avait concentré ses troupes à l'Est pour anéantir la Pologne, avait interdit d'attaquer la France en parallèle. Une drôle de guerre qui inaugure une drôle de période, où l'on peut passer d'un camp à l'autre. Un "bon" de 1939-40 deviendra ainsi un "méchant" de 1945 : Joseph Darnand, soldat au comportement héroïque le 8 février 1940 à Forbach, terminera en 1945 condamné à mort pour faits de collaboration et exécuté. A l'inverse, un "méchant" de 1939 deviendra un "bon" de 1945 : Maurice Thorez, déjà mentionné ci-dessus, déserteur le 4 octobre 1939, sera promu en novembre 1945 Ministre d'État, chargé de la Fonction publique.

Enfin, la débâcle.
On dirait en langage sportif, une "raclée". Les Allemands surclassent les Français, qui ont une guerre de retard. Outre les chars, plus performants, la nouveauté depuis 14-18, c'est l'aviation. Dès le 26 mai, 340.000 hommes, anglais et français, doivent être évacués par le port de Dunkerque et les plages alentour.
Le 14 juin, les Allemands sont dans Paris, cependant que le gouvernement de Paul Reynaud effectue, non pas sa fuite à Varennes, mais sa fuite à Tours, puis à Bordeaux : les ministères quittent Paris de nuit pour ne pas affoler la population et se ménager une route plus dégagée qu'en journée. Au 16 juin, on estime à près de 800.000 le nombre de soldats français faits prisonniers et envoyés en Allemagne.
Pour la population, c'est l'exode, d'abord les riches avec leurs belles voitures, puis les autres, les détenus, les aliénés, les enfants, qui ont parfois perdu leurs parents dans la cohue, l'inverse aussi, le bétail.
Réduit breton, poursuite de la guerre en Afrique du Nord, union politique de la France et du Royaume-Uni signée en secret par Paul Reynaud le 28 mars, plusieurs options sont imaginées, mais ne peuvent être sérieusement mises en oeuvre.
C'est dans ce contexte qu'intervient l'appel à la figure tutélaire du Maréchal Pétain. Malgré l'héroïsme des cadets de Saumur, des troupes qui défendent le pont de Gien sur la Loire, et de ceux qui font appareiller les navires des ports de l'Atlantique, dont le Jean-Bart de celui de Saint-Nazaire, le triple constat qu'il opère : "impuissance de l'armée française, inconsistance de l'aide anglaise (...), désarroi et douleur d'un peuple lancé sur toutes les routes de l'exode" (page 362) le conduit à demander l'armistice et à former son gouvernement, avec 11 des 17 ministres du gouvernement précédent de Paul Reynaud.
En un mois, la France a été anéantie. Je repense au mot acide du Général de Gaulle dans le tome III de ses mémoires de guerre, au sujet d'Albert Lebrun, le Président de la République de l'époque : "Au fond, comme chef de l'État, deux choses lui avaient manqué : qu'il fût un chef ; qu'il y eût un État".

La grande histoire des Français sous l'occupation, ou l'histoire illustrée par beaucoup de petites histoires. Je lui ai trouvé parfois un style "oral", qui donne l'impression d'écouter une conférence d'Henri Amouroux. Un ouvrage très fouillé et très documenté. Henri Amouroux illustre ses propos de nombreux témoignages et de chiffres. Il ne relate rien qui ne soit démontré par des faits et des exemples, dont les titres de la presse de l'époque, et la précision du nombre de pages ou de lignes consacrées à tel fait ou telle personne. Une oeuvre de référence.
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Henri Amouroux, journaliste, historien et acteur des évènements qu'il décrit ici, a produit en quatre volumes épais La Grande Histoire des Français sous l'Occupation.

Ce premier tome traite des années 1939 à 1941, des prémisces de la drôle de guerre aux débuts timides de la collaboration.

Il fourmille de renseignements et évoque pourtant à peine des évènements majeurs,(l'opération Dynamo, l'épopée du gouvernement Reynaud sur le Massilia, etc), sur lesquels j'aurais aimé qu'il s'attarde avec le même souci du détail.

Il prend alors la forme non pas d'une Grande, mais d'une Petite Histoire de la Vie Quotidienne des Français sous l'Occupation. C'est en effet dans cette vie quotidienne que j'ai souvent eu l'impression d'être plongé au long de ses 800 pages.

Son analyse des voies qui ont mené à Vichy et aux rapports entre Pétain et De Gaulle est cependant claire et intéressante.

A réserver à ceux qui ont déjà une bonne connaissance de cette période. Ils y apprendront certaines choses peu évoquées ailleurs.
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Premier volume d'une longue série, Henri Amouroux dresse un excellent portrait de la France durant la Seconde Guerre mondiale.
Témoignant en faveur de Papon, lors de son procès, le propre passé d'Henri Amouroux sera mis en cause, car il avait été rédacteur d'un journal collaborationniste, sous l'Occupation.
Il gagnera son procès en diffamation, en appel. Mais une certaine zone d'ombre demeurera.
A sa mort, Serge Klarsfeld, après l'avoir combattu, lui rendra hommage, pour son travail d'historien, faisant primer le travail de l'historien, sur les convictions politiques qu'il aurait pu avoir au moment des faits.
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J'étais réticent d'attaquer la lecture de cet ouvrage près de 40 ans après sa rédaction en me disant qu'un certain nombre de nouvelles recherches et de nouvelles approches sur cette période avaient été faites depuis qui devaient rendre caduques des pans entiers de l'ouvrage.

