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Me Elisabeth Peellaert (Traducteur)
EAN : 9782258193741
352 pages
Presses de la Cité (15/04/2021)
3.76/5   62 notes
Résumé :
À 9 ans, Jai regarde un peu trop de séries policières et se croit beaucoup plus futé que ses amis Pari et Faiz. Tous les trois vivent avec leurs familles dans une mégalopole indienne noyée dans le smog, entre la décharge et les allées grouillantes du Bhoot Bazar.
Quand un de leurs camarades de classe manque à l’appel et que les autorités ferment les yeux, Jai décide d’employer ses talents de détective, acquis au fil des épisodes de Police Patrol, pour mener l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 62 notes
Bienvenue sur la Purple Line, c'est quoi votre destination ? Il n'y a qu'une seule Ligne, celle du pays du smog et des djinns.


Derrière les contes et les légendes se cachent souvent des réalités plus terre-à-terre.


Ce qui nous est raconté à travers les aventures de 3 apprentis détectives en culottes courtes est comme une parabole de la réalité en Inde, celle de la disparation inexpliquée de centaines d'enfants sans que les pouvoirs en place ne s'en inquiètent, enfants des bidonvilles ou enfants des villages, souvent surnuméraires dans leurs familles en mal de travail, rackettées par les polices locales ou par les chefs de basti, parfois elles-mêmes maltraitantes ou simplement négligentes, rongées par l'alcool, la misère, le chômage, le travail forcené, le manque d'argent pour simplement subsister.


L'école publique offre aux plus jeunes un repas chaud permettant à certains d'échapper pour quelques heures au ventre creux.


Parmi ces écoliers (nous parlons ici de très jeunes pré-adolescents), certains n'ont finalement que des rêves au bout des doigts et ce sont ces doigts-là qui seront brisés tout au long de la Purple Line.


Nous sommes plongés à cent mille lieues sous la terre et dans le smog d'un univers parallèle très éloigné des Bollywood étoiles ou de Slumdog Millionaire.


Les discours très adultes sous-jacents aux propos du roman m'ont paru parfois en décalage avec ceux volontairement enfantins des jeunes héros, du moins tels que sans doute les a voulus, imaginés l'auteur pour coller à son histoire. Et ce pendant une grande partie du récit.


Il se dégage une candeur enfantine dans les aventures de ces 3 mini détectives, candeur vite rattrapée par la noirceur des disparitions inquiétantes d'abord celles de leurs camarades de classes ou de bati puis celles de jeunes femmes et toujours en rapport avec le trajet de la Purple Line ou du quartier qui l'entoure, coincé entre bidonville, dépotoir et résidences de luxe inaccessibles.


L'enquête devient petit à petit plus adulte et l'auteur soulève un à un plusieurs problèmes auxquels sont confrontés ces populations des batis indiens qui bien souvent ont à se battre contre la corruption policière, le manque d'emploi ou la surexploitation par les plus riches, l'inaction du gouvernement, les conflits entre castes hindoues et populations musulmanes dans une atmosphère où les plus courageux d'entre nous ne s'aventureraient pas sans désinfectant et triple masque.


Beaucoup de chaleur et de solidarité à l'intérieur de ces familles quand les circonstances le leur permettent. Les enfants n'y sont pas négligés volontairement, elles n'ont tout simplement pas le temps de s'en occuper brisées par le travail ou le chômage, les vicissitudes d'un quotidien que nous européens ne pouvons imaginer.
C'est leur réalité quotidienne et non celle d'un film.


Derrière tout le récit, on sent l'expérience journalistique de l'auteur, son envie de dénoncer les dysfonctionnements de son pays et dans l'éducation apportée aux jeunes et dans le traitement des cas de disparitions inexpliquées se multipliant en Inde, l'incompétence ou le désintérêt total des autorités que ce soit pour les tout jeunes enfants ou les jeunes adolescentes.


En résumé, des propos socio-politiques très adultes dans un récit de détectives en culottes courtes.
Le grand écart entre les deux est parfois limite et c'est sans doute ce décalage qui m'a détachée à plusieurs moments de l'histoire.


