Il n'y a pas de hasard dans la vie. Ce livre est arrivé dans la mienne à un moment où ma famille se manifestait comme un boulet que j'essaie d'envoyer au loin, en vain. Entre la lecture de deux romans où la famille revendique son droit de vie et de mort sur ses membres et surtout les enfants et descendants. Il n'y a pas de hasard non plus si je travaille dans un service social, c'est ma place, là où je répare mon enfance.
C'est une mère qui venait en consultation PMI avec ses jumeaux qu'elle avait bien du mal à surveiller qui ramenait ce livre prêté par une assistante sociale. Une jeune femme habillée correctement s'exprimant avec aisance. Nous avons parlé de cet ouvrage qui appartient à la bibliothèque du service et je ne comprenais pas ce que cette femme faisait là. le lendemain en réunion d'équipe, l'infirmière de la PMI soumettait le problème de cette femme et nous expliquait que toute la famille était suivie par les services sociaux, alors que peu de membres avaient des liens de sang. le parfait exemple de transmission de dettes de la famille, ce que je refuse de toutes mes forces, de toute ma vie, pour la mienne.
L'auteure nous explique de façon claire et explicite comment les secrets de familles, les malheurs, les haines, les maladies se transmettent de générations en générations. Rechercher et établir son génosociogramme, prendre conscience du problème peut être libérateur. Remettre le chaos à sa place, c'est à dire dans les cercueils des aïeuls et vivre sa propre vie, voilà un bon programme. La lecture est facile mais les nombreuses notes et références sont plus ardues pour les novices en psychologie. Un cours magistral passionnant.
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Cet ouvrage traite de la psychogénéalogie.
La transmission d'un secret, d'un non-dit, d'une souffrance, et même parfois d'un événement joyeux amène la génération suivante (et parfois mêmes des générations sur plusieurs siècles) à répondre par des phénomènes de loyauté invisible, de névrose de classe, de syndrome d'anniversaire,... et autres répétitions qui peuvent prendre la forme d'événements, s'inscrire dans le corps par une maladie, une psychosomatisation,...
Ce lien encore mal expliqué mais qui va bien au-delà du pur hasard est fascinant et troublant.
Bien plus qu'un livre de développement personnel (quelques connaissances de base en psychologie clinique ne me semblent pas superflues), ce livre m'a amenée à faire des liens et à faire émerger des "coïncidences" dans ma famille, des répétitions, que j'ai bien envie de développer. Être conscient de l'influence de ses aïeux, du poids de leur histoire sur la nôtre permet en effet de dépasser certains déterminismes, voire de se libérer de ce qui peut prendre la forme d'un malêtre qui affleure la conscience sans la percer véritablement, créant une sorte de conflit en nous.
Au travers du génosociogramme en effet (il s'agit d'un arbre généalogique contextualisé par sa propre histoire, celle de sa famille, mais aussi par l'histoire géopolitique qui a parfois aussi un impact sur la nature des événements vécus), il est possible de reconstituer une sorte de puzzle qui prend sens.
Les exemples qui jalonnent ce livre sont vraiment troublants et illustrent les différents concepts. C'est très enrichissant à lire, soit en tant qu'intervenant psycho-social, soit à titre personnel, pour peu qu'on soit disposé à une certaine ouverture émotionnelle et doté d'une capacité introspective. A moins qu'il soit le point de départ d'un véritable travail thérapeutique accompagné. A chacun de voir.
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Une belle découverte littéraire (Merci à ma tante Claude !).
Cet ouvrage traite de la psychogénéalogie avec comme illustration des cas étudiés par l'auteure.
Tout au long de la lecture nous faisons bien sûr le parallèle avec notre histoire familiale. Établir son génosociogramme (arbre généalogique qui regroupe les évènements de vie importants sur plusieurs générations en les replaçant dans notre contexte familial et notre histoire familiale) va être passionnant !
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Pour moi, c'est un livre à lire et surtout à recommander à d'autres personnes qui ont de l'appétance pour les relations humaines.
J'ai découvert ce livre en lisant femmes désirante femme désiré.
