La conquête de l'inutile n'est pas inutile.
La haute montagne est pour l'homme un milieu difficile. mais dans ses zones les mieux préservées, elle représente la nature à l'état brut.
Que l'on soit homme ou femme, la haute montagne est un monde étranger.
De ses origines à nos jours, l'alpinisme n'a ainsi jamais cessé d'être une activité de découverte des montagnes du monde, et donc d'être une exploration.
Les alpinistes compulsifs cherchent en fait à revivre l'éblouissement de leur première course.
L'alpinisme n'est pas l'inlassable répétition de la même ascension sur la même montagne. Il est la poursuite d'un même plaisir bien particulier, le plaisir de l'ascension sur toutes les montagnes possibles.
L'alpinisme est le plus souvent un acte gratuit -- la fameuse "conquête de l'inutile" tant revendiquée par ses pratiquants.
Que l'on soit en train de grimper en solitaire, en cordée ou dans un groupe, franchir le seuil du monde de l'altitude, c'est quitter le monde des hommes, et donc s'affranchir au sens premier du terme, se rendre libre.
La montagne, parce qu'elle est d'abord une affaire de cordée, nous offre l'expérience de l'altérité.
Depuis la première ascension du mont Blanc jusqu'aux années 1870, par exemple, il était à peu près inconcevable de gravir un sommet sans l'aide d'un guide.