Les parties que j'ai trouvées les plus intéressantes sont celles concernant les récits de vie des victimes juste avant leur disparition par elles-mêmes, les réactions de leurs familles et aussi les quelques légendes qui agrémentent le récit.


Une lecture donc en demi-teinte en ce qui me concerne. Trop enfantin par moments, trop politisé à d'autres.

Ce premier roman a le mérite d'attirer notre attention sur les conditions de vie désastreuses des basti et des bidonvilles en Inde et sur le phénomène grandissant et inquiétant des disparitions d'enfants comme le rapporte l'auteure.

" En Inde, 180 enfants disparaissent tous les jours. J'ai écrit ce roman pour faire mentir l'idée selon laquelle ils sont réductibles à des statistiques. Je l'ai écrit pour nous rappeler que derrière les chiffres, il y a des visages."

— le narrateur de votre roman est un enfant. Pourquoi teniez-vous à raconter cette histoire du point de vue de quelqu'un de si jeune ?

— Je voulais écrire cette histoire ainsi, car les voix des enfants étaient absentes du discours officiel que l'on entendait à propos de ces disparitions.
J'ai entendu parler de quartiers où vingt à trente enfants avaient disparu en deux ou trois ans, et je me demandais ce que ça faisait d'être un enfant et de vivre dans de telles circonstances. Comment interprètent-ils la disparition de leurs amis ? Comment gèrent-ils la peur et l'insécurité ?
Quelles histoires se racontent-ils pour comprendre l'horreur qui les entoure ?
Dans « Djinn Patrol on the Purple Line », je tente de répondre à ces questions grâce à la fiction.
Je voulais placer les enfants au coeur de l'histoire de ces disparitions, car leur récit était la plupart du temps occulté.

Les disparus de la Purple Line est sorti le 15 avril 2021 aux Presses de la Cité que je remercie (via NetGalley)

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Jai a neuf ans. Il vit dans une basti - un bidonville - à la périphérie d'une mégalopole indienne qui n'est jamais nommée, mais dont on finit par comprendre qu'il s'agit de Delhi.

Il habite dans une maison d'une seule pièce avec son père, sa mère, et sa soeur - Runu-Didi - 12 ans, qui elle est au collège et s'entraîne pour les championnats locaux d'athlétisme, le relais, plus précisément.

A la télévision, l'émission préférée de Jai c'est Police Patrol, une sorte de mix entre Perdu de vue et Crime Watch. Jai rêve d'être détective et la disparition de son ami Bahadur va lui donner l'occasion de se lancer. D'autant plus que d'autres enfants de la basti disparaissent à leur tour. Mais Jai n'est encore qu'un apprenti détective, et bien jeune en plus ...

Les disparus de la Purple Line donnent l'occasion à son auteur, Deepa Anappara, de donner la parole à une frange de la population indienne dont l'Inde fait le plus souvent peu de cas : les habitants des bidonvilles.

Ceux qui doivent faire la queue chaque matin pour avoir accès aux toilettes publiques, puis à nouveau la queue pour avoir accès aux douches publiques, et encore la queue pour accéder à la pompe qui leur permettra d'obtenir l'eau nécessaire pour le nettoyage de la maison, ainsi que la lessive et la préparation des repas. Et qui, le reste du temps, quand ils ne sont pas blanchisseurs / repasseurs, ouvriers de chantiers, sont domestiques chez les riches qui habitent de luxueux appartements de plusieurs pièces dans des immeubles neufs. Ces riches qui n'hésitent pas à les retenir le soir, le dimanche, les jours fériés - parce qu'ils donnent une fête - et, au moindre retard, menacent de les licencier.

Les disparus de la Purple Line a ceci d'intéressant qu'il nous permet de découvrir la société indienne à hauteur des yeux d'un enfant. Sans dévoiler la trame de l'intrigue, ce livre nous offre la possibilité d'aborder un des fléaux de l'Inde actuelle - au-delà des policiers corrompus, des politiciens véreux et de leurs amis à qui l'on passe tout, de la fragilité des habitants des bidonvilles - toujours à la merci de quelque pelleteuse qui détruirait leurs minuscules habitations en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire - du fossé qui existe entre les très pauvres et les très - très, très, très riches - comme le dit d'emblée le quatrième de couverture : en Inde 180 enfants disparaissent tous les jours.
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Ce livre est bouleversant, tout simplement.