Il n'en est rien ! Ce livre garde une fraîcheur de propos remarquable, à s'interroger si rapporter un événement après 30-40 ans n'est pas la période la plus propice, les témoins étant toujours présents, et les passions et antagonismes s'étant apaisés et permettant de prendre enfin le recul nécessaire.
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Ces deux premiers volumes de la saga d'Henri Amoureux décrivent l'anéantissement inévitable d'un pays que ses élites ont été incapables d'adapter à leur époque.
Elites incompétentes d'oc, mais aussi lâches n'assument pas cette responsabilité collective, la rejetant sur la paresse induite par les congés payés, l'irréligion les moeurs relâchées
Lâcheté, mensonges, l'ignominie arrive...
La tentative maladroite de l'auteur d'amoindrir la responsabilité de Pétain fait flop
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C'est pour annoncer à Paul Reynaud, que les ministres anglais viennent d'accepter le principe d'une union intime franco-britannique qui ferait de chaque Français un citoyen britannique, de chaque Anglais un citoyen français.
Les deux nations mettraient en commun leurs armées, leurs parlements, leurs ressources, leurs territoires.
A la surprise allemande des blindés et des avions, les alliés, à la veille du désastre, répondraient par la naissance d'une nation tentaculaire, installée sur tous les continents et dont Hitler ne pourrait jamais venir à bout puisque ses armées, sous commandement unique, seraient partout dans le monde et qu'une défaite ne pourrait être que locale et provisoire.
L'idée n'est pas de de Gaulle mais de Jean Monnet...
.../...
Ce document, dont la seule chance réside dans l'ampleur du drame, a ssez vite convaincu Churchill et les ministres britanniques malgré (ou à cause de) tout ce qu'il comporte de flou, de naturellement imprécis.
Va-t-il séduire Paul Reynaud ? Et les ministres français ?
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"L'armistice est, à mes yeux, la condition nécessaire à la pérennité de la France."
Pétain a terminé. Reynaud, qui devine aisément quel écho trouveront les paroles du Maréchal auprès de ministres troublés, et dont beaucoup se demandent si leur devoir envers le peuple ne l'emporte pas sur les devoirs envers la patrie, dit alors :
- Ce que vous proposez là est contraire à l'honneur de la France.
Sur quel ton ? "Cassant", affirme-t-il. Personne n'a confirmé ou contredit. Quoi qu'il en soit, pendant un moment, il est tenté de se séparer de Pétain et de Weygand et, avec eux, de certains ministres défaillants. D'un remaniement ministériel -encore un- naîtrait peut-être un ministère enfin unanime. Mais Pétain et Weygand, hors du gouvernement, ne seront-ils pas plus puissants et plus dangereux encore ?
Que Paul Reynaud agite pareilles pensées, c'est évident, mais il ne peut ignorer que sa maîtresse, Mme de Portes, "harcèle chacun en faveur d'un armistice immédiat". Va-t-il se séparer d'elle ? Va-t-il se séparer de son conseiller Villelume, de Baudouin, de Bouthillier, de la plupart de ceux qui, proches de lui, approuvent déjà l'action du Maréchal ? (pages 459-460).
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La signature du pacte germano-soviétique a constitué pour beaucoup un signal d'alarme. L'annonce de l'entrée des troupes allemandes en Pologne déclenche les derniers préparatifs. Les habitants de Saint-Louis (Haut-Rhin) qui écoutent, le 1er septembre, à 10 heures, devant le café Philibert, le discours d'Hitler annonçant que ses armées ont envahi la Pologne, rentrent immédiatement chez eux pour équiper leurs enfants et terminer leurs valises.
Comment faire tenir toute une vie dans trente kilos ? Et dans soixante, ou quatre-vingt-dix ? Il faut se livrer à des choix douloureux. Ne rien oublier tout en étant certain que l'on oubliera mille choses et que le souvenir en reviendra, lancinant, dès que le train de l'évacuation se sera mis en route. Que faire de toutes les photos, des lettres, des souvenirs familiaux, de tous ces liens, invisibles aux indifférents, mais que l'on ne peut couper sans mourir un peu ? (page 160).
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Seul de Gaulle et avec lui, ayant ou non, entendu son appel, répondant à sa logique ou répondant à la fureur qui les saisit, quelques anonymes, aviateurs, marins, fantassins évadés de tant de colonnes résignées, rompent le charme malsain d'une défaite totale, si totale que tout un peuple acceptera bientôt, sans sourire, d'y voir la vengeance du ciel.
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Parmi les très rares Français qui, au début, ont suivi de Gaulle, il y avait quelques civils, mais davantage de militaires. La plupart étaient des gens de droite et d'extrême droite et ils ont transporté dans la maison leurs préjugés, leurs croyances ou leurs haines idéologiques. C'est un fait que, sous leur influence qui était, dans le début du mouvement, prépondérante et sans contrepoids, ils ont constitué, ici, une sorte de copie en réduction du gouvernement Pétain ; mêmes tendances, mêmes outrances, mêmes conceptions autoritaires... Seule différait l'attitude à observer vis-a-vis de l'Allemagne. (dans un document en date du 11 septembre 1942, rédigé à Londres à I'intention de Léon Blum, le socialiste Félix Gouin décrit qui sont les hommes de la France Libre)
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