Cet essai aborde des sujets trop peu étayer dans nos sociétés:
-L'inconscient
-La dette ou le crédit que nous laissons aux générations qui resteront
-L'importance du choix du prénom, le contexte lequel va naître l'enfant et les répercussions sur sa future.
-Le poids des secrets
-Les traces que les laisse le poids des événements historiques sur les vies des survivants et des autres générations.
Ect...
Il y a des exemples dans ce livre.
Je suis restée un peu sur ma fin néanmoins cela m'a donné envie d'aller un peu plus loin sur le sujet.
Cette lecture m 'a permis de comprendre beaucoup de choses.
Merci à l'autrice d'avoir écrit ce document.
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Notre vie à chacun est un roman. Vous, moi, nous vivons prisonniers d'une invisible toile d'araignée dont nous sommes aussi l'un des maîtres d'oeuvre. Si nous apprenions à notre troisième oreille, à notre troisième oeil, à saisir, à mieux comprendre, à entendre, à voir ces répétitions et ces coincidences, l'existence de chacun deviendrait plus clair, plus sensible à ce que nous sommes, à ce que nous devrions être. Ne pouvons-nous pas échapper à ces fils invisibles, à ces " triangulations ", à ces répétitions ?
Nous sommes finalement, d'une certaine façon, moins libres que nous le croyons. Pourtant, nous pouvons reconquérir notre liberté et sortir de la répétition, en comprenant ce qui se passe, en saisissant ces fils dans leur contexte et dans leur complexité. Nous pouvons enfin vivre ainsi " notre " vie, et non celle de nos parents ou grands-parents, ou d'un frère décédé, par exemple, et que nous " remplaçons ", à notre su ou insu...
Ces liens complexes peuvent être vus, sentis ou pressentis, du moins partiellement, mais généralement on n'en parle pas : ils sont vécus dans l'indicible, l'impensé, le non-dit ou le secret.
De l'inconscient au génosociogramme
(Dans un autre groupe), par exemple, plusieurs "enfants de la DDASS" avaient mal vécu leur condition d'enfant "sans père" (enfants "naturels", ou "abandonnés", ou "illégitimes", ou "bâtards") et de "rejetés par la mère" (c'était leur vécu d'enfants adoptés); et plusieurs autres participants avaient été élevés par une grand-mère ou une tante (bien qu'ayant des parents vivants : petits commerçants, militaires, ou bien "baladins", diplomates ou cadres de l'industrie envoyés à l'étranger), ou mis en pension, qu'elle qu'en soit la raison.
Le vécu était généralement un vécu de rejet par la mère, ou les parents, et une certaine honte - aggravée d'une déchirure lorsque les parents reprenaient leur(s) enfant(s) de chez la grand-mère, la tante, la nourrice. C'était plus terrible lorsqu'un seul enfant de la fratrie était élevé par une autre que sa mère, ce qui est souvent répétitif dans les familles.
Il vaut mieux savoir une vérité, même difficile, honteuse ou tragique, plutôt que de la cacher, parce que ce que l'on cache, les autres le subodorent ou le devinent (car nous ne sommes pas des acteurs professionnels) et ce secret, ce non-dit, devient un traumatisme plus grave à long terme.
Le secret est toujours un problème.
La fidélité aux ancêtres, devenue inconsciente ou invisible (la loyauté invisible) nous gouverne : il est important de la rendre visible, d'en prendre conscience, de comprendre ce qui nous oblige, ce qui nous gouverne et si éventuellement, il ne faudrait pas recadrer cette loyauté, pour redevenir libre de vivre sa vie.
Il y a une "comptabilité familiale implicite". Il ne s'agit pas seulement d'argent. [...] Mais il y a des injustices subies qui font mal. Je le vois assez souvent dans des déclenchements de cancer liés au stress et au ressentiment - parmi d'autres facteurs.
Les gens n'arrivent pas à pardonner l'injustice subie. C'est lié à cette comptabilité si complexe du "grand livre des comptes" de la famille, de "ce qui vous est dû" et de "ce qu'on doit" aux autres pour la balance des comptes, pour "solde de tout compte".
Anne Ancelin Schützenberger : la différence entre psychodrame triadique et psychodrame analytique.