Savez-vous qu'en Inde 180 enfants disparaissent tous les jours ? 180 CHAQUE JOUR !

L'auteur a choisi d'écrire un roman pour raconter leur histoire. Les personnages sont fictifs, mais ils auraient très bien pu être un ou plusieurs de ces enfants.
Elle nous entraîne dans ce roman à la suite de trois petits : Jay, jeune détective en herbe, Pari, petite fille très intelligente, et Faiz, le débrouillard. Nous les suivons dans leurs recherches de leurs amis disparus et nous les accompagnons dans leurs reflexions. Ces trois petits sont touchants et nous nous attachons à eux.
Nous découvrons leur quotidien dans leur basti (bidonville), la précarité et la saleté, l'eau froide pour se laver, la faim, mais aussi la solidarité. Nous y voyons un endroit grouillant de vie, où tout le monde est au courant de tout en un rien de temps, mais où il existe aussi du racisme et des tensions entre hindous et musulmans. J'ai beaucoup aimé le fait que l'auteure nous donne la vision des enfants, avec leurs reflexions quelquefois candides, leur innocence mais aussi leur perspicacité.

Outre la vie dans un bidonville et l'horreur des disparitions d'enfants, l'auteure nous dépeint également la corruption qui est présente à tous les niveaux, notamment dans la police qui n'est pas prête à lever le petit doigt pour retrouver les enfants des plus pauvres.
Il y a des différences flagrantes dans la façon dont sont traités les riches et les plus démunis.
Les femmes du basti travaillent pour la plupart dans de grandes tours et y font du ménage pour des patronnes au compte en banque bien rempli. Ces dernières éprouvent du dédain et n'ont aucun respect pour leurs employées.

Roman donc très fort, dénonçant de nombreux problèmes sévissant encore actuellement en Inde, tout en ayant des passages un peu plus doux avec cette naïveté des enfants que nous suivons et leurs espoirs.
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Interpellée par la couverture de ce roman, tant promesse d'émotion que de dépaysement, j'ai souhaité lire Les Disparus de la Purple Line, supposant découvrir dans ses pages bien plus qu'un thriller ou un simple roman policier puisqu'il est ainsi classé dans les catégories du catalogue Net Galley. Criant de vérité, ce livre est un témoignage romancé, magnifique et bouleversant des conditions de vie désastreuses réservées aux enfants des bidonvilles en Inde.

« En Inde, 180 enfants disparaissent tous les jours. J'ai écrit ce roman pour faire mentir l'idée selon laquelle ils sont réductibles à des statistiques. Je l'ai écrit pour nous rappeler que derrière les chiffres, il y a des visages. » Deepa Anappara. Une phrase qui en dit long sur l'ambition de ce roman.

Jai a neuf ans et vit avec sa famille dans un basti (bidonville) d'une mégalopole indienne, situé entre le marché du Bhoot Bazar et la Purple Line, ligne de métro locale, en permanence recouvert d'un smog noir qui s'invite jusque dans les salles de classe. Une décharge et un mur de brique surmonté de barbelés les séparent des quartiers riches où l'on entre que pour travailler, dans des conditions proches de l'esclavagisme. Quand un des camarades de classe de Jai disparait, le jeune garçon décide, face à l'inaction et au désintérêt des forces de l'ordre, de mener l'enquête, entrainant avec lui ses amis Pari et Faiz. Les disparitions s'enchaînent alors, jusqu'à toucher Jai de très près…

