Dans ce très beau recueil de
Jacques Ancet, les heures sont des pages et entre les lignes et les mots, c'est tout l'été qui doucement se répand. Tout un partage d'ombres et de lumières, de sons et de parfums, une abondance d'impressions qui s'offrent à la conscience du lecteur.
Une phrase, un passage, accrochent l'attention, font remonter des souvenirs, des impressions diffuses. La lecture se fait plus lente, l'esprit s'égare, reconstitue en lui par touches successives des sensations passées. Ce recueil nous fait écouter et regarder l'été comme on le ferait de notre enfance, de moments d'insouciance et de rêveries.
Dans "Vingt-quatre heures, l'été", la saison avance lentement au rythme des heures, sur cette horloge imaginaire fait de nuances, de variations.
"On ne cherche plus, on est
là, on écoute le vent,
son bruit de mer dans les feuilles
ou dans l'enfance. le corps
va rentrer dans la douceur
de ce qui trouve un nom.
Entre le jour, son envers
il y a comme une fissure,
aux vitres comme des flammes
qui ne brûlent plus. Les mains
reviennent vers les objets,
les visages vers leur image.
Le souffle de l'éphémère
à sept heures tisse les
ombres, les détisse. Un peu
de cendre se mêle au bleu,
au présent un peu d'oubli.
Le soir ressemble à de l'eau :
on l'attend, on ne le voit pas."
Au gré des pages de ce livre de
Jacques Ancet, on oublie le temps qui nous définit, le temps qui nous échappe. Un autre lentement le supplante qui nous enrichit, nous apporte le présent (le cadeau) de notre passé, de nos souvenirs enfouis.
Il n'est pas de fin à l'été, aux saisons, au temps qui passe. Il n'est pas non plus de fin à l'intarissable bienfait de la poésie.