Dans ce roman policier d'un genre bien particulier, aucune enquête policière ne sera menée sur les disparitions d'enfants car la police dans ce pays n'est pas inexistante, loin de là, mais elle préfère se soucier de retrouver le chat du commandant plutôt que de rechercher les enfants disparus. La population des bidonvilles, considérée par les plus riches comme des parasites, n'a guère le droit à la justice puisque s'ils se font remarquer on les menace de raser leurs habitations au bulldozer… Purement révoltant: un peuple de miséreux, opprimé et victime d'injustices, dont les enfants disparaissent, sans raison. le courage, la désinvolture et la candeur dont font preuve Jai et ses camarades sont bouleversants : utiliser la voix de Jai pour raconter cette histoire, cette enquête que nul autre n'a voulu mener, est habile , judicieux et efficace. Bien évidemment un enfant de neuf ans n'a pas une capacité d'analyse aussi pertinente dans la réalité, mais il suffit d'imaginer que Jai nous raconte à l'âge adulte l'histoire qu'il a vécu enfant… Quelle lecture! L'empathie a pour moi été totale avec ces enfants, j'ai été transportée au coeur de ces familles, dans ce dédale de ruelles sombres, dans la cacophonie de sons et de couleurs du marché de Bhoot Bazar, moi qui je l'avoue n'avais pas plus de connaissance que cela de ce pays. Une communauté où l'on ne se considère pas victime de ses conditions de vie, preuve en est de ces enfants qui manifestent une grande joie de vivre, beaucoup d'aplomb et de vivacité. le récit au demeurant sombre et sordide de Jai n'est d'ailleurs pas dénué d'humour, c'est également ce qui rend ces personnages si attachants.

Le quotidien de ces familles est particulièrement bien décrit, on comprend rapidement que le système nuit à l'éducation des enfants: les mères « occupées à garder les gosses des riches », les pères violents et alcooliques, la facilité avec laquelle les enfants font l'école buissonnière et le fait de devoir travailler très jeune pour compléter les revenus du foyer… L'auteur connait son sujet: journaliste à Bombay et Dehli, Deepa Anappara a consacré plusieurs reportages à l'impact de la pauvreté et des violences religieuses sur l'éducation des enfants. Les conflits hindous, pakistanais et musulmans gâtent les relations jusque dans les cours d'école, et pourtant ces familles aux religions si diverses vont être unies dans le malheur…

Une écriture très cinématographique : au cours de ma lecture, j'ai eu l'impression de voir défiler les images d'un film, et j'aimerais que ce livre soit un jour adapté au cinéma : il le mérite vraiment. Ces enfants le méritent. Ce livre est une réussite que je vous conseille vivement de découvrir. Un immense merci aux Editions Presses de la Cité et à Net Galley pour cette lecture !


Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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Je suis beaucoup plus mitigé sur cette lecture que les avis que j'en lis, en effet le thème est vraiment intéressant et part vraiment d'un fait réel le nombre disparus d'enfants en Inde mais j'attendais vraiment un récit beaucoup plus adulte pour le traitement de ce sujet.

Ici nous suivons surtout de jeunes enfants qui enquêtent sur la disparitions de leurs amis ou connaissances dès le début du récit, l'auteur nous évoque un personnage particulier qui avait sous sa coupe un certains nombres d'enfants qui travaillaient pour lui. Quelque chose de mystérieux plane déjà sur ce personnage et sur ses mystérieuses disparitions.

Nos jeunes détectives en herbe sont fan de l'émission Police Patrol qui traite de ce genre de cas, les enfants ici se calquent sur leurs méthodes à leur petit niveaux, en collant des affiches, en faisant du porte à porte, en se rendant à la police car les disparitions deviennent de plus en plus nombreuses au fil des jours.

J'ai aimé ce que j'ai pu apprendre de l'Inde au travers de ce récit même si certains faits sont déjà plus que connus, comme le nombre d'enfants qui travaillent et qui errent dans les rues, le manque de moyen matériel de certaines profession comme la police ou l'école notamment.

Ce récit se découpe en trois parties et j'ai aimé certaines choses abordé d'aspect plus immatériel également comme le smog ou les djinns qui laissent plané une ambiance particulière au récit.

Je regrette cependant le choix de l'auteur pour le choix des personnages principaux car cela confère à mes yeux au récit un aspect plus candide et naïf.

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critiques presse (1)
LeSoir
10 mai 2021
Devant l’inertie de la police, Jai, un jeune garçon biberonné aux séries télé, enquête sur des disparitions d’enfants dans son bidonville. Un roman de Deepa Anappara.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Didi se moque de moi, elle dit que je me languis de Bahadur.
- Ton copain te manque ?
Je lui dirais bien de la fermer, mais il y a une longue queue devant les toilettes malgré les deux roupies qu'il en coûte pour entrer, et je m'efforce de déplacer mon poids d'une jambe sur l'autre pour ne pas me faire dessus.
L'employé, assis derrière un bureau devant la porte principale où l'on sépare les dames des messieurs, met de siècles pour prendre l'argent et laisser les gens passer. Il est censé travailler de cinq heures du matin à onze heures du soir, mais en réalité il ferme l'établissement quand ça lui chante. Dans ce cas, on est obligés d'aller dans la décharge. C'est gratuit, mais tout le monde peut voir nos fesses : nos copains, les porcs, les chiens et les vaches, aussi vieilles que des nana-nani et qui nous mangeraient les vêtements sur le dos si elles le pouvaient.
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Cette nuit-là, un vent glacial soufflait sur la ville, rayant même la pierre. Les garçons n'avaient pas, à eux tous, les 20 roupies nécessaires pour louer un duvet pendant huit heures, et quand ils avaient demandé au loueur de leur faire crédit, ils s'étaient fait injurier. Ils s'étaient donc assis, transis de froid, sous un réverbère cassé, devant un foyer qui n'avait aucun lit disponible pour la nuit. Leurs bras et leurs jambes leur faisaient mal. Quand la douleur était devenue insupportable, ils avaient appelé Maboul.
"Désolés de te déranger une fois de plus, mais nous allons mourir."
Le réverbère cassé s'était rallumé en crépitant. Les garçons avaient levé la tête et senti sur eux la chaleur sirupeuse de sa lumière jaune.
"Une seconde, leur avait répondu le fantôme Maboul. Je vais voir ce que je peux faire."
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Omvir pensa à la façon dont les autres considéraient le bégaiement de Bahadur : pour eux, c'était une faiblesse, une disgrâce dont ils pouvaient se moquer sans pitié, un stigmate des péchés qu'il avait commis au cours de ses vies antérieures. Lui, Omvir, y voyait au contraire une singularité, une force, un peu comme les deux pouces qu'Hrithik avait à la main droite. (...) Ce que Dieu vous donnait ne pouvait se réduire à une imperfection ; c'était une grâce. Omvir voulait croire que rien n'était dû au hasard. Autrement, à quoi bon ?
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Maintenant que Maboul est un fantôme, il regrette de ne plus avoir 7 ans. C'est sans doute pour ça qu'il veut entendre son ancien nom. Il lui rappelle ses parents, et le garçon qu'il était avant de sauter dans un train.
Le vrai nom de Maboul est un secret. Ses garçons ne le révéleront à personne. Il doit être si beau que, si Maboul était allé à Mumbai plutôt qu'ici, une star de cinéma le lui aurait volé.
Les Maboul sont nombreux dans cette ville. Il ne faut pas en avoir peur. Nos dieux sont trop occupés pour entendre nos prières, mais les fantômes, eux, n'ont rien d'autre à faire qu'attendre et rôder, rôder et attendre, et ils nous écoutent parce qu'ils s'ennuient et que c'est une manière comme une autre de passer le temps.
Bien sûr, rien n'est jamais gratuit. Ces fantômes nous aident à condition de recevoir quelque chose en retour. Pour Maboul, c'est une voix qui l'appelle par son vrai nom, pour d'autres, c'est un verre de gnôle, une guirlande de jasmin ou un kebab de chez Ustad. Il n'y a guère de différence avec ce que les dieux demandent aux gens de faire pour eux, si ce n'est que la plupart des fantômes n'exigent pas que l'on jeûne, qu'on allume des bougies ou qu'on écrive encore et encore leur nom dans un carnet.
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Je regarde notre maison...

...la tête en bas et je compte cinq trous dans notre toit de tôle. Il doit y en avoir plein d'autres mais je ne les vois pas, car dehors le smog noir a effacé les étoiles dans le ciel. Je m'imagine un djinn accroupi là-haut en train de nous épier à travers un trou, son œil tournant comme une clef dans une serrure. Il attend impatiemment que Ma, Papa et Runu-Didi, ma sœur aînée, s'endorment pour dérober mon âme. Les djinns n'existent pas, mais si c'était le cas, ils ne voleraient que les âmes d'enfants, parce que ce sont les plus exquises.
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